Un poète maudit a écrit un des plus beaux vers qu'un être amour puisse destiner à son élu (e): "tout ce qui n'est pas vous est vain"!
Relisant
Gustave THIBON et en particulier NOTRE REGARD QUI MANQUE A LA LUMIÈRE
j'ai mesuré combien ce vers était réducteur et limité; de fait il avait été écrit par un Charles MAURRAS emprisonné par la perte de la foi...
Explication...
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Ah l'amour! Nous en avons "plein la bouche". Nous le mettons "à toutes les sauces", mais qu'en faisons-nous? Quelle idée en concevons-nous? Qu'en attendons-nous?
Écoutons THIBON.
Aimer c'est avoir faim ensemble, ce n'est pas se dévorer l'un l'autre.
Distinguer l'amour de la passion:
La passion commence par beaucoup de fumée dans les yeux. Elle finit par un peu de cendre dans le cœur. Illusion et amertume. L'amour est autre chose: c'est un feu qui ne dégage pas de fumée et ne laisse pas de cendres.
Impossible amour:
L'amour parfait se reconnait à deux signes- et ces deux signes sont humainement contradictoires: le premier est le besoin d'une fusion, d'une unité absolue entre les amants, c'est à dire le refus de la dualité, et le second le respect de la personnalité, de la liberté de l'Autre, c'est à dire l'acceptation de cette même dualité.
Tout me semble dit sur la difficulté de l'amour humain... A méditer par tous ceux qui s'engagent dans cette aventure sans trop réfléchir à la "problématique" sur laquelle ils buteront très tôt...
Et encore:
La fatalité de l'amour, c'est de chercher l'unité au niveau de la limite.
Or, l'unité est dans l'infini, c'est à dire dans la négation des limites, ce qui implique le renoncement à soi-même.
Gustave THIBON nous conduit vers les sommets:
Tu me cloues sur l'éphémère au même temps que tu m'emportes vers l'éternel, ta beauté m'enchaine et me délivre, par toi je respire et j'étouffe.Pourquoi s'étonner? Ce désordre est l'ordre profond de ce monde: l'homme est un nœud de contradictions: il n'existe ici bas pour lui ni solution ni dénouement, sinon en rêve, et, s'il n'en était pas ainsi, et si ce mal n'était pas irréductible, à quoi donc servirait la mort?
Élévation particulièrement dure et difficile à admettre pour nous qui refusons la mort... Et pourtant n'est-ce pas effectivement la seule réponse à cette complexité de l'amour humain?
Car l'amour humain est un tremplin vers l'amour d'oblation:
Il faut que l'amour finisse par tuer le moi. Sinon, c'est le moi qui finit par tuer l'amour.
A suivre avec CE QUE DIEU A UNI
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Mon Cher Bernard
RépondreSupprimerJe crois moi aussi qu'il s'agit d'un plus beau vers d'amour de la langue française.
Bien sur :
"Tout ce qui n'est pas vous est vain" pourrait faire penser à l'expression d'une passion romantique.
Mais il aurait fallu cite les quatre vers qui forment un tout :
"Ma raison n'aspirât qu'à votre essence pure
Je reconnais en vous l'ordre de mon destin
Et ce cri du désir de toute ma nature
Tout ce qui n'est pas vous est vain."
Il me parait que le poète maudit exprime au contraire la plus haute harmonie possible pour un esprit que traine encore "un obscur appétit des lumières du jour".
Je bats ma coulpe pour n'avoir pas cité l'intégralité de ces 4 vers qui font un tout d'exception même si de mon point de vue ils n'enlevent rien au fait quils ne me semblent pas exprimer l'amour dépouillé de soi auquel G THIBON nous invite
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