Lecture éclairante au cœur de la purée de pois de la médiocrité ambiante et régnante. Je viens de dévorer le livre d'Henri Peter la rose blanche : le récit de la résistance de quelques chrétiens contre le nazisme. Une leçon de conscience d'actualité.
Hans et Sophie Scholl sont l'illustration de la force invincible
de la résistance individuelle. Comment des jeunes gens à peine majeurs
originairement engagés dans les jeunesses hitlériennes ont-ils pu trouver la
force de s’en désengager et de défier un pouvoir tout puissant et
totalitaire ? Leur histoire est celle de la découverte et de
l'approfondissement des principes fondateurs de toute vie en société, de la force
invincible de la conscience, dans la droite ligne de la doctrine du cardinal
Newman et bien sûr d’Antigone.
Ils étaient soumis en Allemagne à un pouvoir auquel rares
étaient ceux qui avaient le courage de s’opposer.
Ils savaient qu’ils risquaient leur vie. Rien n’y fit.
Rien ne les détourna de leur résolution tragique. Ni inconscience, ni endoctrinement.
Voyons.
Dans une de ses lettres à son fiancé Sophie Scholl écrit « la
personne humaine ne doit pas être ambivalente parce que les choses sont
ambivalentes ».
L'ambivalence du conformisme et du relativisme étaient prégnants
face au nazisme. Comme par hasard.
Hans et Sophie Scholl ont entre autres lectures
fondatrices découvert et médité les confessions de Saint Augustin « Ne
sors pas de toi-même, rentre en toi-même, car la vérité habite le cœur de
l'homme ». C'est ainsi qu’Hans put écrire « je sais bien que
je ne trouve la vérité qu'en moi. » Et : « je n'ai pas le
pouvoir d'empêcher qu'aujourd'hui la racaille dirige le monde, mais je peux,
Dieu soit loué, m'opposer, aussi faible que je sois, à ce qu'on puisse
expliquer le monde par la canaille. Sur ce point je ne suis pas impuissant ».
Et se référant à Claudel « il fallut que la nuit fût pour que cette
lumière parut ».
Recoupement significatif et révélateur avec Alexandre
Soljenitsyne qui écrivit : « Je n'ai pas la force, tout petit individu
que je suis, de m'opposer à l'énorme machine totalitaire du mensonge, mais je
peux au moins faire en sorte de ne pas être un point de passage du mensonge.
»
Nous n'avons pas tous les moyens d'être des héros.
L'époque ne l'exige d'ailleurs peut-être même pas de nous. Mais ne pouvons-nous
pas tirer de cet exemple une leçon essentielle ?
Il suffit de chercher. Il suffit de lire. Il suffit
d'essayer de comprendre. Il suffit de se former et de se conformer à ce que l’exigence
de vérité nous permet de découvrir. Car ces jeunes adultes, à peine sortis de l’adolescence
ont cherché, lu, réfléchi, médité pour agir jusqu’au sacrifice de leur vie.
Pour notre part, nous devons sortir la tête de l'eau. Le
tourbillon ne doit pas nous emporter, quelle que soit sa force ou son caractère
apparemment inéluctable. Nous n’avons pas le droit de nous résigner à l’abandon
de la France à une classe dirigeante hors sol alors que nous avons la chance de
n’avoir pas à lutter contre un Etat qui n’hésitait pas à éliminer de manière
terrifiante.
A ce sujet, Christophe Guilluy, encore lui…, est très
clair.https://urlz.fr/rg9G Et il n’est pas le seul à insister sur une évidence qui ne nourrit chez
nous que dégoût, résignation et repli sur soi. De nombreux observateurs
soulignent le divorce entre l'élite et le peuple. La première est devenue
incapable de faire partager une vision de l'avenir et du bien commun par le
second. Or il est évident que celui-ci risque d'être emporté par l'incurie de la
première.
Nous ne pouvons plus tergiverser. Alors que le peuple est
ballotté par les incertitudes du lendemain et la grande crainte de l'avenir
faute d'un présent suffisamment fort, prégnant et structurant il revient à ceux
qui en ont la possibilité et les moyens d'allumer les feux sans lesquels les
lendemains resteront sombres, envahis par l’obscurité de la médiocrité, des
ambitions et surtout de la lâcheté.
Nous sommes le peuple.
Nous sommes potentiellement les acteurs vivants du
redressement.
Si l'élite est incapable de proposer les termes et les
conditions du sursaut il nous revient de le faire à sa place.
Les maux sont connus : Conformisme, relativisme,
confusion du mensonge et surtout refus du réel.
Face à un Etat devenu incapable d'exercer l'autorité
nécessaire au service du bien commun une élite de substitution doit a minima
exprimer son refus de la connivence si elle n'a pas les moyens de s'ériger immédiatement
en nouvelle autorité.
Rien ne pourra renaître si les liens premiers, initiaux,
fondateurs de la vie en société ne revivent pas, ne retrouvent pas leur force
de cohésion et de civilisation.
Face à un débat politique réduit au néant nous devons
imposer le respect des fondamentaux, des évidences, des certitudes sans
lesquelles l'avenir ne sera pas ce dont nous avons besoin.
Face à la chappe de plomb jacobine, entretenue dans les grandes
métropoles, à coups de clichés nourris de fausse bien-pensance et d’idéologies
dépassées, nous devons faire comme Vaclav Havel et le petit nombre de ses
compatriotes tchécoslovaques qui croyaient encore en leur nation envers et
contre une puissance alors considérée comme imbattable. Se réunir, se soutenir,
se former, se convaincre que rien n’est fini ni perdu ! Et agir !
Retrouver le sens de la proximité et de l’amitié au
service du réel et du vrai.
Le pire mal qui nous ronge n’est-il pas dans cette
habitude de plus en plus partagée qui dissuade de parler politique, religion ou
culture dans les cercles de proximité, d’amitié et de famille ? C’est
pourtant là et nulle part ailleurs que la renaissance d’un Etat digne de ce nom
pourra plonger ses racines et faire remonter la sève du renouveau.
Hans et Sophie Scholl et leurs amis sont des exemples à méditer
et à suivre alors que le totalitarisme qui nous asphyxie n’est qu’un théâtre d’opérette
dépassé et en perte de repères. Il est peut-être encore temps alors que
certains agitent les haines. Il est en réalité toujours temps de se conformer à sa
conscience et de ne pas la faire taire alors qu’elle nous montre la voie.
Pour ne pas être un point de passage des mensonges, j'ai décidé de manifester ma protestation sur les plaques d'immatriculation de ma voiture... c'est assez visible pour que de nombreux regards s'y portent... (voir sur le site en signature)
RépondreSupprimerBravo!!!
SupprimerCher Bernard,
RépondreSupprimerTa suggestion de réintroduire les conversations politiques dans les cercles amicaux et familiaux me paraît une très bonne idée… à manier cependant avec précautions au regard de l’hétérogénéité de pensées souvent constitutive
… Constitutive de ces lieux où souvent la recherche de la paix et de la sérénité apparaît peu compatible avec l’instillation de germes de division prosélytes…
RépondreSupprimerTout à fait d'accord sur l'introduction des conversations politiques dans les cercles amicaux et familiaux; mais il faut aussi que chacun de nous se muscle le cœur pour pouvoir parler et agir avec courage et exemplarité comme les Scholl !
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