mercredi 9 août 2023

MON ETE AVEC BERNANOS (4)

Les romans de Georges BERNANOS nous plongent dans une confrontation avec le mal. Il en va ainsi de "MONSIEUR OUINE" qui est une méditation sur le mal, sous toutes ses formes.


Un ami me rappelait hier que BERNANOS écrivait à la terrasse des cafés; sans doute pour mieux coller à la réalité humaine... Il ne nous intime jamais aucun commandement, il laisse le monde venir à lui, dans sa douleur tragique. "Le bon Dieu ne m'a pas mis mis une plume dans les mains pour rigoler avec". (in Lettre 262 à Robert Vallery-Rodot du 6 janvier 35).

Univers en décomposition. Etres agonisants. Enigmes non résolues comme dans "UN CRIME". Ecriture allusive, profonde, grave, mystérieuse, entrainante sur les chemins de la prière.

Oui l'auteur nous invite à la méditation et plus encore, fidèle à sa conception de la sainteté, à affronter les ténèbres et à nous jeter avec lui au coeur des ténèbres comme on retourne une arme contre celui que l'on veut vaincre...

Logique, puisque le mal trouve en nous un terreau favorable pour étendre ses racines et produire ses "abominables proliférations" analyse le Frère Robert dans son "BERNANOS MAITRE SPIRITUEL".

Citons ce roman énigmatique: "En définitive, le démon séduit, trompe, fait miroiter de fausses promesses qu'il ne pourra pas tenir. Il se présente sous les traits d'un compagnon plein de sollicitude, mais lorsque la victime succombe à ses avances, il la laisse seule avec son péché et son désespoir. Le diable affirme le curé de Fenouille, "c 'est l'ami qui ne reste jamais jusqu'au bout"...".

Pour notre auteur la vie spirituelle est un combat qui se mène dans l'intimité de chacun de nos fors intérieurs. Un combat qui n'est jamais définitivement gagné; ce qui explique certainement que ses romans sont autant de fenêtres jamais refermées.

Contrairement à ce qu'une certaine spiritualité doloriste a pu laisser penser nous ne sommes pas notre ennemi; nous sommes le terrain du combat. Certitude de l'auteur illustrée dna sle "SOUS LE SOLEIL DE SATAN" avec la luttre de l'abbé DIONISSIAN. Le curé de Fenouille lance ainsi dans "MONSIEUR OUINE" au maire de ce village en état de décomposition morale "aucune haine ne saurait s'assouvir ni dans ce monde ni dans l'autre, et la haine que l'on se porte à soi-même est probablement celle entre toutes pour laquelle il n'est pas de pardon!".

De là nait l'un des tourments qui ont hanté notre polémiste: "l'ennui" et le "découragement". Comment ne pas baisser les bras? Comment ne pas sombrer dans l'acédie? Car comme le déclare Monsieur OUINE "l'ennui de l'homme vient à bout de tout....la dernière disgrâce de l'homme ...est que le mal lui-même l'ennuie."

Le frère Robert relève chez BERNANOS le fait que "de même chaque être porte en lui une "blessure mystérieuse", une "brèche de l'âme", ouverte scertes au poison du désespoir mais plus encore aux flots de la grâce. Le secret de la vistoire dans le combar spirituel est en définitive de s'avouer vaincu devant la puissance divine, de se laisser désarmer par la miséricorde de Dieu"!

La fin du roman est très bien analysée par Jacques-Emile MIRIEL https://www.causeur.fr/georges-bernanos-monsieur-ouine-une-agonie-si-contemporaine-207386:

« Je désirais, confesse M. Ouine, je m’enflais de désir au lieu de rassasier ma faim, je ne m’incorporais nulle substance, ni bien ni mal, mon âme n’est qu’une outre pleine de vent. » Terrible aveu ! Il ne dispose même pas d’un « secret » qui serait bien à lui, il est trop uniforme pour cela : « Cela me sauverait, fit M. Ouine, d’une voix presque indifférente qui n’exprimait nullement le désir d’être sauvé en effet, mais plutôt un détachement haineux de son propre sort, une conviction glacée. » M. Ouine ne meurt pas en chrétien, il n’en a pas la force. Il est néanmoins convaincu qu’il y a « quelque chose », mais que lui, il n’est « rien », d’où son désespoir que la compassion de Steeny sera impuissante à calmer. Ouine agonisant ressemble de fait à presque tous les mourants de notre temps, torturés par une curiosité inassouvie, qui est la marque douloureuse d’une vie sans amour, et donc sans Dieu.  

Banalité du mal...

Mais pour autant BERNANOS n'est pas un auteur noir ou désespéré.

Il bannit tout pessimisme, comme d'ailleurs tout optimisme: "le pessimiste et l'optimiste s'accordent à ne pas voir les choses telles qu'elles sont. L'optimiste est un imbécile heureux, le pessimiste un imbécile malheureux". Ils sont pour lui "l'envers et l'endroit d'un même mensonge". BERNANOS est un chantre de l'espérance, comme PEGUY..., dont "la plus haute forme est le désespoir surmonté". Car "quand on va jusqu'au bout de la nuit on rencontre une autre aurore". (in LA LIBERTE POUR QUOI FAIRE).

A suivre avec les écrits de combat du BERNANOS polémiste dont nous découvrirons qu'il est à l'inverse de ses romans capable d'une écriture limpide...




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