lundi 16 avril 2018

PLENEL ET BOURDIN ICONES DE LA VIOLENCE DE NOTRE SOCIETE


J’ai tenu à regarder l’interview du Président de la République hier soir. Je voulais absolument mesurer et pouvoir apprécier sa confrontation avec les deux journalistes provocateurs qu’il avait invités pour cet exercice. 




J’ai d’une part été frappé par l’irrévérence volontaire de ces deux hommes sans cravate ni élégance, au regard plein de défi, qui n’ont jamais entendu reconnaître en l’homme qui était face à eux le président de la république, incarnation de la nation. Mais j’ai aussi été interpellé par la violence de leurs mots, de leurs questions, de leurs agressions verbales. Ce faisant, je ne me suis pas senti dépaysé compte tenu de l’actualité. Le spectacle digne d’un combat de boxe était en phase avec notre époque.

La violence envahit l’actualité, dans les facultés, à Notre Dame des landes. Récemment, à l’occasion d’une manifestation contre la politique du gouvernement, un mannequin à l’effigie d’Emmanuel Macron y a été pendu par des manifestants dont certains avaient le visage masqué, rapporte le Huffington Post. Un individu s’est alors avancé et a asséné plusieurs coups de poing au mannequin avant que celui-ci ne soit brûlé. Une mise en scène approuvée un peu plus tard par un porte-parole du syndicat Solidaires, interviewé par Télé Nantes : « Nous sommes solidaires des jeunes qui ont pris l'initiative de brûler cette effigie [d'Emmanuel Macron]. Il est plus que jamais nécessaire […] de lui faire rendre gorge »[1]. Nicolas Domenach a lui aussi fait ce parallèle ce soir sur RTL.

Cet incident m’a encore rappelé l’épisode d’une chasse aux DRH dont la presse s’était rapidement faite l’écho et dont une analyse approfondie avait été faite par Jean Grimaldi d’Esdra à laquelle je vous renvoie[2].

Cette fois-ci, il n’est plus question d’humour. Eddy Plenel pas plus que Jean-Jacques Bourdin n’ont cherché à faire rire. Ils étaient au contraire très sérieux et imbus d’eux-mêmes, convaincus d’être dans le ton, le bon ton, et d’avoir une attitude ajustée. Quant aux manifestants de Nantes ils étaient, eux aussi, très sérieux dans le registre de la manifestation comme ceux qui saccagent aujourd’hui nos universités ou comme les zadistes qui blessent nos gendarmes.

Je me souviens d’une vieille tante qui me disait toujours que l’on dit plus difficilement « vous m’emmerdez » que « tu m’emmerdes » justifiant ainsi un vouvoiement qui n’est plus de mise dans notre société. L’attitude des deux journalistes d’hier soir illustre la destructuration de ce formalisme social par le monde moderne. Le double choix de la violence verbale  et du manque de respect volontaire, fait par ces deux hommes a une cohérence ; il est « conforme ». Il est dans le ton !

Or, il est beaucoup plus facile un jour ou l’autre d’être violent à l’égard de quelqu’un qui incarne une institution lorsqu’on la délégitimé dans les faits. Il en va de l’homme d’état, comme de l’enseignant, du dirigeant, du juge ou encore du parent.

Cette violence faite d’irrévérence, de manque de respect, de laisser aller vestimentaire, de mots, d'injures, de provocations reflète un contexte social inquiétant. Elle constitue les préliminaires à la violence physique qu'elle rend possible. Déjà, le président Sarkozy avait été bousculé, faisant tout pour l’être. Notre président Emmanuel Macron savait à quoi il s’exposait. Son choix fut un calcul. Un calcul dangereux…

Il est à souhaiter que sa politique aboutisse faute de quoi nous n’aurons pas d’autre alternative que les extrêmes avec leurs errements, leurs défoulements, leurs excès et… leurs violences. Le problème est que cette politique n’est pas nécessairement la bonne à tous les points de vue et qu’il n’est pas assuré qu’elle soit couronnée de succès…

Alors ?


[1] file:///C:/Users/bernard/Desktop/Nantes%20%20%20un%20mannequin%20de%20Macron%20mis%20%C3%A0%20mort%20par%20des%20manifestants%20%20%20Valeurs%20actuelles.htm
[2] https://www.jean-grimaldidesdra.com/single-post/2017/10/19/Chasse-aux-DRH-la-violence-affich%C3%A9e-des-mots-la-violence-cach%C3%A9e-des-images

7 commentaires:

  1. La violence appelle la violence. L'humiliation et l'impuissance en sont souvent la source. Si le Président de la République est malmené, si nos institutions sont chahutées, si le respect de l'autre est en péril, peut-être peut-on y voir un dommage collatéral du mépris et du cynisme généralisé de certains qui n'ont de cesse de vouloir manipuler les masses en les abrutissant pour qu'elles servent un système qui a besoin de gens aliénées et dociles.
    La violence est partout, de tous bords, de tout temps...mais à qui cela profite ?

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    1. Vous avez raison. Un bémol sur votre conclusion. Personne ne tire directement les ficelles. Quant au profit... Je crains qu'il n'y ait que des perdants....

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  2. Cher Bernard,
    j'ai regardé aussi, de bout en bout, le "procès" en direct de noire Président de la République, et me suis senti presque personnellement "humilié" par le sans-gêne et l'agressivité outrancière dont ont fait preuve ces deux juges perclus de certitudes et détenteurs de La vérité...
    Ce qui me surprend, c'est que la forme n'a pas pu échapper au premier cercle présidentiel dans la préparation de cette pièce de théâtre, et qu'elle a donc été validée...
    Et je demeure donc perplexe sur la démarche ou sur ce qu'elle cache.
    Il y a des choses que Jupiter ne devrait pas accepter.
    A force de dire à chacun ce qu'il souhaite entendre (cela vaut aussi pour les évêques de France), et sous la forme (ou en l'occurrence l'absence de forme) dont certains se nourrissent, il prend le risque d'afficher une illisibilité sans synthèse possible.
    Bien à toi.
    CR

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    1. Je crains que notre Président ne joue à l'apprenti sorcier....

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  3. Le show de dimanche soir où M. Macron est volontairement descendu dans le caniveau pour se faire humilier par E. Plenel et JJ. Bourdin me fait penser à la ballade nocturne de M. Hollande en scooter : dans les deux cas, le président a porté atteinte à la dignité de la fonction présidentielle. Le président devrait être le gardien vigilant des institutions et en particulier de celle pour laquelle il a été élu. Cette humiliation recherchée est une grave faute.

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  4. Je suis d'accord; voir mon commentaire précédent, il joue à l'apprenti sorcier!

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  5. C'est effectivement très préoccupant.
    Lejour où il n'y aura plus de règles ces mêmes pitres crieront"à l'anarchie"...! A.T.

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