samedi 14 janvier 2012

AGIR EN CONSCIENCE...

Je vous ai laissés avec mon projet de grain de sable à mettre dans les rouages ; une histoire qui ressemble à celle de David contre Goliath à laquelle vous ne croyez toujours pas. Comment s'y prendre, par où commencer ? Pour répondre à ces questions il faut chercher le point faible de notre civilisation en crise.


L’histoire peut encore une fois nous aider ; et il ne faut pas regarder très longtemps en arrière pour s'apercevoir que toutes les grandes évolutions historiques, les crises, voire les révolutions ont été provoquées par la conjonction d'actions humaines déterminées et des faiblesses du système de domination en place. La Rome païenne bute sur la détermination des chrétiens acceptant le martyr sans faiblir. La monarchie française est déstabilisée par son incapacité à s'adapter à une nouvelle pensée qui a envahi les esprits et à faire évoluer ses structures politiques, économiques et sociales. Le système soviétique explose face à la volonté d'hommes libres revendiquant le droit de s'exprimer, de penser, de vivre autrement que sous un carcan totalitaire.


Pour nous, de quoi retourne-t-il ? Nous avons vu que notre époque est caractérisée à la fois par sa complexité et par un transfert de pouvoirs au profit d'une oligarchie ainsi que par une crise économique trouvant son origine dans la financiarisation et la virtualisation de l'économie réelle. Autour de l'homme moderne tout devient artificiel, abstrait, anonyme, déresponsabilisant. Il n'y a plus de réponses satisfaisantes aux inégalités, aux injustices et aux misères. À cela s'ajoute l'inaptitude foncière de notre civilisation à répondre aux inquiétudes spirituelles de l'humanité comme l'ont souligné les grands témoins du siècle passé que sont par exemple Malraux ou Saint-Exupéry, pour ne citer qu'eux…


Les insurgés et les indignés tentent d'apporter une réponse. Elle ne me semble pas la bonne. Il s'agit de réactions épidermiques qui ne vont pas à la racine du problème. Elle comporte encore une caution du système pourtant dénoncé et mis en cause. On ne peut pas se contenter de réagir, de protester, de s'indigner pour être efficace. Il faut poser des actes.


Notre problème est que nous nous sommes laissés endormir dans un édredon confortable. On nous a bercés dans l'individualisme et le relativisme. On nous a convaincus que nos actions individuelles étaient neutres. Chacun agit dans son coin, fait ce qui lui plaît. Dès l'instant qu'il paye, qu'il encaisse, qu'il reçoit, qu'il transfert, qu'il profite, c'est-à-dire qu'il agit dans le cadre d'un échange économique tout va bien, cela est suffisant. Il n'y a plus ensuite qu'à mettre un bulletin de vote dans l'urne. La boucle est bouclée. C'est comme cela que l'on gomme l'humanité. Or l'homme a besoin d'humanité… De la même manière que le citoyen a été coupé de toute dimension spirituelle dans sa vie sociale publique il a perdu toute notion de la dimension humaine des actes qu'il pose. Oui tout est devenu neutre, comme dans « Le meilleur des mondes ».


Or, la spécificité de l’acte humain est d’avoir une dimension morale qui donne sa forme particulière à la société. C'est cela que nous avons oublié. Sans morale pas d’humanité, pas de société pérenne, durable, porteuse, bénéfique. C'est là que se trouve le point faible dans lequel peut se nicher notre grain de sable.


Il faut donc se poser la question de savoir quelle est la dimension morale de chacun des actes quotidiens que nous posons. L'achat de notre nourriture quotidienne, celui d'une voiture, de vêtements au meilleur prix. Le choix dans l'organisation de nos vacances ou de notre temps libre. Les priorités scolaires, éducatives ou parascolaires dans l'éducation de nos enfants. Notre utilisation de la télévision, d'Internet etc. Notre regard sur les oeuvres d'art. Notre manière de visiter une exposition ou un musée. Notre écoute et notre lecture des informations données par la télévision, la radio ou la presse. Rien n'est neutre ! Tout nous engage. Si j’achète un vêtement qui a été fabriqué par un enfant chinois exploiter, ce qui me permet de me l'offrir…, sans me poser de questions sous prétexte qu'il a été fabriqué à des milliers de kilomètres, très très très loin de moi, et que je paye avec ma carte bancaire sans avoir l'impression vraiment de dépenser de l'argent, est-ce que je fais quelque chose de socialement neutre? Certes je ne peux pas aller faire la police en Chine. Certes s'il n'y a que moi pour ne pas acheter cela ne changera pas grand-chose. Mais, si je cherche bien, si j'appelle ma conscience et que je la réveille. Puis-je encore me regarder de la même manière dans ma glace ?


Cette dimension morale de chacun des actes que nous posons du matin au soir nécessite de se référer à des notions comme le bien et le mal. Nous y voilà ! L’ordre moral !... Qu'est-ce qui est bien ? Qu'est-ce qui est mal ? En réalité, au-delà de ce questionnement convenu et remis en cause par le relativisme, au fond de nous-mêmes nous savons très bien ce qui est bien et ce qui est mal. Or le problème est là et nulle part ailleurs. Ce n'est pas pour rien d'ailleurs si notre culture moderne le relativise en permanence. Elle a ainsi ôté toute pertinence, toute force, toute influence à l’acte individuel et personnel de chacun. L’exercice, grâce à notre conscience, de notre pouvoir moral est l’une clé de l’évolution de nos sociétés. Il est d’une force dont nous nous sommes lâchement laissés persuadés qu’elle était réduite et limitée. Un homme qui refuse les conditionnements et les influences pour ETRE !


Je repense à cette réponse d’un chef d'entreprise qui refuse de vendre l'un de ses produits au prétexte qu'on ne veut pas lui dire ce que l'on va en faire. Son « client » lui répond qu'il est prêt à le dégager de sa responsabilité pour qu'il le vende. Et il refuse en objectant qu'il ne veut pas renoncer à sa responsabilité !


Il est tellement facile de renoncer à sa responsabilité….C’est tellement fort d’affirmer sa détermination et de s’appuyer sur sa conscience, la seule part de nous-mêmes qui soit irréductible à toute influence exterieure.


Voilà…, je vous invite à vous interroger sur tous ces actes quotidiens que vous posez, et à en refaire des actes moraux, à réfléchir avec vos proches à la question de savoir comment s’y rendre. À faire vos choix, en conscience. Et vous mesurerez combien cela peut être important et dans quelle mesure c'est en passant par là que nous provoquerons et permettrons la renaissance d'une société du bien commun. Rappelez-vous l'histoire de la petite fille rousse de Chesterton. Si elle est toujours en exergue sur ce site, ce n'est pas pour rien……

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