La lecture bienveillante d'un ami a ouvert mon esprit sur une possible mauvaise compréhension de mon billet d'hier sur la bourgeoisie dans l'œuvre de Bernanos.
Il ne faudrait pas s'imaginer que sa critique se fonde sur
des considérations d'ordre économique comme ma présentation peut le laisser à
penser. Le révérend père Bruckberger qui ne renie rien de la pensée de Bernanos
n’a-t-il d’ailleurs pas vanté les mérites de l’économie capitaliste dans son
remarquable essai LE CAPITALISME C'EST LA VIE ?
Comme ce dernier le souligne « ce que Péguy et Bernanos
reprochent à la bourgeoisie, c'est d'éliminer les risques, de ne pas vouloir
faire les frais d'une refonte nécessaire de la société ».
Ce qui est en cause? ... Un état d'esprit parfaitement résumé dans le rapport à l'argent, à la possession ou encore au travail. Citons Georges Bernanos dans NOUS AUTRES FRANÇAIS : « la conception bourgeoise du travail nous eût aussi sûrement menés au rétablissement aggravé de l'esclavage que le communisme à la barbarie ».
Une critique qui conduit
notre auteur à la colère et à l'irritation par rapport aux gens de droite de
son temps « de leur air cocu et content, affiché avec ostentation »
qui l’écœurait.
Pour Bernanos il faut savoir prendre des risques, en
conscience. À cet égard sa vie illustre la pensée de Charles Péguy déjà maintes
fois évoquées pour qui le père de famille était le dernier aventurier de notre
époque. Bernanos ne fut-il pas à sa manière en tant que père de famille de 6
enfants un authentique aventurier ? « Le risque, l’aventure et l’engagement
de tous les instants » le caractérisent comme le souligne François
Angelier dans sa biographie de Georges Bernanos.
Sa pensée est d'une telle profondeur qu'elle ne peut se
réduire à de simples considérations économiques, marchandes auxquelles elle ne
s’arrête pas, qu'elle dépasse et transcende. Ce qu'il reproche à la bourgeoisie c'est d'avoir réduit la
politique à l'économique en lui sacrifiant tout, jusqu'à sa conscience, son
argent, ce qu'elle possédait et ne voulait pas risquer.
C’est un état d’esprit, un rapport au monde, à la vie qu’il
lui reproche. Ce n’est pas l’argent en soi qui est par exemple en cause mais l’argent
érigé en Dieu.... Celui du père Grandet si magistralement analysé par Balzac dont
l’œuvre fut la première lecture de notre auteur encore adolescent après qu’il
eut dérobé la clé de la bibliothèque paternelle !
CQFD!
"L'argent : bon serviteur, mauvais maitre !" Proverbe
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