dimanche 26 juillet 2020

UN ETE AVEC GUSTAVE THIBON

Un été avec Gustave THIBON.


Nous sommes nombreux à devoir beaucoup à ce philosophe aux semelles de bon sens, ce paysan philosophe et poète, cet homme de lettres les pieds enracinés dans la terre et l'esprit tourné vers l'éternité.

Chacun a une histoire propre avec lui, celle d’une rencontre avec la lumière de l’intelligence. Pour moi tout commença par les conseils de lecture de mon père que je n'avais bien évidemment pas écoutés… La rencontre déterminante se produisit sur les bancs de la faculté par l’intermédiaire d’un étudiant truculent qui prendra une grande place dans ma vie. Il promenait une valise dans laquelle se trouvaient des livres qu'il proposait à la vente. Une bonne part d'entre eux étaient des livres de Gustave THIBON. Il y avait aussi des cassettes d’enregistrement de ses conférences. L’ami me fera ainsi notamment et entre autres croiser la voie montrée par mon père à qui je fus ensuite très fier de dire que je venais moi aussi de tomber sous le charme de ce philosophe incroyable et insoupçonnable. La providence me donna ensuite l'occasion unique de présenter l'une de ses conférences en tant qu'étudiant et donc de partager un dîner avec lui ; inoubliable ! J’ai aussi eu la chance d’écouter ses conférences qu’il donnait à l'occasion des congrès de l’Office à Lausanne, le samedi soir, dans une salle bondée et surchauffée et dans une ambiance électrique ; indicible !:

Une conférence de THIBON c'était un feu d'artifice


Or, après tant d’années voilà que l'instinct qui veille au cœur de chacun de nous m'a conduit à décider cet été de relire ses œuvres.

Je vous adresserai donc au fil de mes lectures, selon le rythme que celles-ci détermineront, de courtes « cartes postales » dont j’espère qu’elles ranimeront ou feront naître en vous le goût de le lire ou de l’écouter car il existe quelques enregistrements disponibles sur « YouTube ».

Gustave THIBON a pour moi ceci de commun avec PASCAL qu’ils nous apprennent à distinguer des ordres dans la réflexion et l’analyse, qu'il faut savoir ne pas confondre, alors que nos esprits envahis par la modernité confondent tout et ne savent plus distinguer. Il en résulte des erreurs de jugement dont ces auteurs nous préservent et nous guérissent. L'un et l'autre le font de manière différente. Celle de THIBON est éblouissante de simplicité en même temps que de pertinence et d’humour.

A peine avais-je attaqué la lecture de l'équilibre et l'harmonie suis-je tombé sur quelques réflexions d'une actualité incroyable par rapport à ce que nous vivons.


Je commencerai par là.

Une première pépite : « l'homme moderne se trouve cent fois plus désarmé devant les carences de la technique que ses aïeux devant les rigueurs de la nature ». Notre auteur en déduit cette loi que le progrès matériel restreint d'autant plus notre autonomie qu'il augmente nos possibilités. Il poursuit en constatant que l'interdépendance qui existe plus que jamais s'est étrangement déplacée du prochain vers le lointain. Les liens familiaux s'effilochent de même que les rapports de voisinage. L'habitant d'un grand ensemble se passe fort bien des services de son voisin à qui il n'adresse plus la parole alors qu'il dépend chaque jour par exemple pour le ravitaillement de sa voiture de l'Emir du Koweït et de ses puits de pétrole.

Comment ne pas voir dans ces lignes l'analyse -bien avant l'heure ! prémonitoire... - de l'un des aspects les plus frappants de la crise que nous venons de traverser et dans laquelle nous sommes encore enlisés ? N'avons-nous pas constaté combien nous avons besoin du prochain dont la richesse de la relation a été mise sous les feux de l'actualité ?

Une autre : " l'instinct grégaire est encore plus puissant en nous que l'instinct de conservation ". Les moutons de Panurge sautent dans l'abîme comme ils marchent vers le pâturage... Gustave THIBON développe cette idée à partir précisément de son analyse d'une épidémie ! Il fait état de son étonnement par rapport à la crainte que nous pouvons avoir de phénomènes épidémiques beaucoup moins dangereux que des risques auxquels nous nous exposons très facilement et sans aucune crainte ne serait-ce que lorsque nous sommes au volant de notre voiture ou de notre moto. Et pour lui la crainte légitime de la maladie et de la mort qui peut s'en suivre est aggravée par le fait qu'il est inconcevable à nos esprits modernes de devoir être emportés par quelque chose d'aussi dérisoire qu’un virus. Nous qui devons aller sur Mars… De quoi réfléchir sur nos réactions collectives par rapport au COVID et sur celles de nos politiques...

Voilà pour ce soir !

 

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