REMARQUES SUR LA SITUATION EN UKRAINE

Je vous propose très modestement quelques remarques personnelles alimentées par mes réactions, lectures et réflexions suite à l'accélération des évènements par rapport à l'Ukraine et la Russie à la suite des événements de ces derniers jours et du sommet de Londres de ce jour.

1. Tous les commentateurs mainstream continuent de traiter la guerre de manière simpliste et manichéenne - le méchant et les bons - se refusant à intégrer enfin dans leurs analyses les responsabilités tant américaines, que françaises et allemandes - garantes des accords de Minsk qu'elles n'ont pas su faires respecter -, qu'ukrainiennes dont le pouvoir ultra nationaliste mis en place avec la complicité américaine a refusé le statut de neutralité qui aurait sans doute pu éviter l'agression russe.
2. Tout le monde oublie d'insister sur la très grande responsabilité occidentale et particulièrement anglaise d'avoir dissuadé Zelenski de conclure et de signer les accords qui avaient été négociés avec l'entremise de la Turquie dès le début du conflit.
3. La fin de la guerre semble inéluctable, d'où l'accélération… , car il n'y aura bientôt plus de moyens matériels et humains pour permettre à l'Ukraine de se battre. Les derniers crédits votés aux USA sont presque épuisés et les européens n'ont pas les moyens de s'y substituer. L'Ukraine arrive de moins en moins à recruter des combattants.
4. De l'avis unanime de tous les observateurs militaires l'Ukraine a perdu militairement. 
5. Le Président D. Trump l'a clairement réaffirmé au Président Zelenski après n'avoir cessé de l'annoncer avant et après son élection.
6. Les dirigeants européens ne se sont manifestement pas préparés à la nouvelle donne résultant des options de D. Trump pourtant annoncées depuis des mois; ce qui ne manque pas d'étonner.
7. L'entretien public qui nous a tous offusqués doit être replacé dans ce contexte, sachant que les échanges violents intervenus suivent 40 premières minutes d'entretien sans incident et semblent être résulté de l'insistance mise par le Président Zelenski à réclamer ce qu'il savait que les USA ne voulaient plus lui accorder sans que ces remarques ne puissent justifier l'attitude violente et humainement insupportable de D. Trump tant vis à vis de son interlocuteur que de son peuple. A ce sujet H. Guaino faisait remarquer que Trump a fait à Zelenski ce que Roosevelt avait essayé de faire avec de Gaulle.
8. Les Anglais et les Français et Mme Van Der Layen qui saisit toutes les opportunités pour étendre son champ de compétence au mépris de la lettre de la constitution européenne, veulent organiser la paix projetée par D. Trump et apparemment conclue avec V. Poutine - très bien si le projet tel qu'avancé par les européens est crédible - et constituer une force militaire censée devoir à terme garantir la paix en Ukraine. Y a-t-il une ambiguïté de plus de leur part? Il ne faudrait toutefois pas que sous prétexte de la peur affirmée de voir la Russie chercher à envahir d'autres territoires, ils créent une situation conflictuelle avec la Russie qui pourrait alors pour le coup ouvrir la voie à une possible guerre mondiale. A ce sujet notons que la crainte à l'égard des visées expansionnistes n'est pas partagée par nombre d'observateurs et analystes sérieux; je ne citerai que Pierre Lellouche par exemple. Or il est évident que la volonté d'engagement d'une force armée européenne sur le territoire ukrainien sera perçue par la Russie comme une volonté guerrière alors que la paix acceptable par la Russie passera par une neutralisation du territoire ukrainien, à la finlandaise après 1945, ne nécessitant pas l'engagement d'un force d'interposition. Initiative qui par ailleurs signerait la fin de l'engagement de l'OTAN et des USA qui ne veulent pas voir se créer une situation mettant face à face les armées russes et franco-anglaises avec la garantie de l'OTAN dont par ailleurs nous ne pouvons pas nous passer.
9. Il ne faudrait pas que les dirigeants européens en perte de légitimité et confrontés à une crise économique dont ils sont les premiers responsables, et désireux de poursuivre la construction fédéraliste envers et contre les traités, veuillent en sortir par une fuite en avant belliciste dont l'histoire nous montre qu'elle est un grand classique. A ce sujet la déclaration de notre ministre de l'économie et des finances, par ailleurs incapable de s'attaquer à la réduction de nos dépenses publiques, prônant la constitution d'une économie de guerre est particulièrement inquiétante. Il en est de même de la volonté de mettre en place un financement européen du réarmement européen.
10. Enfin, last but not the least, quelle est la volonté réelle du Président E. Macron par rapport au partage de la force nucléaire de la France? Il s'est en effet dit prêt à « ouvrir la discussion » sur une dissuasion nucléaire européenne; même si son ministre de la Défense a précisé - corrigé ? - que la dissuasion nucléaire « restera » française « de la conception et la production de nos armes, jusqu'à leur mise en œuvre sur décision du président de la République », mais qu’en même temps « nos intérêts vitaux comportent une dimension européenne ». Alors partage? Redéfinition de nos intérêts stratégiques? 
11. Il faut en toute hypothèse sortir de la confusion entre défense européenne et armée européenne.

L'enjeu n'est-il pas de savoir si nous allons accepter de tirer les conséquences des erreurs commises et de faire œuvre de pragmatisme et non d'idéologie manichéenne pour sortir de la crise gravissime que nous traversons en vue de la paix afin d'éviter au peuple ukrainien de continuer d'être saigné à blanc.

Les jours prochains nous en diront plus….