Face aux alignements de Carnac où je me suis trouvé il y a quelques jours deux mots revenaient à mon esprit : mystère, secret. Authentique source de méditation...
Mon esprit pérégrinait donc face à ces équations sans
solutions … ; pendant des
millénaires, jusqu’à il y a encore peu de temps, les hommes ont tenu à laisser derrière
eux des traces qui les transcendaient et nous dépassent. Tant d’ingéniosité
pour aller au-delà de soi-même et donner à réfléchir à ceux qui suivront ;
gratuitement. Pour quoi faire ? Toucher le ciel ? Se mettre hors de
portée du temps…
Le secret caractérise l’humain qui veut survivre, léguer,
transmettre. Il est viatique et protection. Il préserve l’intimité. Il est le
siège du lien social, de l’altruisme. Il est le lieu où l’homme tisse sa
particularité, son individualité, son originalité, sa dignité, ses filiations.
À l’inverse de nos anciens, nous autres modernes,
cherchons à tout montrer, à réduire notre agir à sa dimension matérielle… Notre
objectif est la transparence en même temps que l’horizontalité. Pas de mystère.
Pas de secret. Tout l’inverse ! Tout dans la machine, dans le virtuel, dans le
trop plein de notre puissance.
Lisant le dernier ouvrage de Jean Gabriel Ganascia « servitudes virtuelles » je me rendis à l’évidence que tout ce fatras technologique que nous identifions sous couvert de l’intelligence artificielle se réduit en réalité à l’histoire de notre renoncement à vivre en tant qu’être social, aimant, communiquant, libre, digne. Et la caractéristique de ce renoncement plonge ses racines dans notre pratique du lien et donc du secret. Et la machine n'accepte que son secret, pas le nôtre…
Or pas de lien sans secret ! Pas de secret sans un autre, y compris sur le plan spirituel. Que nous disent de différent les menhirs de Carnac et leurs alignements ?
Paradoxes de l’humanité à travers le temps.
Liberté et
indépendance de l’homme qui dresse le menhir, servitude de celui qui se soumet
aux mirages de la technique.
D’un côté des anciens s’ingéniant à creuser leur sillon, bâtissant
pour s’élever. De l’autre côté des modernes s’étourdissant dans une course n’ayant
pas d’autre but que de les déposséder d’eux-mêmes.
L’homme de Carnac mettait son énergie à protéger ce qui
le distinguait des autres animaux. Les disciples-esclaves de Musk et Zuckerberg
se livrent corps et âme selon un processus dont sont exclues toutes espèces de
protection, comme si elles lui étaient naturellement incompatibles.
Fascination du progrès et de la puissance qui nous pousse
à nous bruler les ailes tels des Icare des temps modernes. Comment avons-nous
pu aller aussi loin dans l’abandon de ce qui faisait notre indépendance,
notre identité et notre supériorité ? Les machines nous violent du matin au
soir et du premier au dernier jour de l’année avec notre consentement et notre
assentiment. Servitude volontaire. Abandon inconscient. Nouvelle illustration
de l’allégorie dualiste de l’Ancien testament entre Agar la femme esclave et Sarah
la femme libre. Mais nous n’avons plus le sens des écritures…
L’homme moderne semble atteint d’un maladie de la volonté
dont il perd inexorablement le goût, incapable de se sauver face aux dangers
auxquels il s’expose, fasciné par ce qui s’offre à lui. Diabolique tentation…
Jean Gabriel Ganascia décortique le processus totalement
pervers et de moins en moins contrôlé de ce retournement ; incapables de
nous protéger face à la toile et ceux qui la tissent, 5 000 ans plus tard nous
ne sommes toujours pas parvenus à décoder le message que nous ont laissé nos
ancêtres du néolithique !
Cherchez l’erreur !
Autrefois les pierres étaient reliées entre elle par des poutres. C’est le même principe que celui des files d’attentes dans les lieux publics. Les alignements de Carnac servaient à canaliser la foule des clients de ce qui étaient probablement l’ancêtre de Mac Donald.
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