La violence chez les adolescents défraie la chronique. Elle nous inquiète. Nous ne savons pas comment nous y atteler et que faire.
Nos politiques sont actuellement dans la gestion immédiate, a posteriori. On gère les effets. On part au plus pressé. Et après ?
Quand il s’agit de résoudre ce type de questions je repense toujours à cette fable de G.K. Chesterton que j’ai déjà évoquée à plusieurs reprises et dont je reproduis volontiers encore une fois le texte ici tant elle est éclairante sur ce que doit être une action politique :
« Dans l'Angleterre victorienne, une loi
obligeait à couper les cheveux des petites filles pauvres, à cause des poux… Je
pars des cheveux d'une petite fille. Ça, je sais que c'est bon dans l'absolu.
Si d'autres choses sont contraires à cela, qu'elles disparaissent. Si les
propriétaires, les lois et les sciences sont contre cela, que les propriétaires,
les lois et les sciences disparaissent. Avec la chevelure rousse d'une gamine
des rues, mettons le feu à toute la civilisation moderne. Puisqu'une fille doit
avoir les cheveux longs, il faut qu'elle les ait propres; puisqu'elles doit
avoir les cheveux propres, il ne faut pas qu'elle ait une maison sale; il faut
que sa mère soit libre et qu'elle ait des loisirs; puisque sa mère doit être
libre, il ne faut pas qu'elle ait un propriétaire usurier; puisqu'elle ne doit
pas avoir un propriétaire usurier, il faut redistribuer la propriété; puisqu'il
faut redistribuer la propriété, nous ferons une révolution…
On ne lui coupera pas les cheveux comme à un forçat. Non, tous les royaumes de
la Terre seront retaillés et découpés à sa mesure. Les vents du monde seront
calmés pour cet agneau, qui ne sera pas tondu. Toutes les couronnes qui ne vont
pas à sa tête seront brisées… Elle est l'image sacrée de l'humanité. Tout
autour d'elle l'usine sociale doit s'incliner, se briser et s'effondrer ; les
colonnes de la société s'écrouleront, mais pas un cheveu de sa tête ne sera
touché. »
Il faut s’attaquer au mal par la racine.
Quelle est la racine ?
À l’évidence la déshérence de cette adolescence. Elle n’a plus d’encadrement familial. Ces jeunes sont abandonnés, sans autorité respectée à commencer par celle de leurs parents. Sans cet apprentissage le respect de l’autorité est impossible. Leurs parents avouent leur impuissance ; en général des parents seuls, très souvent des mères. C’est la faillite de la famille. L’école fait ce qu’elle peut mais subit les conséquences de cet éclatement de la famille. Elle reçoit des jeunes qui ne sont plus structurés et ne respectent rien. L’éducation nationale ne peut se substituer à des parents défaillants, sauf dans des cas exceptionnels.
La politique de substitution à une autorité naturelle défaillante ou inexistante relève de la tutelle. Elle ne peut être généralisée.
Il faut donc restaurer la famille.
Pourquoi la famille est-elle éclatée, fragile ? Pourquoi n’assume-t-elle plus son rôle structurant pour ses enfants ?
Parce qu’elle manque de stabilité. Le lien a été défait. Le mariage est de moins en moins choisi. Lorsqu’il l’est, le divorce se généralise. Le lien entre l’amour et la fondation de la famille a été défait. L’enfant n’est plus reçu pour celui qu’il est et qu’il doit devenir. Il est le fruit d’un désir. Il est conçu pour soi au lieu de l’être pour lui-même. Quoi d’étonnant à ce qu’il soit quantité négligeable, ou variable d’ajustement lorsque les difficultés se font jour ?
Il me sera répondu qu’une telle politique serait totalitaire, qu’elle porterait atteinte à la liberté des parents de ne pas se marier ou de divorcer lorsqu’ils ne s’entendent plus. Un épouvantable retour en arrière… réactionnaire…
Nous y voici, nous y voilà! Et c’est en cela que l’histoire de notre ami G.K. Chesterton est utile et éclairante.
Il faut savoir ce que l’on veut. La vie n’est qu’une longue suite de choix. De choix libres. L’exercice de la liberté a pour corollaire la perte de la possibilité du choix que l’on a exercé au préalable. Or, nous vivons sous l’emprise d’une fausse conception de la liberté consistant à vouloir faire ce que l’on veut, quand on veut, comme l’on veut, sans contraintes et surtout en s’affranchissant de celle de ses propres choix….
Voilà le résultat !
Une politique responsable, tournée vers le bien commun et en même temps respectueuse des citoyens, de leur bien comme de leur liberté de conscience, consiste à préserver la société des effets d’actes soi-disant libres mais pernicieux pour les autres, pour la collectivité et pour les citoyens eux-mêmes.
Prenons le problème sous un autre angle. On nous apprend que la liberté s’arrête là où commence celle des autres. Eh bien, raisonnons à partir de ce principe même s’il est incomplet et insuffisant pour rendre compte de ce la liberté ! Ma liberté s’arrête donc là où commence celle des enfants qui ne peuvent vivre et s’épanouir pour ensuite mener leur vie d’adulte qu’à partir du moment où ils bénéficient d’une structure familiale solide consécutive à l’exercice de la liberté initiale de leurs parents de se choisir, de s’aimer et d’avoir des enfants. Elle s’arrête aussi là où commence celle de ceux qui vont subir les actes violents des adolescents privés d’un père ou simplement d’une famille structurée.
Nous avons donc besoin d’une vraie politique familiale qui soit en même temps respectueuse de la liberté comme du bien de chacun et du bien commun. Mais à charge d’instaurer des hiérarchies et de ne pas mettre en œuvre un principe libertaire et destructeur comme nous le faisons aujourd’hui.
Voilà ce que devrait être une politique capable de
résoudre dans le long terme la problématique de la violence chez les
adolescents, sans parler bien sûr de la question culturelle qui est d’une tout
aussi grande importance et qui mériterait de plus longs développements...
Le problème est que nombre d’entre nous se retrouveront
confrontés à la fragilité de leur propre existence et des effets des choix erronés
passés … Tout ceci est écrit sans jeter la pierre à qui que ce
soit et sans volonté de condamner n’importe lequel d’entre nous qui aura eu à
tirer les conséquences de choix initiaux qui se sont avérés imparfaits. Mais ce
n’est pas parce que des circonstances particulières peuvent expliquer dans
certains cas des situations regrettables et douloureuses qu’il faut pour autant
mettre en œuvre une politique généralisant la déstructuration de la famille !
Car, regardons ce qui a été fait depuis un peu plus de 40 ans. Les lois ont toutes consisté à faciliter la destruction de la famille au motif d’un soi-disant droit au libre choix. Nous avons pris le problème à l’envers suite à ce renversement de la politique qui a consisté à placer l’individu au cœur du projet social et politique en perdant de vue les contraintes que ce dernier doit légitimement subir du fait de son intégration dans une société dont il bénéficie par ailleurs très largement et sans laquelle il ne pourrait pas s’épanouir, se développer, s’enrichir, être heureux.
La politique ne doit pas accompagner les aspirations individuelles mais soutenir les personnes dans leur vie sociale! CQFD...
En guise de conclusion, je vous invite à réécrire vous-même la fable de G.K. Chesterton en l’adaptant à l’objet de ce billet… et pourquoi pas à la partager sur ce blog !
De quels jeunes parle t'on ?
RépondreSupprimerDe jeunes de cités, d’ethnies africaines ou maghrébines, dont les parents, la mère seule, la plupart du temps, ne s'occupent pas, pour x raisons.
Dans leur pays d'origine, quand le parent ne peut s'occuper de sa progéniture, celle-ci n'est pas livrée à la rue, mais confiée à la tribu, au village.
Dans les cités, ces jeunes sont livrés à eux-mêmes, donc à la délinquance.
Autres peuples, autres moeurs.
Quelle est cette jeunesse sans références sociales et sans corpus de valeurs chrétiennes ?
RépondreSupprimerN'y a-t-il pas un rapport de cause à effet, en plus de ce que tu développes Bernard, entre l'immigration incontrôlée et la réalité de la délinquance juvénile ?
Dans le numéro ce VA de cette semaine, un bel article développe la réalité des soi-disant contrôles au faciès que d'aucuns reprochent à la police. Il montre bien que la réalité de la délinquance est davantage exogène à nos valeurs que "gauloise"... d'où évidemment davantage de contrôles de profils correspondant aux nombreux avis de recherche... CQFD !