Avec « ce que dieu à uni » Gustave THIBON nous livre un traité à lire, à relire, à ruminer, à méditer et …. à vivre.
Je n'entends pas en faire un résumé ; la pensée de Gustave THIBON est impossible à résumer. En tirer l'essentiel ? Tout y est essentiel... Aussi, comme j'en ai maintenant pris l'habitude, je voudrais simplement vous donner envie d'aller à la source avec quelques citations.
A la suite de sa méditation sur la complexe confrontation entre les sens et l'esprit, notre auteur aborde la question de l'amour et du mariage puis de la purification de l'amour.
Vous y trouverez une méditation sur l'amour et la sexualité que prolonge le très complet et puissant livre de Karol WOJTYLA « amour et responsabilité».
" les époux doivent s'élever, non en renonçant à la chair comme les ascètes, mais, ce qui est peut-être plus difficile, en entraînant la chair dans l'ascension de leur âme." et plus loin " dans le mariage, le maximum de la plénitude sexuelle réciproque ne peut être atteint que si chacun des époux consent à sacrifier, dans une certaine mesure, sa plénitude sexuelle individuelle". Il poursuit, ce qui est essentiel dans son approche qui n’est absolument pas janséniste ou doloriste " ce sacrifice ne doit pas être un refoulement... Le vrai sacrifice nourrit l'âme, le refoulement l’empoisonne".
Il n'hésite pas ensuite à insister sur les différences de l'homme et de la femme au risque - à l'époque de l'égalité - de passer pour misogyne alors qu'en réalité il fait ressortir les supériorités réciproques des deux acteurs du couple. " La femme veille sur les substructures, l'homme sur les superstructures. Et je ne crois pas que ces deux fonctions gagnent à être interverties comme elles le sont souvent aujourd’hui ". Prenons l'exemple de l'égoïsme " celui de la femme consiste à s’abstraire des choses lointaines et universelles pour mieux se consacrer aux choses prochaines ; celui de l'homme à négliger dans une certaine mesure, les choses immédiates en vue d'un don plus haut et plus lointain" ; ce qui, nous dit l'auteur, ne se fait pas sans heurts. !... Et il n'hésite pas à affirmer que " l'amour de la créature, lui aussi, exige des actes de foi".
" L'authentique amour nuptial accueille l'être aimé, non pas comme un Dieu, mais comme un don de Dieu où Dieu est enfermé. Il ne le confond jamais avec Dieu, il ne le sépare jamais de Dieu " et illustrant cette philosophie d’un amour qui se nourrit de ce qui le transcende en s’ouvrant sur l’infini et l’absolu, il cite Dante parlant de Béatrice " elle regardait en haut, et moi je regardais en elle » ; puis Victor HUGO " sentir l’être sacré frémir dans l’être cher". Ou encore Shakespeare : " cette source où je puise l'existence".
" L'effervescence amoureuse ne purifie pas l'homme ; elle dilate en lui ce qu'elle y trouve : là où règne le moi et sa vanité, elle hypertrophie le moi et sa vanité".
Évoquant l'amour qui évolue sous le signe de l’idolâtrie et les amants idolâtres il écrit " ce qu'ils aiment l'un dans l'autre, ce n'est pas la substance éternelle de l’être, c'est un fantôme qu’ils créent à l'image de leur désir".
Et pour finir ces deux pépites:
" L'amour impur affame l'homme parce qu'il vit de convoiter, l'amour purifié le nourrit parce qu'il vit de se donner".
« L'amour est pur lorsque, en lui, la soif du bonheur s'efface devant la passion de l'unité. Tant que deux êtres ne sont liés l'un à l'autre que par le désir d'être heureux, ils ne s'aiment pas, ils sont séparés. Aimer ne consiste pas à mettre en commun deux joies, mais deux vies."
Cher Bernard, permets-moi cette citation d'Albert CAMUS (La chute), en complément :
RépondreSupprimer"L'acte d'amour (..) est un aveu. L'égoïsme y crie, ostensiblement, la vanité s'y étale, ou bien la vraie générosité s'y révèle".
CR
c'est fortifiant !
RépondreSupprimerMerci