Je m’apprêtais à vous entretenir du fait que notre France est devenue un pays ingouvernable. Ce sera pour une autre fois … Ce soir j’ai le cœur en fête. Je viens en effet de participer avec mon épouse a une belle journée bachique: un chapitre extramuros de l’Ordre Illustre des Chevaliers de la Méduse tenu à La Celle au cœur du département du Var.
Le thème de ce soir ne sera donc ni polémique ni
politique. Il sera festif, à l’image de cette belle journée au cours de laquelle, renouant avec les traditions provençales, nos vignerons nous ont invité à fêter Saint-Vincent et à participer à une messe célébrée en ouverture de leur
chapitre, puis à applaudir l'intronisation de leurs nouveaux chevaliers et officiers et enfin à
boire, manger, échanger, partager, goûter, commenter, célébrer le vin et tout ce qui coule avec lui… et
pour finir, après avoir lampé à plusieurs reprises, à entonner et chanter l’hymne La Coupo Santo de notre Frédéric Mistral national. Un programme! Un vrai …
Car en ces joyeuses assemblées on ne boit pas du vin, on lampe de l’huile, et après avoir lampé, on crie alléluia !
Mais pourquoi consacrer un blog à cela ?
Tout d'abord parce que le vin, outre que je lui consacre désormais mon activité professionnelle, est à lui seul un art de vivre qui fait l'honneur de ceux qui se consacrent à le produire et à le faire. Ce vin que Raoul Ponchon célébra si bien dans des vers inoubliables:
Je souhaite aussi tout simplement vous faire partager un bon moment de vie en société.
Il y en a si peu en cette période de revendications, de contestations, de peurs et de négations !
Qu’il est bon, dans la France de 2023 qui déteste les
milliardaires, qui ne se reconnaît plus en ses élites, qui abandonne sa langue, qui croit qu'il suffit de nier les genres pour traiter dignement les êtres humains, qui a peur du travail et pire ne l'aime plus, qui s’inquiète du lendemain malheureusement parfois
à juste titre, qui ne sait plus de quoi demain sera fait, qui s’interroge de la
destinée de sa nation, qui semble croire que l’écologie véritable serait l’ennemi
d’une agriculture efficace et rentable, oui qu’il est bon dans ce monde de gens
parfois trop sérieux et surtout trop inquiets, de découvrir des événements que l’on
pourrait qualifier d’un autre temps, avec leurs traditions, leurs us et
coutumes, leurs décorations, leur lustre, leur faste suranné, leur décorum antimoderne et leurs rites.
Cette confrérie a pour vocation de promouvoir les huiles (les vins) de Provence et ses appellations. On y
est frères et sœurs, et intronisé chevalier, on y devient commandeur, on peut en être le grand
maître. Tout ceci avec beaucoup de simplicité, au service des vignerons et de l'huile. Le
miracle de ce type d’associations est de parvenir à faire
vivre nos traditions locales. Celles-ci sont essentielles à l’art de vivre et à la
vie en société. Elles sont vitales. La tradition transmet. Elle est le cadre de
la transmission. Elle la permet. Elle coule dans les veines de l'authentique modernité.
De telles manifestations sont la démonstration atypique de l’utilité de ce qui, anecdotique, ornemental et folklorique pourrait sembler inutile. À l’époque où les domaines viticoles sont devenus des entreprises, ou les vignerons doivent être des maîtres dans l’art de la commercialisation de leurs vins en même temps que des viticulteurs capables de jongler avec la sécheresse, la grêle, le gèle et tous les caprices de la météo, mais encore des viniculteurs performants, il est réconfortant et rafraîchissant de voir que ces femmes et ces hommes-là savent prendre du temps pour se retrouver autour de leurs pratiques ancestrales et mettre la fête et le décorum au cœur de la défense de leurs appellations.
Et il n’est pas innocent qu’au
cœur de la Provence cet Ordre illustre clôture son repas par l’hymne « LA COUPO
SANTO », chanté - dans les règles - avec cœur et passion.
Je ne résiste pas au plaisir
d'en reproduire le texte en provençal avec sa traduction !
Coupe sainte |
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Coupo Santo |
Coupe sainte |
D'un vièi pople fièr e libre |
D'un ancien peuple fier et libre |
D'uno raço que regreio |
D'une race qui regerme |
Vuejo-nous lis esperanço |
Verse nous les espérances |
Vuejo-nous la couneissènço |
Verse nous la connaissance |
Vuejo-nous la Pouësio |
Verse nous la Poésie |
Pèr la glòri dóu terraire |
Pour la gloire du pays |
Tout est dit ! Mistral, l'ardent défenseur des arts et traditions provençales, avait compris l'essentiel.
Puissent ceux qui perpétuent encore ces traditions sachent en transmettre demain et après-demain le flambeau vivant aux générations qui suivront!
In vino veritas !
RépondreSupprimerCR
Ravi d'avoir, grâce à vous, retrouvé les paroles de la Coupo Santo que me chantait mon père, lui-même plus ou moins Félibre. AT
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