Et maintenant, que faire ?
Tout semble
figé, bloqué bien qu’en marche ; semper idem...
Alternance
ou pas, le changement se caractérise par l’absence d’alternative. L’histoire bégaye,
comme si nous étions privés de choix.
Les caractéristiques
du pouvoir en 2022 sont sa moralité supposée et la présomption de sa compétence.
Il nous enseigne ce qui est bien. Il exclue. Il discrédite. Et il interdit
toute pensée contraire, non pas de manière frontale mais dissuasive et efficace.
Il décerne
et distribue les brevets de la capacité d’exercer les responsabilités. Il a ses
écoles, ses codes, ses Nobels. Il décerne les lauriers comme les bonnets d’âne.
Entre soi... soutenu par son élite... Expérience vécue il y a 48 heures au
cours d’une réunion de décideurs : « vous en connaissez des gens
qui ont voté pour l’extrême-droite ? Quand même ! Qu’ils votent blanc
ou nul, mais pas Le PEN ! ». La honte ! Impensable ! Hors-sol ! Carton
rouge...
Alors oui
que faire quand les portes semblent fermées avec des digicodes dont les
non-initiés et les non-adoubés n’ont pas la formule ?
Hannah
Arendt écrivait à propos des masses pré-totalitaires: «Elles ne croient à
rien de visible, à la réalité de leur propre expérience ; elles ne font
confiance ni à leurs yeux, ni à leurs oreilles, mais à leur seule imagination,
qui se laisse séduire par tout ce qui est universel et cohérent en soi».
Déconnexion du réel... Marcel Proust ne disait pas autre chose quand il
écrivait: «Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances».
Ne sommes-nous pas envahis par la prétention à l’universel de nos systèmes de
pensée, de nos croyances collectives, de nos idéologies ?
Ce régime nous
a installé dans la sécurité et le confort. Nous choisissons égoïstement la rassurante
sécurité et la lâcheté du confort plutôt que l’incertitude et le risque, le
silence des consciences atones plutôt que l’exigeante objection de conscience ancrée
dans la vérité.
Nos deux
défauts majeurs sont la perte de tout lien existentiel avec le réel et
l’acceptation du mensonge sous couvert de tolérance, de liberté d’opinions.
Ce pouvoir qui
pèse et nous enserre tel une camisole ne craint que la vérité, la vérité du
concret, du réel.
Illustration.
Démonstration.
Ecoutons
ceux qui ont résisté au totalitarisme communiste. Ils ont résisté et
vaincu des régimes dont nul n’imaginait l’effondrement. Comment ? En
refusant le mensonge en s’arque boutant sur la vérité ! Alexandre
Soljenitsyne nous l’a dit et répété. Je l’ai déjà cité maintes fois. C’est pour
cela qu’il fut exilé par le pouvoir communiste ; il devenait trop
dangereux à l’intérieur du système...
Si elle a
fissuré le totalitarisme communiste pourquoi pareille exigence ne pourrait-elle
pas ébranler notre soft système caractérisé par sa mollesse ?
Rod Dreher qui se réfère aux grands dissidents slaves dans un essai de combat dont je vous recommande la lecture démontre que notre soft totalitarisme ou pré-totalitarisme est de même nature que le communisme.
Exagéré ?Rod Dreher
n’hésite pas à comparer les SJW (Acronyme américain de social justice warrior :
combattant pour la justice sociale) aux idéologues du marxisme. Les SJW et leurs avatars européens sont l’ossature
idéologique de notre système. Ils nourrissent la lutte incessante des minorités
de toutes natures par l’entretien de la division au sein de nos sociétés et du
combat idéologique qui y sévit. Les ennemis sont les riches, les puissants, les
hétérosexuels, les hommes, les blancs, les chrétiens.... Comment ne pas voir
que notre pouvoir univoque qui se constitue en parti unique par exclusion des
extrêmes se nourrit de cette conception exclusive de la justice sociale, même
s’il n’en coche pas toutes les cases, tant il est vrai que le menu SJW est à la
carte...?
L’auteur
nous invite à aller à la source et pour combattre à nous inspirer notamment de
Vaclav Havel.
Permettez-moi au préalable une digression. Jeune lecteur innocent je fus profondément marqué par la lecture du livre de Vladimir Boukowski cette lancinante douleur de la liberté dont je m’aperçois plus de 40 après que je n’avais pas mesuré le sens profond et quasi prophétique.
Sorti des prisons du communisme et découvrant l’occident il avait
le sentiment que nous ne savions pas ce qu’était la liberté, que nous en étions
comme des fossoyeurs. Avec un demi-siècle de recul je comprends... Nous avons
bradé la liberté ; nous y avons renoncé ; nous l’avons troquée contre
notre confort. Nous l’avons trahie... en
la découplant de la vérité.
Vaclav Havel
est très clair. La liberté sans l’exigence de la vérité est une vue de l’esprit,
un produit de l’imagination (cf Hannah Arendt supra).
Lisez ses
« Ecrits politiques » ! Ils sont d’une richesse et d’une
profondeur inouïes !
Car Vaclav
Havel a théorisé la résistance au totalitarisme ; bien plus il l’a vécue. Et
dans Le pouvoir des sans-pouvoirs il
a analysé la « dictature post-totalitaire » c’est-à-dire « la
mort de l’idéologie officielle et la guerre permanente menée par le pouvoir
contre la société et l’individu » nous prévient l’éditeur dans la
présentation de ce texte en forme de méditation métapolitique. Ecoutons-le donc.
Ce texte nous est adressé. C’est la réponse à notre interrogation.
Quelques
idées force qui confortent l’analyse et la thèse de Rod Dreher :
· Récuser les réponses toutes prêts du
système car : « Déléguer
son intelligence et sa conscience aux mains de ses supérieurs fait partie
intégrante de l'idéologie adoptée, c'est le principe d'identification du centre
de pouvoir avec le centre de vérité ».
· « La vie dans le mensonge ne
peut fonctionner comme soutien constitutif du système que si l'on suppose son
universalité, elle doit embrasser et tout infiltrer et ne supporte pas la
coexistence avec la vie dans la vérité ».
· « Dans les sociétés à système
post totalitaires, toute vie politique au sens traditionnel du terme est
anéantie ». N'est-ce pas, toutes proportions gardées bien sûr, ce que
nous sommes en train de vivre, nous qui n’entendons parler que de crise de la
démocratie ?
· Alors que la vie en vérité correspond
à celle de la sphère cachée de la personne, alliée invisible mais omniprésent :
« la vision d'un quelconque modèle politique alternatif ne représente
sûrement pas aujourd'hui ce qui pourrait interpeller de façon vraiment vivante
cette sphère cachée, enflammer les gens et la société, développer un mouvement
politique réel ». La solution n’est donc pas dans l’alternance
républicaine classique...
· « La camisole de la vie dans le
mensonge est faite d'une matière étonnante : aussi longtemps qu'elle recouvre
la société tout entière, elle semble être taillée dans du roc. Mais dès
l'instant ou quelqu'un troue cette camisole à un seul endroit ou un seul
individu s'écrit : « le roi est nu
! », dès l'instant ou un seul joueur viole les règles du jeu et dénonce le
jeu en tant que tel, alors, tout apparaît sous un autre jour et la camisole
entière donne l'impression d'être de papier et de commencer à se déchirer et à
tomber en poussière de manière irréversible. »
Vivre dans
la vérité, donc !
Simple et
difficile. Exigent. Et si c’était la solution ? ...à notre portée. Plutôt
que de s’épuiser en palabres, en découragements ou en actions aussi vaines que
dénuées d’intérêt...
Nous y
reviendrons.
Chercheur de vérité !
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