"SOUS LE SOLEIL DE SATAN" est certainement le roman le plus violent de Georges BERNANOS. Il n'y a qu'à se référer aux réactions qu'il suscita en 1926 lors de sa publication alors que l'auteur était inconnu! https://www.cairn.info/revue-roman2050-2008-3-page-45.htm
Quel coup de trafalgar!
Il faillit se mettre tout le monde à dos, des catholiques fervents, aux humbles dévots, aux "grenouilles de bênitier", aux anticléricaux, en passant par les athées. Oui tous!
Il faut dire que chacun pouvait se sentir visé par un roman d'un genre inédit, au style exigeant et aux messages multiples et sans concessions, comme Anatole France objet d'une adresse indirecte aussi vive qu'acérée et émouvante par bien des traits.
Je suis époustouflé une fois encore par l'actualité des messages de notre auteur.
Que les choses soient claires il s'agit d'une oeuvre à la dimension sprirituelle, d'une histoire à multiples entrées qui campe dans le domaine de la spiritualité. Et cette fois-ci il s'agit en particulier de mettre en scène la lutte avec le prince des enfers, avec le Diable, et en toile de fond le combat d'un être se situant aux portes de la sainteté fortement inspiré du Saintr Curé d'Ars.
Déjà il y a un siècle cette audace fit scandale. Le Diable? Mais qui peut encore y croire? Georges BERNANOS n'avait pas si bien dit qu'aujourd'hui ce thème est encore plus anticonformiste et dérangeant. Même la majorité de nos prêtres n'osent plus parler de Satan. Alors en faire l'un des thèmes récurrents de son premier roman et lui donner son titre!!!
Avec "SOUS LE SOLEIL DE SATAN" nous entrons dans un univers anachronique. Mai ce qui est extraordinaire c'est que grâce à la puissance de son écriture et à sa capacité à faire vivre l'humain sous sa plume, ce qui est la vraie puissance du roman, le lecteur, porté par la magie du romancier se rend à l'évidence que ce monde qui semble ne plus exister n'est pas une vue de l'esprit... C'est vrai, crédible, éclairant, révélateur, signifiant. Non nous ne sommes ni chez les fous, ni chez les illuminés!
Nous retouvons bien sûr le combat spirituel évoqué dans mon précédent billet; celui des saints qui "ne poussent pas tous seuls comme l'herbe des champs" ainsi que se l'imaginent "les nigauds dévots".
Georges BERNANOS insiste aussi et à nouveau sur la science de l'esprit. "Il sait tant de choses ce pauvre curé de Lumbes que la Sorbonne ne sait pas. Tant de choses qui ne s'écrivent pas, qui se disent à peine, dont on s'arrache l'aveu, comme d'une place refermée - tant de choses" !
Peut-être aurez-vous la tentation de regarder à nouveau le film de PIALAT qui reçut la palme d'Or du festival de Cannes. Il s'agit, grâce notemment à la qualité des acteurs et de la mise en scène, d'une bonne aide à la pénétration dans l'univers de BERNANOS malgré certaines regrettables libertés à l'égard du roman et que soit sa fidélité "globale".
Il faut le lire, doucement, mâcher ces dialogues ciselés au moyen d'une pensée qui n'a pas peur du qu'en dira-t-on, qui repousse les faux-fuyants et les facilités. Avec ce texte au va au fond de l'abîme de la quête de l'humain par le divin et du divin à travers les affres de l'humain. Ainsi : " Il était de ces bonnes gens qui savent porter la haine mais que la haine ne porte pas" ou encore " la charité des grandes âmes, leur surnaturelle compassion semble les porter d'un coup au plus intime des êtres".
Georges BERNANOS nous fait découvrir que nos faiblesses qui nous éloignent de Dieu sont en même temps le lit de notre conversion. Quelle leçon chrétienne !
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