Y a-t-il des raisons d’espérer? Non pas grâce au vaccin dont l’efficacité reste à prouver, mais à cause des idées et des hommes... Beaucoup d’initiatives venant d’horizons différents se recoupent, voire se rejoignent, sur des points forts dont il faut souhaiter qu’ils puissent être au cœur du débat politique quinquennal qui s’ouvre.
Je m'explique.
La lettre ouverte des officiers de l’armée française pour commencer. Signée
par près de 20 000 d’entre eux en ce compris les soldats et les
sous-officiers ! Nombre important qui ne se réduit donc pas aux
quelques-uns qui ont été montrés du doigt de manière excessive. Ils proclament
la nécessité politique d’assurer notre sécurité face aux troubles que le pays
connaît et qui font peser sur lui le risque d’une guerre civile indépendamment
du problème du terrorisme islamique. C’est paradoxalement -cf mon billet
d'hier- un signe encourageant même s’il est significatif de la gravité de la
situation de la France… Ils ont osé ! Maladroitement, certes, mais ils
l’ont fait au nez et à la barbe de Jupiter et des siens. De plus certains
insistent avec la publication, moins médiatisée au même moment d’un rapport sur
le combat contre « l’islamisme »…[1]
Il y a, j’en ai déjà parlé, le dernier livre de Philippe de Villiers, une
réussite, ainsi que le succès de ses multiples interventions dans les médias.
Il a le sens de la formule. Il ne nourrit plus d’ambition personnelle. C’est
positif !
Le petit pamphlet de Sonia Mabrouk dont nous avons tous pu apprécier les
qualités journalistiques. Mais son « Insoumission
française »[2] va bien au-delà.
C’est le cri d’une assimilation réussie – il y en a encore !...- à
laquelle nos élites renoncent et qu’elles dénoncent comme portant atteinte à la
diversité et au droit à la différence. Celui d’une jeune femme d’origine
tunisienne devenue française qui aime notre pays pour ce qu’il est. Et elle termine son livre en faisant appel à la dimension du sacré !
Dans un autre ordre le livre du maire de Cannes à qui l’on donne des
prétentions présidentielles ou à tout le moins l’ambition de jouer un rôle à
l’occasion de cette élection, David Lisnard, l’homme dont il se dit qu’il
affolerait la droite ! Il l’a coécrit avec Christophe Tardieu. « La culture nous sauvera »[3]. La quatrième de
couverture nous dit que l’on y trouvera : « si la
culture ne peut à elle seule remettre la société française sur un chemin
vertueux de cohérence et de prospérité, elle peut fortement y participer ».
Cette culture que la droite a laissée en déshérence et que Philippe de Villiers
a si bien su incarner au Puy du Fou. La culture par laquelle la Nation fait
l’humain en chacun de nous. Voilà une droite de pouvoir qui se renouvelle…. Au
moins à Cannes ! Après reste à voir exactement le contenu de sa politique...
Enfin, venu d’un horizon totalement opposé, l’essai de Céline Pina ancienne
conseillère socialiste de la région Île-de-France « ces biens essentiels »[4]. Un coup de cœur. Je ne
suis pas d’accord sur tout. Mais, elle développe des idées qui rejoignent,
aussi singulier que cela puisse paraître celles soutenues par Philippe de
Villiers comme par Sonia Mabrouk et la nécessité d’une politique culturelle prônée
par David Lisnard. Elle commence avec cette phrase désormais célèbre de
Churchill « si ce n’est pas pour la culture, pourquoi nous battons
nous ? ». Se référant, à Ulysse et à Achille, aux grecs de
manière habitée, à Hannah Arendt – c’est la mode je sais !...
- comme à Alain Supiot – c’est moins à la mode …. - son analyse sans
concession, y compris à l’égard de la gauche dont elle vient, interpelle. Elle
dénonce le fait que « nos élus pensent toujours que nous sommes sortis
de l’histoire, qu’ils sont les gestionnaires de l’entreprise de France et que
la démocratie a sans doute des mérites mais un peu d’inconvénients : il faut
rendre des comptes à des personnes avec qui pour la plupart ils n’ont pas de
relations ». C’est en cela qu’elle rejoint les analyses de Philippe de
Villiers ; grâce à Alain Supiot et son livre magistral La gouvernance par les nombres[5]….
Pour ceux qui veulent nous gouverner il s’agit d’installer un pouvoir
artificiel à partir d’algorithmes. Gouverner les hommes comme des animaux. Elon
Musk ne vient-il pas d’annoncer la couleur du projet transhumaniste en greffant
des puces électroniques dans le cerveau de porcs ? « Cette élite
doit gérer l’immanence alors qu’elle a expérimenté que la permanence, rendre
compte d’un certain alors qu’elle vit dans une forme de garantie ». Le
projet politique actuel de nos gouvernants consiste à ne pas voir ce qui fait
la particularité de l’homme, ce supplément d’âme qui a besoin des biens
essentiels dont on a voulu le priver. Des biens essentiels qui sont de l’ordre
de toute vraie et bonne politique. Tel est le thème du livre. L’enfermement
décidé à l’occasion de l’épidémie a eu pour objet et pour conséquence directe
de nous priver de tout ce qui nous fait homme et femme, la rencontre, la
discussion, le contact, l’échange. La perversité de la politique actuelle
consiste à entretenir en l’homme le rêve d’immortalité derrière lequel nous dit
l’auteur « les hommes cachent leur incapacité à vivre ». Elle
rejoint encore le créateur du Puy-du-Fou qui se plaint de la fermeture des bars
alors que la politique se fait « au zinc », lorsqu’elle écrit « le
refus de prendre en charge le monopole de la violence légitime, en instituant
la verticalité d’un État garant d’une certaine idée de l’homme dans la cité, et
redescendre la violence dans la société ». Et plus loin : « il
est des choses doivent être placées au-dessus de notre volonté, qui touchent au
sacré et qui sont des pierres angulaires de notre droit ». Le sacré,
comme Sonia Mabrouk…
Les lignes bougent. Comme le dit Philippe de Villiers c’est la fin de la
glaciation provoquée par le confinement. Nous allons sortir de prison. Nous
savons dorénavant ce que nous ne voulons pas. Nous l’avons touché du doigt. La
ficelle était trop grosse. Davos n’aura pas raison. Comme l’écrit Céline Pina
« face à une telle épreuve, allons-nous grandir en maturité politique,
en humanité ou au contraire exhiber le monstre d’égoïsme qui peut nous habiter
? ». Oui, on peut espérer que nous allons regrandir, et sortir de la
léthargie !
« La rupture de confiance entre les élites et la population
devient dramatique » selon Céline Pina et confirmée par la crise au
sein de l’armée peut être réduite en rétablissant la confiance, ce lien
invisible qui se nourrit de culture et de sacré. Lors de sa dernière interview
sur TV Libertés Philippe de Villiers répondit en substance qu’elle est aussi
simple que fragile : un regard, un mot, un exemple, une image, un sourire…
Alors, n’y a-t-il pas effectivement des raisons d’espérer ?
Et si le
printemps 2022, celui de la décongélation selon Philippe de Villiers, était celui de la politique de civilisation ?
[1] https://lavoixdugendarme.fr/wp-content/uploads/2021/04/Pour-une-strategie-globale-contre-lisl-amisme-et-leclatement-de-la-France-1.pdf
[2] https://livre.fnac.com/a15552209/Mabrouk-Sonia-Insoumission-francaise#int=S:Suggestion|FA:LIV|1|15552209|BL1|L1
Alea jacta est !
RépondreSupprimerLe lire n'est pas toujours certain... Même quand tant de nos dirigeants bataillent pour son avènement.
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