La crise de la justice :Qui est responsable du malaise ?
La crise de la justice a survécu au passage d'Éric Dupond-Moretti Place Vendôme ! Son malaise perdure et n'est pas nouveau. En témoigne l'aggravation de la dégradation des relations entre avocats et magistrats à propos laquelle je souhaite vous faire part de mes réflexions.
Une justice
pénale en pleine tourmente
La justice pénale est au cœur de la tourmente, comme
en atteste l’actualité quotidienne; mais aussi le scandale révélé par les
déclarations des magistrats entendus dans le cadre de la commission d'enquête
du Sénat à Marseille. La découverte de la corruption de certains magistrats par
les réseaux du narcotrafic a à juste titre ébranlé l'opinion publique.
Est-ce la réponse du berger à la bergère ? Toujours
est-il que la riposte des magistrats ne s'est pas fait attendre, accusant les
avocats de complicité avec le narcotrafic et de recourir à des procédés
déloyaux contraires à leur éthique d’auxiliaires de justice.https://urlz.fr/tVvA
Et admettons ce reproche rencontre plus d'écho tant il est facile d'amalgamer l'avocat avec son client.
Le rôle des
avocats en question
De quoi parle-t-on exactement ? Certains avocats
exploitent les ressources du Code de procédure pénale pour multiplier les
demandes de mise en liberté, soulever des nullités ou exercer des recours qui
encombrent les juridictions au risque de paralyser le système. Certains engagent
même des poursuites personnelles contre des magistrats. Ces stratégies
sont-elles des abus ou au contraire l'expression légitime du droit à la défense
?
Depuis toujours, les avocats ont tout mis en œuvre
pour défendre leurs clients. Cette mission, essentielle dans un système accusatoire comme contradictoire, confère à leurs clients des droits et des recours qu'ils
utilisent au mieux.
Toutefois, si cette démarche peut ternir l'image de la
profession, car il est par exemple choquant pour le grand public de voir un
criminel être mis en liberté pour un vice de forme, elle n’en est pas moins légitime
et nécessaire. Choquant, oui. Anormal, non. En effet la procédure est une
protection des libertés individuelles à laquelle tous doivent avoir droit.
La procédure :
un rempart essentiel
La procédure une pierre angulaire de la Justice;
elle garantit les droits fondamentaux. Sans elle, il n'y a pas de justice. Même
la procédure inquisitoriale, si critiquée, garantissait des droits à la
défense, comme l'illustrent les minutes du procès de Jeanne d'Arc.
À l'inverse, les tribunaux révolutionnaires, ceux des régimes totalitaires ou certains systèmes actuels, comme celui d'Algérie dont
l'écrivain Boualem Sansal est l’otage, ne reconnaissent aucun droit à la
défense.
Ainsi, la procédure est-elle le
dernier rempart contre l'arbitraire et le totalitarisme. Elle
est le critère inversé du totalitarisme.
Un cadre
législatif déséquilibré
Cependant, le cadre juridique actuel est devenu un
labyrinthe complexe, fruit de réformes successives sous l'influence d'une
pression sociétale continue.
Illustration. Lorsque j'ai prêté serment il y a 45
ans, les avocats pénalistes n’étaient pas des spécialistes de la procédure.
Aujourd'hui, c'est l'inverse.
Nous avons un système saturé de portes d'entrée, de
délais, de nullités et de formalismes qui rendent possibles tous les abus révélant
le vice de conception de ces textes qui ont été empilés depuis des années sans
cohérence ni véritable philosophie si ce n’est celle de servir à ces stratégies
délétères. Ce n'est pas aux avocats de répondre de ces failles, mais bien au
législateur qui les a instaurées.
Une déontologie
en perte de vitesse
Il est néanmoins indéniable que la profession traverse
une crise déontologique. La désagrégation des repères éthiques et moraux touche
les avocats comme toutes les strates de la société. Le serment professionnel
est trop souvent vidé de sa substance, et certains membres de la profession
adoptent des comportements inacceptables. Trop nombreux sont ceux qui n’ont
cure de ces principes et pour qui tout est possible ; plus de tabou ; pas
d’interdits… Oui, ayons le courage de le dire : il y a des voyous chez les
avocats.
Face à cette situation, les ordres d'avocats doivent
renforcer leurs exigences, leurs contrôles et leurs poursuites quelles qu’en
soient les difficultés - elles aussi imputables aux mêmes errements - pour
garantir l'intégrité de la profession. La tâche est ardue. Elle semble à
contre-courant. Mais elle est vitale.
La libre
expression en débat
L'affaire Morice fut l’occasion d’un conflit tendu autour de la libre expression des avocats finalement tranché sous la pression de la CEDH, au grand dam des magistrats en faveur de l'avocat . https://urlz.fr/tVvy
Si cette liberté doit bien être protégée, car la
parole de l’avocat ne peut pas être muselée, elle ne doit pas à l’inverse
ouvrir la voie à des actes de déstabilisation personnelle des magistrats qui
sont inacceptables.
A l’inverse certains procès ont ouvert la voie à des
attaques inadmissibles et inquiétantes à l’encontre de la profession d’avocat.
Une crise
systémique
Les récentes décisions dans les affaires impliquant
Nicolas Sarkozy, validant l'utilisation d'écoutes confidentielles entre un
avocat et son client comme preuve, n'ont fait qu'aggraver la crise. Ces
décisions illustrent la confusion grandissante autour des principes
fondamentaux de la justice et la responsabilité accrue de l'État dans cette
crise.
En conclusion, il est urgent de restaurer un équilibre
entre les droits de la défense, le respect de la procédure et la nécessité
d'une justice efficace et transparente. Le malaise est global, systémique en même temps qu'éthique.
Tout cela est très choquant , surtout en matière pénale
RépondreSupprimerIl ne faut oublier la victime , défendre ne doit pas être mentir ou escamoter la Vérité
Si la crise est systémique, il faut changer le système…
RépondreSupprimerLe PR a fermé l’ENA, supprimé le corps diplomatique, le corps préfectoral…
Il aurait dû fermer l’école nationale de la magistrature et engager une réflexion pour un nouveau cursus des métiers de l’ordre juridico-judiciaire. .
Pourquoi ne pas imaginer de commencer sa carrière comme avocat, puis de passer par le siège, le parquet, etc., tout en supprimant le droit de se syndiquer…mais en rendant les juges responsables…
CR
👏👏Bernard
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