dimanche 22 mars 2020

C'EST A LA FIN DE LA FOIRE QUE L'ON COMPTE LES BOUSES...


C’est à la fin de la foire que l’on compte les bouses !




Sagement installés dans nos lieux de confinement nous évaluons les dispositions à prendre pour passer l’orage qui ne fait que commencer. Nous n’avons pas le droit de contester ni de critiquer. Il ne le faut pas. L’heure est à la solidarité. Nous pouvons par contre nous informer, évaluer et apprécier ce dont nous sommes les victimes. Victimes potentielles du COVID 19, victimes réelles de la mise à l’arrêt de nos économies. Nous avons le droit et le devoir de nous donner les moyens de compter les bouses quand l'heure sera venue...

Il ne faut non plus nous affaiblir par trop de critiques. Or je vois poindre à travers les réseaux sociaux et les échanges amicaux et familiaux un énervement négatif en même temps qu’une difficulté à supporter ce confinement. Pas facile, n’est-ce pas ?

Il faut positiver !

Et d’ailleurs en ce 4° dimanche de carême l’Eglise nous invitait à la joie ; dimanche de « laetare » ! Mais enfin comment être dans la joie avec tous ces « e……….s »?

En acceptant, en assumant cette épreuve, en la faisant nôtre, pleinement nôtre. Oui elle nous est donnée. C’est un fait. Notre impatience n’y changera rien, pas plus que notre inquiétude. Chaque époque a ses épreuves. Nous n’avions pas connu la guerre sur notre sol depuis 75 ans. Elle est déclarée contre toute attente dixit le Président de la République. Sauf quand même que là ce n’est pas la guerre, contrairement à ce que Jupiter a déclaré. Car la guerre nous oppose à un ennemi. Un ennemi qu’il faut battre. Le virus n’est pas un ennemi. Et nous ne le battrons pas… Nous nous soignons et c’est compliqué, très compliqué parce que nous sous sommes compliqué la tâche… Oh pardon, je déraille… ce n’est pas encore le moment de compter les bouses….

Donc disais-je il faut positiver, faire avec, faire contre mauvaise fortune bon cœur, sans rien lâcher de notre vigilance et de notre attention pour exiger que des comptes nous soient rendus quand cette tragique foire sera achevée….

Comment ? Par exemple en entretenant entre nous l’espoir d’une issue favorable et rapide à cette pandémie grâce à l’abnégation de ces médecins qui derrière le Professeur Raoult ont décidé, serment d’Hypocrate oblige…, de refuser les lourdeurs et les lenteurs de la direction de la Santé et de ses fonctionnaires soumis de près ou de loin aux puissants laboratoires pharmaceutiques qui ne voient pas d’un bon œil une solution simple, peu couteuse et brevetée depuis tant d’années… Oh excuses-moi bienveillant lecteur, je tiens décidément à compter les bouses avant l’heure…

Oui alors c’est ça il faut positiver ; j’ai un peu de mal moi aussi… 

Alors puisons dans nos bibliothèques, dans nos ressources, dans notre mémoire, dans nos fors intérieurs tout ce qui peut nous aider à bonifier et pourquoi pas à magnifier le moment présent. Si elle nous obsède notre impatience nous paralyse et nous empêche de tirer profit de ces moments de repli forcé sur nous-mêmes. Il en va de même de notre colère face à ces refus de mettre en œuvre la seule solution médicale qui ait fait ses preuves, car il n’y en a pas d’autre…. Donc revenons à nos moutons ; à nous, et à notre intériorité. 

Sujet difficile ? De quoi suis-je en train de parler ? De toi, de moi lecteur…Serions-nous si peu intéressants que cela ?

Ou alors n’avons-nous plus l’habitude, peut-être…. Il est vrai que notre mode de vie nous a fait abandonner le sujet essentiel de nos personnes, de leur être, de leur destinée. Nous sommes dans l'action, suis-je bête!

Cette quarantaine, car c’en sera une…, est en train de révéler la difficile exigence de l’épanouissement de l’être humain en tant que personne. Au fond le COVID 19 nous impose un drôle de rendez-vous, le plus facile à prendre, avec nous-mêmes, mais en même temps celui que nous avons trop pris l’habitude d’éviter. Le Cardinal Ratzinger, pas encore devenu Benoit XVI proposait une formule saisissante : "le monde est le solide édifice de notre être" que nous avons à comprendre en l’acceptant et l’intériorisant.

Ah ? Ça fait un peu confessionnal ton truc Bernard…. C’est plus facile de compter les bouses avant l’heure…de s’inquiéter, de s’énerver, de s’affoler, d’avoir peur… de céder à toutes ces réactions de notre insuffisance, de nos faiblesses. Rassure-toi lecteur, je suis le premier à tomber dans tous ces travers… D’ailleurs j’aimerais bien aller me confesser mais je ne peux pas ; il faut se contenter du for intérieur… Je m’arrête!...

Ami lecteur, je te le répète, je me le répète ça ne sert à rien de compter les bouses avant la fin de la foire…

Alors encore une fois revenons à nos moutons. Il s’agit de se mettre face à une glace, à celle du prochain qui est devenu si proche que l’on a même du mal à le supporter. Et justement s’il est devenu si difficile à supporter c’est parce qu’il nous rappelle que le COVID 19 nous impose le rendez-vous avec nous-même que nous fuyons, que nous faisons tout pour fuir.  Nos vies professionnelles sont devenues des courses éperdues et épuisantes moralement. Nos vies familiales ne sont plus qu’une addition d’activités et de recherche de joies bien artificielles. Nos vies sont connectées avec des amis qui n’en sont pas. Nous nous étourdissons dans une exposition permanente; nous nous y exprimons sans retenue en nous prenant pour les égaux de ceux qui savent mieux que nous…. etc… Mon épouse vous dirait que je suis le premier…. Faîtes ce que dis, mais pas ce que je fais… Cette vie moderne est devenue un enfer pavé de bonnes intentions, "une conspiration contre la vie intérieure" a écrit Bernanos. Le petit COVID nous le montre à sa manière.

Donc, si difficile que cela soit la providence nous place face à notre destin personnel. Plus rien ne sera comme avant. La rupture est aussi brutale que la remise en question qu’elle provoque. Je me dis d’ailleurs que j’ai beaucoup de chance de ne pas la vivre dans 40 m² en banlieue d’une grande ville… A ce sujet, hasard des circonstances…, j’ai décidé de faire des vidéos à mes petits-enfants afin de leur raconter des histoires et j’ai commencé par la vie de Bernadette Soubirous. Quel rapport ? Elle vivait avec ses parents, à 6!, dans un réduit de même pas 40 m² dénommé le cachot. Et c’est à cette petite fille de 14 ans vivant dans la misère que Notre Dame est apparue pour appeler à la conversion des pêcheurs que nous sommes. Les premiers seront les derniers, certes, mais ce n’est pas facile ici-bas pour les derniers … Le rendez-vous avec soi-même est plus exigent pour certains que pour d’autres …

Donc, pour conclure, nous sommes d’accord, on P.O.S.I.T.I.V.E. et on attend pour se disputer, le moment présent est trop précieux… Il sera toujours temps de « compter les bouses ». Bon confinement ! Et belle montée vers Pâques !


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