mardi 29 août 2023

MON ETE AVEC BERNANOS (codicille au 7!)

La lecture bienveillante d'un ami a ouvert mon esprit sur une possible mauvaise compréhension de mon billet d'hier sur la bourgeoisie dans l'œuvre de Bernanos.

Il ne faudrait pas s'imaginer que sa critique se fonde sur des considérations d'ordre économique comme ma présentation peut le laisser à penser. Le révérend père Bruckberger qui ne renie rien de la pensée de Bernanos n’a-t-il d’ailleurs pas vanté les mérites de l’économie capitaliste dans son remarquable essai LE CAPITALISME C'EST LA VIE ?



Comme ce dernier le souligne « ce que Péguy et Bernanos reprochent à la bourgeoisie, c'est d'éliminer les risques, de ne pas vouloir faire les frais d'une refonte nécessaire de la société ».

Ce qui est en cause? ... Un état d'esprit parfaitement résumé dans le rapport à l'argent, à la possession ou encore au travail. Citons Georges Bernanos dans NOUS AUTRES FRANÇAIS : « la conception bourgeoise du travail nous eût aussi sûrement menés au rétablissement aggravé de l'esclavage que le communisme à la barbarie ». 

Une critique qui conduit notre auteur à la colère et à l'irritation par rapport aux gens de droite de son temps « de leur air cocu et content, affiché avec ostentation » qui l’écœurait.

Pour Bernanos il faut savoir prendre des risques, en conscience. À cet égard sa vie illustre la pensée de Charles Péguy déjà maintes fois évoquées pour qui le père de famille était le dernier aventurier de notre époque. Bernanos ne fut-il pas à sa manière en tant que père de famille de 6 enfants un authentique aventurier ? « Le risque, l’aventure et l’engagement de tous les instants » le caractérisent comme le souligne François Angelier dans sa biographie de Georges Bernanos.



Sa pensée est d'une telle profondeur qu'elle ne peut se réduire à de simples considérations économiques, marchandes auxquelles elle ne s’arrête pas, qu'elle dépasse et transcende. Ce qu'il reproche à la bourgeoisie c'est d'avoir réduit la politique à l'économique en lui sacrifiant tout, jusqu'à sa conscience, son argent, ce qu'elle possédait et ne voulait pas risquer.

C’est un état d’esprit, un rapport au monde, à la vie qu’il lui reproche. Ce n’est pas l’argent en soi qui est par exemple en cause mais l’argent érigé en Dieu.... Celui du père Grandet si magistralement analysé par Balzac dont l’œuvre fut la première lecture de notre auteur encore adolescent après qu’il eut dérobé la clé de la bibliothèque paternelle !

CQFD!

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