Au moment où nous glosons sur notre crise de régime les Anglais célèbrent le sacre de leur nouveau roi.
D’un côté la France qui a décapité le sien continue de
chercher son équilibre républicain. De l’autre côté de la Manche l’Angleterre poursuit
son périple à travers les siècles dans la continuité d’une monarchie devenue
parlementaire mais toujours monarchique. D’un côté la France commence à parler
d’une nouvelle révolution ou en tous les cas d’une xième république. De l’autre
le roi Charles III se trouve investi nominalement de tous les pouvoirs – car
telle est bien la situation – tout en respectant la partition d’une
constitution orale que rien ne semble pouvoir remettre en cause si ce ne sont
des évolutions dans la continuité.
J’ignore si les Anglais seront mieux gouvernés que nous dans
les décennies à venir.
Je constate cependant que nous perdons un temps et une
énergie infinis à débattre des conséquences institutionnelles de l’assassinat de notre roi depuis
plus de deux siècles sans parvenir à trouver de solution pérenne. Qui n’a
entendu Jean-Luc Mélenchon ces derniers jours ne peut mieux imaginer le
caractère ubuesque de la situation institutionnelle dans laquelle se trouve
notre grand pays.
Pour rester dans l’Hexagone et pour revenir sur la question de la crise de régime je m’en tiendrai à une remarque. Elle est la suivante. Combien de fois n’ai-je pas souligné le fait que nos valeurs républicaines n’ont plus aucun sens pour en avoir été vidées par idéologie ! Pourtant notre classe politique continue de s’y référer avec toujours autant d’énergie et d’assiduité à l’image par exemple de son conseil constitutionnel qui de décisions en décisions fait œuvre d’une imagination créatrice qui n’a rien de démocratique. Et au fur et à mesure que nous semblons vouloir ainsi perpétuer, cahin-caha, ce règne des valeurs républicaines sur nos vies nous constatons que dans le même temps nos gouvernants s’ingénient et s’entêtent à ne pas vouloir consulter le peuple. Drôle de démocratie dans une Ve République dont la marque de fabrique semblait être en 1958 l’instauration du référendum inconnu et non pratiqué en France depuis près d’un siècle
Paradoxe absolu donc. Nous nous gargarisons de la
république et de ses valeurs et à titre principal de la démocratie ; dans le même
temps nos élus refusent de faire vivre celle-ci. L’illustration définitive en est
fournie par cet exécutif qui à peine porté au pouvoir en la personne d’Emmanuel
Macron n’a pas recueilli de majorité pour légiférer et, sous prétexte de
légitimité électorale, confondant le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif,
continue de vouloir légiférer contre vents et marées et apparemment contre la
volonté du peuple.
Ainsi avons-nous un pouvoir exécutif qui ne gouverne plus
– son ministère n’est plus que celui de la parole et du vote des lois qu’il a
renoncé à faire respecter – qui cherche à légiférer même en l’absence de
majorité parlementaire et qui surtout se refuse à revenir devant le peuple pour
faire arbitrer la difficulté à laquelle nous sommes confrontés que ce soit à
travers une nouvelle élection législative ou l’instauration d’un référendum sur
l’un des sujets principaux qui animent aujourd’hui nos désaccords politiques.
Alors si ça n’est pas une crise de régime ça y ressemble
fort.
Pour revenir à mon parallèle initial avec nos amis
anglais, dans les lectures que je peux faire je ne ressens pas ce malaise
démocratique fondamental quelque soient par ailleurs les interrogations sur le
bien-fondé de la politique conduite par leurs gouvernants. Quant au roi s’il
accepte de ne pas exercer les prérogatives dont il dispose en théorie et ceci
par respect de cette loi constitutionnelle non décrite et respectée par tous,
sa présence offre le double avantage de constituer un lien incontestable
entre les Anglais et de rappeler en permanence à ceux qui gouvernent qu’ils ne
sont pas le roi !
Pour notre part nous avons perdu le roi en 1793 sans plus
jamais le retrouver réellement. Depuis lors, de république en république, de
soubresauts révolutionnaires en soubresauts institutionnels, nous cherchons au peuple un souverain derrière lequel il puisse retrouver un semblant d’unité
et de stabilité.
Si outre Manche les anglais entonnent "God save the King" nous ne prions quant à nous plus pour que Dieu sauve la France, alors qu'elle en a plus que jaùais besoin!
Pour moi, la république n’est qu’un mode de gouvernement, dénué de valeurs intrinsèques.
RépondreSupprimerLes seules valeurs qui vaillent sont celles, universelles, de la civilisation romano-judéo-chrétienne.
Nous sommes à une époque où tout ce corpus de valeurs est détricoté, déconstruit, annihilé…
Il est loin le temps où, à la messe, on proclamait : « Sainte Jeanne d’arc, sauvez la France! »… Pourtant, on était bien en République…
CR