dimanche 5 janvier 2020

LES VOEUX DU PRESIDENT: LE PRURIT DE LA REFORME


Il a bien parlé ! Emmanuel Macron a présenté des vœux volontaristes et ambitieux pour la France. On avait envie d’applaudir… Du grand art ! Sauf qu’« en même temps » à la relecture, car j’ai pris la peine de le relire[1], on peut rester dubitatif, tant le fond sonne creux !


Notre quadragénaire de Président coche toutes les cases de la social-démocratie moderne avancée. Emmanuel Macron est maître dans l’exercice du « en même temps » qu’il a inventé. Il est parvenu à désarmer la gauche et la droite et à réussir le vieux rêve de VGE, 2 français sur 3. Chapeau l’artiste ! Sauf qu’il est dans l’imprécation et l’autosatisfaction.

Relisons la proclamation centrale de son allocution :

« Je prends ce soir devant vous l’engagement de consacrer toute mon énergie à transformer notre pays pour le rendre plus fort, plus juste, plus humain.
J’ai conscience que les changements bousculent souvent. Mais les inquiétudes ne sauraient pousser à l’inaction. Car il y a trop à faire.
Je mesure aussi combien les décisions prises peuvent parfois heurter, susciter des craintes et des oppositions. Faut-il pour autant renoncer à changer notre pays et notre quotidien ? Non. Car ce serait abandonner ceux que le système a déjà abandonné, ce serait trahir nos enfants, leurs enfants après eux, qui alors auraient à payer le prix de nos renoncements. »

Réforme, action, changement !

Il est dans l’action, on ne peut pas le lui enlever… mais pour quoi faire ? C’est LA question. Dans quelle direction ? Quel est son projet ? Performer. Réformer… Toujours réformer. Il a le prurit de la réforme!... La performance et la réforme sont ses dogmes. Si pour le révolutionnaire la révolution est tout, pour le réformiste la réforme est tout… Construire la société ! Toujours construire, réformer, refaire, changer ; éternellement. Le cœur du projet social-démocrate est la praxis de la réforme et de la construction de cette société accusée depuis J.J. Rousseau d’être à l’origine de tous nos maux. Or la société est un fait ; elle est par la force des choses. Nous n’avons pas à la construire mais modestement à lui permettre de remplir son rôle le mieux possible. 

Nous ne savons plus vivre sans la tutelle de l’État ; c’est vrai dans tous les domaines. François de Closets démontre dans un récent article[2] que le français contemporain n’accepte plus spontanément le moindre sacrifice au profit du bien commun de telle sorte qu’il a besoin d’incitations en provenance de l’Etat pour adhérer au projet commun. Le corps social ne vit plus par lui-même. D’où le constructivisme social. Les béquilles juridiques stigmatisées par Soljenitsyne dans son discours à Harvard. Serions-nous devenus des « handicapés sociétaux » ?  

Emmanuel Macron a eu deux coups de génie afin de se dissocier de ses prédécesseurs et nous faire croire qu’il mènerait une politique différente.
Le premier a consisté à nous faire croire que ses réformes sont libérales alors qu’elles sont socialistes car étatistes ; constructivistes.

Le second a consisté à faire croire qu’il réformait pour de bon.  Éducation, SNCF, retraites… Alors qu’il ne touche pas au cœur du système de l’appareil d’État protéiforme et paralysant dont nous supportons la charge et dont nous souffrons au risque d’étouffer collectivement et individuellement.

Deux trompe l’œil.

Le constructivisme social et sociétal se caractérise par la déconstruction de la société.  C’est ainsi qu’il s’est attaqué à sa cellule de base, la famille. Remarquez comme le trait commun de toutes les politiques menées depuis 1974 a été la destruction de la famille, avec une efficacité inconnue dans les autres domaines ! C’est même le seul domaine dans lequel cette politique fut efficace… La seule « réussite » de 45 ans de social-démocratie ! La seule…

Le second trait commun est l’absence de toute action concrète pour dégraisser le mammouth de l’Etat, pour réduire l’emprise étatique sur nos vies ? Pas plus que ses prédécesseurs Emmanuel Macron n’y a pas touché…. Malgré ses engagements. Toujours pas… Et, pour le coup, il n’en a pas dit un mot dans ses vœux !

Ce sont les deux constantes de la réforme. Toujours moins de société au sens vitalisant et structurant ! Toujours plus d’État ! 

Et malgré les différences de façade, force est de constater qu’on nous fait le coup à chaque élection … Lequel de nos Présidents depuis Georges Pompidou ne s’est pas présenté à nos suffrages pour réformer et nous promettre un monde meilleur, voire même le bonheur pour François Mitterrand, alors que ce n’est pas ce que nous devrions attendre de l’État ?

Le libéralisme et le socialisme sont des frères siamois dont les gènes communs sont l‘argent et la solitude forcée de l’homme dans une société étatisée, réglementée et judiciarisée. Leurs figures de proue en sont Madame Schiappa et Bernard Arnaud ! la déstructuration sociétale et le mythe de la fortune sont les deux mamelles de la réforme…

Aussi pour ma part au seuil de cette nouvelle décennie je formule le vœu que nous parvenions enfin à nous sortir des tentacules de la pieuvre réformatrice asphyxiante… J’espère que le temps pourra faire son œuvre…. Comme la sagesse et le bon sens … à moins que nous ne sombrions dans le suicide collectif prédit par Igor Chaffarevitch… Mais il y a toujours un printemps pour les peuples à charge pour ces derniers d’en identifier les signes annonciateurs et de ne pas se laisser paralyser par les glaciations hivernales….

Dieu merci 2000 ans de Christianisme nous ont appris que rien n’est jamais irréversible et que le sens de nos vies est déterminé par notre aptitude à vivre bien dans n’importe quelles circonstances, car au fond rien ne change vraiment …

Bonne année !




[1] https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/12/31/voeux-2020-aux-francais
[2] L‘Opinion 1 et 2  janvier 2020

3 commentaires:

  1. Macron est un maître du ministère de la parole, mais on ne va pas loin avec seulement des mots, surtout quand ""les troupes"" ne veulent pas y aller (ou juste aller)

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  2. Merci de vos vœux . Évidemment vous avez mis le doigt sur la vérité de nos gouvernements successifs et pernicieux au plus haut point,Si depuis Georges Pompidou nous nous sommes laissés prendre dans les filets de la mondialisation forcenée avec ses corollaires de déshumanisations galopantes, les maîtres du jeu actuels en sont le point d'orgues, jamais jusqu'à ces dernières années le christianisme, la famille, la morale, et nos traditions (c'est la même chose pour chaque pays) n'ont été aussi menacés .

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