Alors que nos députés sont invités à d’impossibles compromis politiques voilà que l’actualité leur fournit l’opportunité d’un large consensus ! Drôle de providence que ce revirement de la jurisprudence ROE de la Cour Suprême des EU qui, interprété hors de son contexte juridique, incite nos élus français à vouloir réformer la constitution pour y inscrire un droit à l’avortement qui serait menacé. Et je vous fiche mon billet qu’il ne leur manquera pas beaucoup de voix à l’Assemblée Nationale, l’échec de ce projet ne reposant que sur l’hypothétique sagesse des sénateurs et l'opposition du surprenant François Bayrou.
L’histoire retiendra-t-elle de nous qu’en désaccord sur tout
au point de ne plus pouvoir gouverner nous pouvions être quasiment unanimes
pour graver au frontispice de nos monuments républicains le droit de tuer les
innocents dans le ventre de leur mère?
Ainsi va la vie…
A cette actualité répond en moi comme en écho deux histoires
édifiantes qui mettent en scène des rescapés de notre poursuite de la perfection. Elles mettent du baume au cœur et peuvent nous conduire à jeter un
autre regard sur ces difficiles questions qui déchirent l’humanité...
Il s’agit d’abord du monastère des petites sœurs disciples de l’Agneau[1].
Je ne sais pas si
elles existeront encore dans quelques années. Cette communauté réunit en effet des
jeunes femmes atteintes de trisomie 21 qui présentent la particularité d’avoir
la vocation religieuse. Double exception donc !
Mais quelle leçon…
A proximité de
l’abbaye des moines de Fontgombault
les petites sœurs disciples de l’Agneau poursuivent leur vocation
contemplative, organisée selon une règle adaptée et autour de structures
appropriées au handicap des petites sœurs trisomiques.
C’est en rencontrant
Véronique, jeune fille porteuse de trisomie 21, que Line découvrit sa vocation.
Touchée par la Foi de Véronique et par son désir de suivre Jésus dans une vie
consacrée, Line devient sœur Line et fonde en 1985 la communauté des petites
sœurs disciples de l’Agneau, pour permettre à ces jeunes filles handicapées de
répondre à l’appel du Christ. Unique en son genre, la communauté est érigée en
Institut religieux de vie contemplative par Monseigneur Pierre Plateau en 1999
sur consultation à Rome, et Monseigneur Maillard approuve définitivement les
constitutions de cet Institut en 2011.
Sœur Line rappelle que,
« Blessées dans leur intelligence, nos petites sœurs
trisomiques ne sont pas handicapées dans leur relation à Dieu ! ».
Etonnant, réjouissant.
Magnifique.
Imaginer que des
personnes qui aujourd’hui seraient condamnées à ne pas vivre dans le sein de leur mère mènent une
vie religieuse pleine et féconde est un pied de nez à tous nos canons modernes du
bonheur, du développement et du progrès !
Et que dire de la
réussite des Cafés joyeux, où 70% des employés sont atteints de trisomie 21 ou
de troubles cognitifs[2] ?
Avec ses
cafés-restaurants solidaires dont la majorité des employés sont atteints de
troubles mentaux ou cognitifs, Yann Bucaille-Lanrezac est l’un des deux
lauréats du prix de l’entrepreneur social décerné par le Boston Consulting
Group (BCG) qui vient de lui être décerné.
Oui tout n’est pas
noir....
Réjouissons-nous et
laissons les croquemorts à leurs basses œuvres. Un jour viendra où ils
réaliseront le mal qu’ils font en poursuivant des chimères.
Le soleil brille autour
de nous en particulier dans ces sourires de trisomiques qui ne sont pas des
sous-êtres. Ils sont d’authentiques témoins de la grandeur de l’humanité et de
sa dimension divine.
Encore faut-il les
regarder plutôt que les empêcher de naître! Nous feraient-ils peur? Nous inquiètent-ils? nous gênent-ils par rapport à notre poursuite de la perfection?
Mais quel bonheur de retrouver la simplicité et la fécondité de la joie véritable.
Lorsque j’étais étudiant et que j’animais certains groupes de réflexions il m’arrivait très souvent de suggérer autour de moi qu’il était extrêmement difficile d’apprendre aux hommes à résister à la puissance du mal lorsqu’on ne leur a pas fait goûter le bien, le beau et le vrai. La morale est ennuyeuse comme un code de la route nous disait Gustave Thibon. L’homme ne vit pas d’interdits... Il ne s’épanouit que dans l’amour oblatif.
Goûter ce qui est pur, ce qui est vrai, ce qui est plein afin de
pouvoir nous détourner individuellement et collectivement de tous ces errements qui sont de très malsains miroirs aux alouettes.
Aimer ce qui est bien, beau, bon et vrai. Il n’y a pas d’autre voie. Tant
il est vrai que la grande majorité de celles et ceux qui manifestent et s’émeuvent
de soi-disant régressions par rapport à leurs droits n’ont plus le sens ni le
goût du bien comme du mal. Ils ne savent pas ce qu’ils font et c’est ce qui est
rassurant... Rien n'est irréversible.
Il ne fait aucun
doute qu’un jour viendra où les hommes et les femmes, usés et fatigués des oukases
du scientisme, du perfectionnisme, du calcul et de la culture de mort finiront
par se détourner d’un horizon envahi par les ténèbres. Pour cela il faut leur
montrer le soleil et tout ce que la vie peut faire briller si les hommes n’y
jettent pas le voile de l’égoïsme et de la concupiscence. N’est-ce pas sœur Line ?
Illuminons nos vies avec les sourires de tous les rescapés de la course à la perfection.
[1] https://fr.aleteia.org/2018/03/20/ce-couvent-ou-cohabitent-des-religieuses-valides-et-dautres-atteintes-par-la-trisomie-21/
[2] https://www.leparisien.fr/economie/business/prix-de-lentrepreneur-social-la-reussite-des-cafes-joyeux-ou-70-des-employes-sont-atteints-de-trisomie-21-ou-de-troubles-cognitifs-10-03-2022-GDICF2GQOVHHHD43NFH2OAETJA.php
Monsieur Hawadier je découvre à l’instant votre blog. Plus pré du tombeau que du berceau je m’en félicite. Votre humanité vous honore. Je vais de ce pas chercher à en savoir plus. Ma journée sera donc joyeuse.
RépondreSupprimerEncore merci et à bientôt
François BONGAS
Le Bien, le Beau et le Vrai… je suis d’accord avec toi Bernard… Pour autant, n’y a-t-il pas des cas où l’IVG peut sous certaines conditions (viol, mise en danger vital de la maman, malformation gravissime, etc.) être acceptable au regard de ce triptyque ?
RépondreSupprimerQuant à la cour suprême américaine je crois qu’elle n’a fait que rendre la main aux États, ce qui ne me semble pas si mal…