NOTRE CIVILISATION A ELLE PERDU SON AME ?
C’était la question que l’Association des amis de la Basilique de Notre Dame de la Victoire me demanda de traiter samedi 27 janvier.
En voici le texte.
Cette question serait-elle
mal formulée ? En effet l'âme est
attachée à la personne humaine (corps et âme). N’étant pas une personne la
civilisation ne peut pas avoir d'âme, même si l’âme humaine est au centre de
son projet. Nous y reviendrons. Mais va pour l’aphorisme car il nous met face à
l’acuité du problème qui nous préoccupe à juste titre et dont l’actualité est
soulignée par l’affaire Stanislas. Chantal Delsol s’interroge : « Est-il
encore permis de dispenser un enseignement catholique ? ».
L’affrontement sous-jacent qui oppose les valeurs de la république et les
enseignements du catéchisme catholique signifie, si les secondes doivent céder
devant les premières, que la civilisation chrétienne ne constitue plus le lien
qui nous réunit et qu’elle est bien en perdition, en fin de vie…
Un
constat s’impose.
La notion de
civilisation est récente ; le mot est apparu à la fin du XVIII° en
opposition à la notion de barbarie. Durant les périodes de civilisation active
et vivante, les hommes, même de culture, même intelligents, même philosophes ne
se posaient pas des questions pour savoir ce que c'était qu'une civilisation. Ils
la faisaient naître, la cultivaient, l'entretenaient et la faisaient progresser.
Ils créaient de la civilisation comme M. Jourdain faisait de la prose sans le
savoir.
Prenons l'exemple
de Saint Augustin qui ignorait peut-être à la fois que la civilisation romaine
dont il était l'un des plus brillants rhéteurs s'effondrait et qu'une autre
civilisation dont il allait être l'un des grands inspirateurs était en train de
naître.
Car la
civilisation n’est pas un but en soi. Pas plus que pour les
constructeurs des pyramides égyptiennes, l'objectif des moines qui sont
objectivement les grands édificateurs de la civilisation chrétienne n'était pas
de créer une civilisation. Ils se contentaient (?) de chercher Dieu. Le
monachisme occidental a fait naître une civilisation parce que des moines ont
cherché Dieu ; ils n'ont pas fait exprès !
C’est ce
qu’exprima Benoît XVI aux Bernardins (12/09/2008).
« ...
les monastères furent des espaces où survécurent les trésors de l’antique
culture et où, en puisant à ces derniers, se forma petit à petit une culture
nouvelle. » [...]
« Nous
sommes partis de l’observation que, dans l’effondrement de l’ordre ancien et
des antiques certitudes, l’attitude de fond des moines était de se mettre à la
recherche de Dieu. C’est là, pourrions-nous dire, l’attitude vraiment
philosophique : regarder au-delà des réalités pénultièmes et se mettre à la
recherche des réalités ultimes qui sont vraies. [...]
La
quête des moines comprend déjà en soi, dans une certaine mesure, sa résolution. [...]
De
fait, les chrétiens de l’Église naissante ne considéraient pas leur annonce
missionnaire comme une propagande qui devait servir à augmenter l’importance de
leur groupe, mais comme une nécessité intrinsèque qui dérivait de la nature de
leur foi.
[...] »
Evoquant notre
nécessaire disponibilité à l’annonce de la Parole le Saint Père cita à cette
occasion la 1ere lettre de St Pierre : « Vous devez toujours être
prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de
l’espérance qui est en vous »(3, 15).
Mais comment
définir la civilisation ?
Cherchant une
définition de la civilisation Jacques Bainville qui constate les insuffisances
des différents dictionnaires se réfère à celle donnée par Charles Maurras dans
« Mes idées politiques » : « C'est l'état social dans lequel
l'individu qui vient au monde trouve incomparablement plus qu'il n'apporte ».
Et Jean Madiran ajoute : « nous sommes des débiteurs insolvables ».
La civilisation
est donc un capital qui se caractérise par le fait qu'il se transmet
naturellement en son sein et parmi la population qu'il irradie.
Des
distinctions sont à faire.
Dans le cadre de
notre recherche pragmatique de ce qui caractérise les civilisations la question
se pose logiquement de la distinction entre les civilisations et la
civilisation de même qu’entre culture et civilisation.
À ce sujet,
faisant l’éloge de la civilisation, Donoso Cortes est lapidaire : « Je
dis qu'il n'y a pas eu de peuple civilisé par ce que le peuple Romain et le
peuple grec n'ont pas été des peuples civilisés ils ont été des peuples
cultivés ce qui est très différent. Le christianisme a civilisé le monde en
faisant ces 3 choses : il a civilisé le monde en faisant de l'autorité une
chose inviolable, de l'obéissance une chose sainte, de l'abnégation et du
sacrifice, ou mieux, de la charité une chose divine. De cette manière le
christianisme a civilisé les nations. »
Sans devoir
partager cet avis trop lapidaire pour certains au risque de la caricature, on peut
et on doit en retenir la nécessaire distinction entre les différentes
civilisations ou cultures selon leur degré d’humanisme et LA CIVILISATION qui
pour cet intellectuel ne peut qu’être chrétienne.
Il y a des
conditions nécessaires à l’efflorescence d’une civilisation. Pour faire œuvre de civilisation il faut un certain
confort matériel, des conditions nécessaires à son épanouissement. La
civilisation a par ailleurs besoin d’un peuple vivant et actif, et donc de
classes moyennes engendrant selon le mot d’Hyppolite Taine des aristocraties,
ainsi que, clin d’œil à l’actualité, de paysans qui sont pour Jacques Bainville
la garantie de nos renaissances parce qu’ils ont la double passion de
l’épargne et de l’ordre ! Et il faut enfin à la civilisation un certain ordre
social, une certaine harmonie de vie. Le cafouillage n’est pas civilisateur !
La mort des civilisations est possible.
Après que Samuel Huttington eut systématisé le choc
des civilisations de nombreux esprits s'accordent aujourd'hui à dire que notre
civilisation est en train de s'effondrer ; Michel Onfray l’a encore
exprimé mercredi soir sur Europe 1 à propos de la crise agricole n’hésitant pas
à évoquer la disparition de notre civilisation. Après qu’Hegel l’ait pensé,
Paul Valéry l'a prédit « nos civilisations sont mortelles ».
Revenant à la
distinction entre les civilisations et la civilisation ceci ne signifie pas
pour autant que la civilisation en tant que telle soit ou devienne
inatteignable.
Ce diagnostic est
opposé à la notion de progrès dont on nous rebat les oreilles par utopie,
oubliant là encore que s’il y a des progrès cela ne nous place pas de facto
dans un processus historique nécessairement vertueux sur le plan
civilisationnel.
Tel est me
semble-t-il le phénomène que nous devons analyser lorsque nous nous posons la
question qui nous rassemble. D’où deux questions :
·
Pourquoi
notre civilisation risque-t-elle de mourir ?
·
Peut-elle
renaître ? Si oui, sous quelle forme et comment ?
I -
POURQUOI NOTRE CIVILISATION CHRETIENNE RISQUE-T-ELLE DE MOURIR ?
Je n'ai pas le
temps ni les compétences pour faire une analyse philosophique et historique de
ce phénomène complexe.
Une observation
ironique de l'historien britannique Arnold Toynbee, publiée en 1972, souligne
que l’alternative fondamentale est celle qui oppose christianisme et paganisme
: « Au lieu de diviser l’humanité comme nous le faisons, en hommes de race
blanche et en hommes de couleur, nos ancêtres les divisaient en chrétiens et en
païens. Nous ne pouvons manquer d’avouer que leur dichotomie valait mieux que
la nôtre tant sur le plan de l’esprit que de la morale. » (L’Histoire,
Elsevier, 1972, traduction : 1978). Notre problème est bien le délitement de
notre civilisation caractérisée par son christianisme.
Dans ce
prolongement et de manière grossière mais non simpliste, afin de vérifier le
diagnostic ci-dessus évoqué, quelques réflexions s’imposent à moi et me semblent
avoir la force de l’évidence.
La transmission en panne.
Devenue quasiment impossible la transmission ne se
fait donc plus alors qu’elle constitue une œuvre de salut public. Les classes
moyennes majoritaires sont empêchées de transmettre ; elles ne parviennent même
plus à s'occuper de leurs enfants… L’école traverse une crise sans
précédent…. La culture est dynamitée par les idéologues...La discussion (la
disputatio) est interdite… La langue est déconstruite…
Nous avons perdu
le consensus sur des valeurs fondatrices pourtant nécessaires au plein
épanouissement de l'être humain ; j'en veux pour preuve la dernière
conférence de presse du président de la République à propos de l’éducation ;
il n’a pas d’idée en dehors de la technique chère aux énarques. On se gargarise
des valeurs de la république mais derrière il n’y a que de l’idéologie, rien de
fondateur. Les valeurs de civilisation s’articulent autour d’une épine dorsale
constituée de l’ordre, de la vérité et de l’amour. Les déchainements actuels
des tenants du laïcisme et de toutes les idéologies genrées, wokistes et antis
racistes sont l’expression de l’agonie de notre civilisation chrétienne qui
n’est plus communément partagée autour de ses valeurs naturelles formulées dans
le décalogue et dans le catéchisme catholique.
Les chrétiens sont en proie au doute.
Même l'Eglise Catholique est touchée en son cœur. Elle est
en crise, n’ayons pas peur des mots. Elle est attaquée dans sa liturgie
tout d'abord. Ecoutons Michel Onfray qui est loin d’être un père de l’Eglise :
pour lui la liturgie est une « machine de guerre ». Les mots
sont forts. Caricature ? Ils signifient une vérité. La liturgie est
essentielle. Il s’agit d’un bien à transmettre dont les fidèles ont le plus
grand besoin. Or nous constatons qu'elle est attaquée depuis plusieurs
décennies, affaiblie, dénaturée et que Rome donne l’impression de « lâcher
l’affaire ». Elle a été désarmée...La doctrine est également remise en
cause ; le catéchisme devient anecdotique ou optionnel. Quels sont les
adultes qui le lisent encore régulièrement ? –Qu’en apprend-on encore à
nos enfants dans un trop grand nombre de paroisses ? On en vient à bénir des couples pratiquant une
homosexualité pourtant contre nature selon un enseignement constant... La
transmission en perd sa cohérence. Face à ces fluctuations les chrétiens
doutent de l’Eglise, de son universalisme et de ce qu’Elle est la voie
exclusive du salut. Or nous ne serions plus catholiques si nous pensions
« qu'il existe un salut en dehors d'Elle en dehors du sillage de lumière
que trace sa marche rapide dans la nuit » (Don Gérard Calvet).
La cause est la
dialectique destructrice qui fait naître le doute. Alors qu’elle avait triomphé
de haute lutte du manichéisme, la civilisation chrétienne a été attaquée par
deux dérives philosophiques dont les origines remontent à Descartes, le naturalisme
d'une part et le panthéisme d'autre part. Le protestantisme, qui reste une
hérésie !, n’est plus combattu sous couvert d’œcuménisme ; la charité
a été dénaturée ; elle n’est plus de proclamer la vérité nécessaire au
salut mais de ne pas froisser les personnes dont on oublie que le salut passe
par la reconnaissance de la vérité fondamentale de la doctrine éternelle de l’Eglise.
Notre problème est
que nous ne croyons plus que ce qui structure la religion qui a innervé la
civilisation chrétienne soit la vérité. Le regretté Pape Benoît XVI ne cessait
de dénoncer le relativisme. Il avait raison. Nous avons renoncé au primat de la
contemplation de l’édifice catholique pour n’en faire qu’un sentiment
religieux. Nous ne sommes plus fiers de
ce en quoi nous croyons et de ce qui nous structure. Ce n'est plus la vérité
qui compte, c'est ce que l'homme pense de la vérité (Don Gérard Calvet).
Si la civilisation
est un fruit, il y a un vers dans le fruit, c'est l'esprit de contradiction,
c'est la dialectique infernale et diabolique des contraires qui a cassé le lien
fondateur du christianisme entre le spirituel et le temporel.
Le lien spirituel
– temporel est fondateur ; sans lui l’apport du Christianisme à notre
civilisation est dissout. Un lien qui distingue sans opposer. Il a inspiré
profondément la réflexion de Charles Péguy :« Jésus qui était le
prince du spirituel a fondé une Eglise qui n'a point cessé d'être combattue
dans le spirituel et dans le temporel et qui ne cessera point de militer dans
le spirituel et dans le temporel ». Ce lien que Saint Augustin avait
également lapidairement exprimé d'une autre manière « si la chair ne
devient pas esprit, c'est l'esprit qui deviendra chair ». Citons
encore Charles Péguy pour qui le « spirituel couche dans le lit de
camp du temporel » ; ce temporel qui selon lui fournit la
souche de telle sorte que si le spirituel veut vivre, s’il veut continuer,
s’il veut fleurir, s'il veut fructifier, le spirituel est forcé de s'y insérer »
: « car le surnaturel est lui-même charnel/ et l'arbre de la grâce est
raciné profond/ et plonge dans le sol et cherche jusqu'au fond ».
S’en suit le doute
sur la royauté de NSJC. Qu'avons-nous fait de l'affirmation du Christ selon
laquelle il est roi ? Que de circonlocutions, que de faux-fuyants, que de
lâchetés, que de honte, que de craintes autour de cette question ! Car
s’il est roi comme nous prétendons le croire, nous ne pouvons ni en être gênés,
ni le taire ou le réduire à une parole anecdotique ! Sommes-nous, nous
comportons-nous en sujets de ce roi dont le royaume et celui de la vérité ?
Alors surtout que cette royauté est la seule garantie de la liberté pour tous. Et
ne nous y trompons pas cet essentiel de la catholicité n'est pas un manque de
respect vis-à-vis des autres, de leurs convictions, de leur foi voir de leur
athéisme. Cf là encore l’exemple de Michel Onfray qui athée, contestant
l’existence historique de NSJC, défend les vertus de la civilisation
chrétienne. Notre civilisation, grâce à ces distinctions fondamentales, permet à
l’homme de vivre, aux branches de pousser, aux fleurs de s’épanouir. Il est
contraire à toute civilisation de nier que l’homme ait une vie spirituelle et
que celle-ci n’est possible que s’il résulte de la vie temporelle. L’un ne va
pas sans l’autre. Or nous avons admis que le spirituel soit déconnecté du
temporel qui du coup est privé de toute possibilité d’épanouissement ;
chacun étant ensuite libre de croire ou de ne pas croire....Nous sommes tombés
dans le piège d’une fausse laïcité qui nous a fait renoncer à une grande partie
de ce qui est catholique dans notre foi ; normal puisque tout se vaut,
puisqu’il n’y a plus d’hérésie, puisqu’il n’y a plus de péché, puisqu’il n’y a plus
d’enfer…
Nous ne cherchons
plus Dieu… Nous n’avons plus de but commun et partagé en dehors de tout
ce qui a été préempté par l’industrie, la technique, le virtuel et la finance !!!!
Une fois que l'on
a dit tout cela, que l'on a posé ce diagnostic, la question est de savoir si
cette civilisation peut renaître ou si une autre civilisation – chrétienne -
peut renaître.
II –
LA CIVILISATION PEUT-ELLE RENAITRE ? SI OUI, SOUS QUELLE FORME ET
COMMENT ?
On n'a jamais vu
une civilisation renaître à l'identique. L'histoire ne repasse pas les plats.
Il y a des points
de non-retour, irréversibles, des moments de bascule dans l’évolution d’une
civilisation tels que toute réforme devient impossible…
C’est ce qu’il
faut avoir à l’esprit afin de déterminer la conduite à tenir.
Si nous devons
impérativement tirer des leçons du passé et par exemple nous inspirer de
l'œuvre du monachisme occidental à la suite de l'effondrement de l'empire
Romain et de toute la construction de cette civilisation chrétienne pendant la
période du moyen-âge, il ne faut surtout pas sombrer dans ce que l'on pourrait
qualifier d'utopie rétrograde.
C'est l'erreur de
beaucoup de milieux catholiques aujourd'hui, partagés entre le passéisme et
l’illusion moderniste. Un attachement aveugle, manquant de lucidité et de
clairvoyance, à tous les produits de cette civilisation qui s'écroule sous nos
yeux conduit à l'enfermement et à l'accélération de la chute. Ecoutons
Toynbee : « L'aboutissement inévitable d'un mouvement qui se veut
archaïque est en fait un nouveau départ [...] dans ce mouvement, l'élément
archaïque et simplement l'enveloppe de ce qui sera la graine du futur ».
Il y a un juste
équilibre à trouver entre la recherche des solutions du passé et la conscience
lucide de l’impossible retour en arrière. Pourquoi ne pas nous inspirer des
évêques du XII° siècle faisant démolir des églises récemment construites (moins
d’un siècle) pour édifier des cathédrales comme Notre Dame de Paris ou celle de
Laon ? Paradoxal pour nous qui sanctuarisons tous les édifices du
passé sans n’avoir plus aucune notion de notre dette vis-à-vis de ceux qui
nous ont légué le capital immatériel dans lequel nous avons forgé notre
identité !... Le moyen âge n’avait pas de musée mais en même temps les
personnes étaient conscientes de ce qu’elles recevaient de leurs ancêtres et
parents et elles réussissaient à transmettre ce legs. Où est l’erreur ?
Une civilisation
ne peut naître ou renaître que comme on fait pousser une nouvelle fleur. Il
faut tout d’abord des conditions matérielles stables. Il faut de l’ordre. Et il
faut une saine conception de la loi naturelle, une incarnation de la parole
évangélique du Christ, du catéchisme et des sacrements à travers la liturgie
éternelle. Mais à la condition de chercher le bien des âmes c’est-à-dire qu’il
faut le souffle de la charité ; le « voyez comme ils s’aiment »
dont étaient qualifiés les premiers chrétiens. Mais excusez-moi il ne s’agit
pas de faire des élevages de grenouilles de bénitier ! Il faut retrouver
le sens de la distinction des domaines du spirituel et du temporel, des
prérogatives du laïcat et des clercs.
Ce sont les
besoins des âmes qui doivent nous guider, comme au moyen âge, comme par exemple
pendant de XII° siècle.
Or si on a pu
parler de civilisation chrétienne c'est précisément au regard des éléments que
je viens de souligner et parce qu’elle permettait de créer un ordre fondé sur
les trois piliers décrits par Donoso Cortès. L’autorité, l’obéissance, l’abnégation
et le sacrifice et la charité ….
La civilisation
chrétienne a pour caractéristique de créer des espaces d'authentique liberté,
de ne forcer personne à croire tout en empêchant personne de croire. Tel est le
cœur opérationnel de la transmission de son contenu.
Résister et transmettre. Pour cela notre action individuelle et collective reste possible. Elle consiste à transmettre des bribes résiduelles mais importantes d’éléments constitutifs de la civilisation chrétienne qui seront nécessairement utiles pour tenir et aider à la renaissance. C’est un devoir !
Et il faut aider
ceux qui transmettent.
La renaissance
sera chrétienne mais sous une autre forme. A ces conditions
matérielles, morales, culturelles, intellectuelles et spirituelles une
civilisation nouvelle, produit de la culture, des cultures ?, du temps,
pourra renaître. Elle sera la fleur ou le fruit. Elle sera chrétienne si elle
est centrée sur la recherche de Dieu et sur la contemplation, l’émerveillement
en même temps que sur la loi naturelle. Il ne s'agit de bigoterie; mais si on parle de civilisation chrétienne on ne peut faire l'impasse sur la religion et ceux qui l'ont reçue n'ont pas le droit de la taire et d'en minimiser le "logos". …..
La civilisation viendra par surcroit ! Nous ne savons pas ce qu’elle sera. Ayons l’humilité, la détermination et l’abnégation des moines du Moyen Age. Tels les travailleurs de l'ombre, de ces braises incandescentes, reçues en legs frémissant du passé, faisons des pierres d'attente; de notre marche rapide dans la nuit résultera le sillage que trace lumière pour reprendre les mots de Don Gérard Calvet.
Cher Bernard, quel formidable discours sur la civilisation chrétienne qui a construit et humanisé tout l'occident, y compris, en son sein, ses farouches détracteurs qui ne cessent de prôner la culture de la solidarité et de la liberté.
RépondreSupprimerJ'ai malgré tout une réserve de taille par rapport aux hérésies que vous dénoncez et le protestantisme en particulier dont vous dites que l'église catholique aurait cessé de la combattre. Il me semble que l'église, en tant qu'institution aurait mieux fait d'assimiler le protestantisme, d'en intégrer les apports substantiels. Au lieu de ça, l'institution s'est rabougrie dans une attitude hostile au monde.
Pardonnez-moi de manquer de modestie en citant un exemple personnel : ayant écrit un roman sur un saint du Haut moyen-âge, j'ai fait la démarche d'aller l'offrir au curé de la paroisse qui porte le nom de ce saint. Je m'attendais à de la curiosité de sa part. Au contraire, sans avoir lu l'ouvrage, il m'a gratifiée d'un sourire méprisant, quasi haineux, pour celle qui a osé écrire sur un sujet réservé aux clercs.
Je préfère l'église du moyen-âge, militante d'amour, à celle de nos jours, aigrie et recroquevillée sur ses certitudes.
Je ne sais si c'est la fin de la civilisation chrétienne mais c'est certainement la fin d'une institution qui a bien cherché ce qui lui arrive.