lundi 19 décembre 2022

EGLISE : BESOIN DE SACREMENTS ET DE SAINTS !

Les semaines passent sans que la pression ne retombe sur l’Eglise. Aussi alors que la France communie dans la défaite de ses héros du dernier référentiel commun qui lui reste - je veux bien sûr parler du football – je vous propose une réflexion que j’ai laissé dormir un certain temps avant de la mettre en ligne et de la corriger à nouveau, tant il est nécessaire de peser tous ses maux quand on aborde un pareil sujet.


Hier encore dans les pages VOX du Figaro ont été publiés deux papiers qui ont attiré mon attention.

Le premier de Guillaume CUCHET reprend son constat « comment notre monde a cessé d’être chrétien » et se croit malheureusement obligé de soutenir des propositions de solutions telles que l’abandon du célibat obligatoire des prêtres alors que tout un chacun sait qu’il n’a strictement rien à voir avec les causes des abus sexuels principalement homosexuels qui défraient la chronique. Le problème vient des hommes pas de l'Eglise. https://www.lefigaro.fr/vox/societe/guillaume-cuchet-la-fidelite-humiliee-du-catholicisme-francais-20221216

Le deuxième de Jean de Saint-Chéron que je vous engage à lire est beaucoup plus juste sous le titre « la crise que traverse l’Eglise de France ne doit pas faire oublier la vitalité de la foi ».https://www.lefigaro.fr/vox/societe/jean-de-saint-cheron-la-crise-que-traverse-l-eglise-de-france-ne-doit-pas-faire-oublier-la-vitalite-de-la-foi-20221216

Qu’il est difficile de garder son cap dans un contexte aussi sombre alors que ceux qui restent dans la barque de St Pierre n’ont plus la lucidité et le courage nécessaires pour ne pas devenir les propres artisans de son naufrage ! Et pourtant…

Certes sommes-nous choqués, scandalisés par ces affaires qui font trembler les murs de notre Eglise. A titre personnel j'ai l'Eglise en admiration. Rien n'est trop beau pour Elle. Rien n'est si beau qu'Elle. « Dans son sillage tout à fleuri » m'a-t-on appris avec fougue, passion et conviction. Paradoxe ? Contradiction ? Non, mystère insondable et d’une inépuisable richesse…

Je ne suis convaincu ni par les mots, ni par les efforts de communication. Une parente m'a fait écouter une interview d'un spécialiste en communication au sujet de l'attitude de l'Eglise. L'Eglise communiquerait mal… Les mots utilisés ne seraient pas bons. Les hommes ne seraient pas suffisamment pertinents dans leurs propos, dans leurs attitudes. Mais nous n'attendons pas de l'Eglise qu’elle communique afin d'essayer de se justifier de ce qui est injustifiable ! Les hommes qui ont failli doivent rendre des comptes ; c’est tout ! Quant à l’institution, si elle n’a pas toujours réagi de manière adaptée, elle a fait de grands progrès. Comme toute collectivité ou personne morale elle n’est pas responsable des agissements criminels de certains de siens. Il lui appartient de redevenir ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être. L'Eglise n'est pas une ONG comme l'a si bien dit Alain Finkielkraut dans son dialogue avec Pierre Manent. L'Eglise doit répondre par ses sacrements, par son annonce de la parole de notre seigneur Jésus-Christ. « l’Eglise, c’est Jésus-Christ, mais Jésus-Christ répandu et communiqué » (Bossuet, Pensées chrétiennes et morales). 

Il me sera objecté que cela n'effacera rien. Mais rien ne peut être effacé !

Certains seront tentés par la colère. Puis-je vous faire une confidence ? Je l'ai été. La colère ne répare rien. Elle ne solutionne rien ; et surtout, elle ne peut combler le vide laissé par la défaillance première, la faillite dans la diffusion du message du Christ et de ses sacrements. Et je ne peux m’empêcher de retenir que la majorité des faits ont été commis durant les années 70, une période de grand désordre pastoral et liturgique. Si tout était lié ? L’Eglise n’est pas à l’abri des affres du temps dans lequel vivent les laïcs comme les pécheurs d’hommes qui ne sont aussi que des hommes pêcheurs…

D’autres, parfois les mêmes, auront le désir, non pas d'une vengeance, sauf pour ceux qui ont été victimes de ces actes insupportables, mais d'une véritable sanction, pourquoi pas d'une humiliation, à la mesure du mal qui a été fait. Notre Seigneur Jésus-Christ, victime innocente, n’a-t-il pas été lui-même flagellé, couronné d’épines et crucifié pour expier … les péchés qu’il n’avait pas commis ? Sacrifice réitéré journellement notamment par les mains consacrées de ceux qui ont commis l’irréparable … Ces mains de prêtre que l'on baise le jour de leur ordination! Pour ma part, après avoir également ressenti ce désir, je me suis apaisé en repensant aux vers de la divine comédie que Dante consacra à l'enfer. Relisez-les...

Comme un ami prêtre me le rappelait l’attitude chrétienne n’est ni la colère ni le dégoût, même si cela s’explique humainement. Souvenons-nous de Jésus sur La Croix pardonnant au mauvais larron ! Ou à Pierre qui l’avait renié !

Mon regretté maître Jean Ousset a écrit un texte pour l'éternité « Pagaille dans l'Eglise ou mystère de la croi » que je vous engage à lire. https://www.ichtus.fr/wp-content/uploads/2018/09/Pagaille-dans-l%E2%80%99Eglise-ou-myst%C3%A8re-de-la-Croix.pdf 

L’histoire de notre Sainte-mère à l'Eglise est celle de la grâce mais aussi celle des hommes. Ce que nos évêques n'ont pas compris, ce qu'ils sont impuissants à comprendre, piégés qu'ils sont par le système médiatique dont ils ne veulent par ailleurs pas s'affranchir, c'est qu'en réalité la SEULE réponse possible consiste à faire vivre Celui dont l’Eglise est le corps mystique, Notre Seigneur Jésus-Christ. Tout le reste n’est que littérature, billevesée, vanité et prétention. La seule communication de l'Eglise est la parole de Jésus, son sacrifice, ses sacrements qui n'est possible que dans l'exemplarité, à tous les échelons.

Si dans le sillage de l'Eglise tout a toujours fleuri ce fut historiquement à une condition : qu'il y ait à la manœuvre des hommes et des femmes consacrés, des ascètes, des saints, des Saint-Vincent de Paul, des Saint François de sales, des Saint Curé d'Ars, des mères Thérèsa. Il faut regarder les œuvres, les bonnes œuvres, les belles œuvres, les œuvres fructueuses, les œuvres vertueuses. Et elles sont légion ! Aujourd’hui encore… Autour de nous, n'en déplaise aux esprits chagrins.

Tous ceux-là, anonymes, moines et moniales qui aujourd'hui encore font renaitre sur notre sol des communautés priantes, des séminaires qui forment encore de bons prêtres, de simples catholiques pratiquants et œuvrant – j’en oublie - tous ceux-là méditent cette parole de NSJC : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Mt 25,40.... Ils prient, en Eglise, en union avec les Saints du Ciel et avec les victimes, celles qui arrivent encore à prier... Et ces prières sont fécondes. Elles sont uniques, exemplaires, irremplaçables.

Chaque jour, par les messes, par la prédication, par les confessions, par les sacrements ils font vivre en acte l’Eglise notre mère. Ils nous l’offrent. Présent unique, éternel, fécond !

Au-delà des défauts des hommes nous avons besoin d’Elle pour notre salut ! N’a-t-il pas été dit « Et moi aussi, je vous dis que vous êtes Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle » (Mt 16,18) ?

Il nous faut les sacrements et des saints…. La messe est dite !

 

3 commentaires:

  1. Rassure toi Bernard , les turpitudes de quelques brebis égarées n’ont pas terni l’image de l’église aux yeux de l’agnostique que je suis. Comme dit le proverbe, les chiens aboient la caravane passe.

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  2. Cher Bernard,
    Sans doute convient-il de ne pas confondre la turpitude des hommes et la dignité d’une institution, quelle qu’elle soit.
    Pour autant, ceux qui, représentants de l’institution, et profitant de leur autorité, la trahissent et portent atteinte à la dignité de l’homme, doivent en être exclus et condamnés sans faiblesse.
    Quant à l’institution elle-même, il lui revient de rester fidèle à sa raison d’être, à ses fondements, à son corpus de valeurs, mais je crois qu’au XXI ème siècle, elle ne peut pas faire l’économie d’une communication bien sentie.
    CR

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    1. La communication est sans doute nécessaire mais elle ne peut être que seconde. Ne perdons pas de vue que notre époque souffre de l'artificialité qui résulte de la domination des communicants qui prennent l'ascendant sur les sachants

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