Il aura fallu que les Etats Unis nous exportent l’horreur
d’une police qui ne se sort pas de son enfermement dans la violence et le
racisme pour remettre le feu aux poudres en France.
A peine voyions-nous poindre la sortie du confinement que
nos anti-racistes émancipateurs de métier ont sauté sur cette très regrettable occasion
pour relancer la guerre idéologique du racisme et de son versus policier. La ficelle est grosse mais faisant appel à notre mauvaise conscience ça marche toujours ...
L’attitude ambiguë du pouvoir macronien, Castaner en tête
– le fidèle des fidèles du Président… - doit nous conduire à nous interroger
sur l’une des facettes les plus dangereuses du « en même temps » qui
a permis son élection.
L’occasion en est donnée par le très complet et
remarquable livre de recherches de Pierre-André Taguieff « L’émancipation promise »[1].
L’auteur décortique ce phénomène idéologique enraciné
dans l’histoire depuis l’éclosion de la philosophie des lumières et la philosophie
marxiste. Il rappelle tout d’abord combien elle a nourri les discours
fondateurs du Président de la République. Pour lui le macronisme est « fondé
sur deux orientations la réforme perpétuelle côté économie – où la réduction
des inégalités fait place à la promotion des gagnants – et l’émancipation sage
côté culturel et sociétal ». Pour Emmanuel Macron « la culture
permettant à l’individu de s’émanciper de tout déterminisme ». Ce n’est
pas pour rien que Marlène Schiappa est une de ses figures de proue.
L’émancipation se nourrit du progressisme qui selon l’auteur
« est le ciment qui unit le communisme et le libéralisme ». Taguieff
conclue que « La pathologie du monde moderne provient de l’érection de
l’idée révolutionnaire en principe d’organisation sociale » après
avoir démontré l’omniprésence chez les libéraux comme notre Président, du
fantasme marxiste et de la magie de l’émancipation, authentique fin dernière qui
doit être à la fois totale et sans fin, comme par exemple l’accusation de
racisme et violence policière dont nous devons précisément nous émanciper...
Taguieff met en lumière que l’idéologie
émancipatrice est un « ensemble plus ou moins organisé d’aspirations
utopistes, de convictions morales et d’illusions progressistes, articulées
autour de la promesse d’une délivrance finale du genre humain ». Plus
loin il explique que « le mot émancipation représente ce qui reste
aujourd’hui du communisme comme récit utopique dont les réalisations
historiques se sont soldées par des massacres de masse et des dictatures
déshumanisantes ».
Au passage il tort le coup à la soi-disant trahison des
idéaux marxistes par le stalinisme de même qu’il rappelle que pour Marx l’homme
vraiment émancipé est celui qui est débarrassé de toute judéité ! …
Voici des vérités utiles à rappeler au moment où le
combat entre les modernistes-réformistes-émancipateurs et les conservateurs s’annonce
comme l’enjeu des années à venir. Il aura de multiples facettes comme celle du
débat autour de la préférence nationale que le COCID vient de relancer au grand
damne des agitateurs marxistes, des trotskistes reclassés sans avoir fait leur
chemin de Damas et des libéraux européistes.
Taguieff rappelle à bon escient la doctrine conservatrice
de Michael Oakeshott opposant la « politique de foi » et la « politique
de scepticisme » traduisant selon lui la concurrence déterminante pour
notre époque entre les deux grandes théories de la « morale du bien commun »
et de la « morale de l’individualité ».
L’épidémie nous a de facto plongés dans les tourments de
cette alternative présentée par les tenants de la doxa comme opposant les sceptiques
aux progressistes, à l’exception de ceux qui embarrassés préfèrent l’occulter à
l’image de Pierre Rosanvallon dont Gérard Leclerc écrit que dans son dernier
livre « le siècle du populisme »[2] il « laisse de
côté les clivages qui opposent les conservateurs et les progressistes »
alors que selon lui « le siècle du populisme oblige à reconsidérer
complétement ce progrès qui a dominé les idéologies des deux siècles précédents »[3].
Nos révolutionnaires et nos utopistes libéraux ont pour
leur part bien compris le danger…. Aussi ont-ils saisi la première occasion
venue de tenter de nous corseter dans la soi-disant irréversibilité de leur interprétation
de la logique historique. Une histoire qui serait celle de notre émancipation totale
et absolue au nom de principes qui s’auto justifient.
Il en va ainsi de l’anti-racisme. A partir
d’un élément de vérité agrémentéde mmauvaise conscience on culpabilise l’homme social et civilisé occidental
afin de le projeter dans un univers phantasmé et utopique nourrissant une
perpétuelle fuite en avant vers un monde soi-disant meilleur....
On connait la musique !...
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