Tout va très bien madame la marquise…
En réalité c'est la chienlit!
Il y a un peu plus de trois ans je me posais la question
de savoir comment nous pouvions sortir de la chienlit. Or nous avons continué
de nous y enfoncer de manière irréversible, comme avec déréliction.
Emmanuel Macron s’est fait élire avec le slogan c’est moi
ou le chaos ; nous avons Emmanuel Macron et le chaos. S’il n’a pas été servi
par les circonstances extérieures et sanitaires il a quand même mis bien du
sien pour nous amener au point où nous en sommes.
Dans la conjugaison de la descente aux enfers de la
France à tous les temps l’affaire des retraites est une parfaite illustration :
- Une réforme qui met le pays à feu et à sang alors qu’il a bien d’autres chats à fouetter pour se sortir des impasses et des difficultés auxquelles il est confronté notamment en raison du contexte international.
- Une réforme à laquelle s’opposent l’ensemble des syndicats dans une union retrouvée - ce qui est inquiétant même si l’on peut considérer que nos syndicats français n’ont pas la valeur représentative qu’ils devraient avoir - étant observé que le fait d’avoir réussi à radicaliser Laurent Berger est un véritable exploit quand on connaissait sa position initiale sur la réforme des retraites dans sa première version.
- Une réforme qui n’a pas de soutien politique, celui de l’ancienne droite républicaine du parti LR présidé par Éric Ciotti étant involontaire, subi, divisé, ambigu et calculateur (ce parti étant persuadé malgré ses récentes déconvenues électorales de contenir dans ses rangs celui qui sera amené à prendre la suite d’Emmanuel Macron).
- Une réforme qui ne sera finalement votée, car elle le sera, que grâce à une manipulation des textes constitutionnels procédant d’un détournement dont il semblerait qu’il doive être sanctionné par le conseil constitutionnel.
- Une réforme enfin pour rien puisqu’à la suite de toutes les tractations menées sans succès pour obtenir cette fameuse majorité politique, au risque de créer l’opposition syndicale précédemment évoquée, elle a été vidée de sa substance et de son efficacité financière et n’a plus que la valeur symbolique d’un allongement de l’âge de départ à la retraite ; ce qui revient ainsi à créer le blocage social, et peut-être pire, pour rien.
En résumé, un beau fiasco !
Un fiasco qui n’est en réalité que le révélateur de ce qu’est
devenue la politique française à savoir une succession de coups et de manœuvres
destinés à conquérir ou conserver le pouvoir …
Dans mon billet de novembre 2019 j’évoquais les
conclusions du livre de Paul-François SCHIRA La demeure des hommes dont je
considérais qu’elles pourraient constituer un excellent programme politique :
- Assumer le commun.
- Habiter le commun.
- S’ouvrir au commun.
- Servir le commun.
Nous en sommes de plus en plus éloignés.
Pendant mes récentes vacances j’ai lu le
remarquable hors-série du Figaro sur Blaise Pascal, dont je vous recommande la
lecture, et en particulier l’article de François-Xavier Bellamy.
Après avoir identifié dans la pensée
politique de Pascal le fait que pour le bien de la cité il est « sage d’être
fou et fou d’être sage » (sic !), la cité n’étant fondée que sur
de l’irrationnel, François-Xavier Bellamy reprend à son compte l’affirmation de Blaise Pascal : « mieux
vaut un sot qui succède par droit de naissance qu’une guerre perpétuelle pour
la désignation du plus sage » !
Et ne doit-on pas se rendre à l’évidence que
nous dépensons une énergie considérable pour désigner des gouvernants qui s’avèrent
ne pas être les sages dont nous avons besoin et que ce faisant nous mettons
notre énergie ailleurs que là où il faudrait… Que de temps perdu, que d'énergie perdue, que d'argent perdu! Tout ceci par idéologie, parce
que l’on nous a convaincu que l’idéal démocratique était fondateur de la cité
des lumières sans s’apercevoir que ce faisant on introduisait le ver dans le
fruit, ou encore le diable dans les institutions.
Oui, folie des hommes réunis dans leurs cités
et leurs nations, dans leurs "communs" qui n'en sont plus….
Folie des hommes qui en société sont
incapables de s’entendre, de décider ensemble de ce qui est bon pour eux dans
le cadre de leurs communautés de vie.
Folie des hommes qui ne savent pas identifier
les lois qui leur permettront de bonifier leurs conditions de vie ensemble, en
société. Folie des hommes qui ne savent que courir après leurs intérêts
personnels, aveuglés qu’ils sont par leur égoïsme qu’on ne cherche plus à
corriger.
Folie des hommes qui progressivement, perdant
de vue toute notion du bien commun en viennent, en groupes, à travers des
solidarités conjoncturelles de pure circonstance, dans leur désunion et leur
déchirement, à créer ensemble les conditions d’un suicide collectif !
Pascal n’avait-il pas vu juste ?
C’est bien triste, mais finement analysé ! Merci
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