D’autres doivent penser que je suis un doux rêveur et que je ne prends pas grand risque à me faire plaisir en me lançant dans cet exercice gratuit et sans risques.
A vrai dire cette double réaction nourrie d’impuissance et d’ironie ne m’étonne pas vraiment. Nous avons perdu la main sur le pouvoir réel et sauf à s’engager en politique c'est-à-dire à la conquête du pouvoir électoral nous semblons, simples citoyens, condamnés à faire de la figuration. Un fossé s’est creusé…
La confiscation.
Sous couvert de démocratie, d’information, de transparence, de participation on nous a enlevé « de la main gauche » ce pouvoir que l’on nous avait donné de la main droite…..Comment ? Le processus a été progressif et protéiforme.
J’ai déjà évoqué la complexité.
Il y a eu la délégation résultant du mandat donné à l’élu en forme de blanc sein dont la seule sanction est la réélection, qui n’est qu’un leurre car le pouvoir reste à une caste qui se renouvelle et repousse comme la queue du lézard.
Il y a eu l’idéologie selon laquelle tout peut être réformé, transformé, révolutionné au gré des besoins du système, qui se traduit par notre inondation législative se substituant à toute initiative naturelle du corps social, ce dont la réponse pénale actuelle aux problèmes de délinquance et de criminalité est une excellente illustration.
Il y a eu la dévitalisation de tous les corps intermédiaires de la société ainsi privée de ses vigiles les plus actifs.
Il y a encore la prise du pouvoir par une oligarchie récemment stigmatisée par Emmanuel TODD (voir à ce sujet son interview dans le point du 1er décembre), oligarchie hétérogène incarnée en France par l’élite issue de la haute administration et des milieux de la finance qui absorbent la majeure partie des « têtes bien faîtes », formées par notre système éducatif, chantres de ce savoir technique sur lequel je me suis déjà interrogé.
Ce lent et irréversible processus de confiscation du pouvoir a en même temps su nous persuader que la politique est une affaire de spécialistes-sous contrôle des oligarques- et nous décourager de nous y immiscer sauf à rentrer dans le système après s’y être fait adouber.
Or ce système d’experts est en situation d’échec.
Le système est en situation d’échec.
Ceci n’a rien d’étonnant. Un pouvoir à ce point éloigné de ses sujets perd de vue leurs attentes et leurs besoins. Emmanuel TODD n’y va pas quant à lui par quatre chemins, lorsqu’il affirme que « nous sommes gouvernés par des imbéciles » !Voilà qui me ramène à mon sujet. Si cette oligarchie nous gouverne mal c’est que son intelligence n’est pas adaptée à l’exercice du pouvoir. Prenons l’exemple de l’ENA qui avait pour vocation de former des hauts fonctionnaires et qui a pourvu l’Etat en responsables politiques et en fonctionnaires à qui a été confiée la mission d’orienter et définir la Politique…
Si ce système si intelligent, si compliqué, si puissant, si riche n’atteint pas son objectif naturel, c’est certainement que les raisons qui l’ont légitimé et qui ont permis à une oligarchie d’accaparer le pouvoir et d’en écarter les non-initiés n’est pas bon, qu’il fait fausse route.
Les vrais techniciens de la politique sont les experts en humanité.
Les besoins d’un peuple, d’une société, de l’homme et de la femme ne répondent pas d’abord à des règles techniques. La matière humaine a ceci de particulier que sa colonne vertébrale est sa quête du bonheur, son goût de la liberté, son interrogation sur la vérité en même temps que la satisfaction de ses besoins matériels qui prennent dès lors une autre dimension. Or toute cela répond à des exigences d’un autre ordre que celui qui est si bien maîtrisé par nos oligarques.Où sont donc passés les experts en humanité!
Bien que galvaudés par ce système de techniciens ils existent. Ils se trouvent dans notre patrimoine philosophique, culturel, religieux et historique occidental. Dans cette culture qui est « ce qui fait en l’homme l’humain » pour reprendre la formule historique du bienheureux pape Jean Paul II.Et là, nous les citoyens sommes dans notre domaine d’élection! Là tout est notre !
Voilà qui nous amène à la réponse à la question posée : que faire ?
Une révolution ?
Oui c’est d’une révolution qu’il s’agit, tant il est manifeste qu’il faut rendre le problème autrement.Cette révolution sera un renversement du processus d’accaparement du pouvoir par une oligarchie qui n’a plus aucune légitimité.
A la condition de se redonner la peine de reconnaître et de maîtriser des savoirs oubliés (cf. « le monde à l’envers » sur ce blog) et d’en faire usage à bon escient, à tems et à contre-tems.
Il s’agit de retrouver l’intelligence du social, de l’économique, du politique dont nous sommes les sujets. Une intelligence qui n’est pas réservée à une élite même si elle a à certains moments historiques délicats ou stratégiques besoin d’êtres d’exception pour garder le cap… ; être d’exceptions dont l’histoire nous apprend qu’ils émergent du peuple.
Cette science existe depuis que l’humanité EST ; c'est-à-dire depuis qu’elle a réalisé le sens de la mort et donc de la vie, et que de ce fait l’homme et la femme, et donc les structures qui les regroupent, ne sont pas une matière comme les autres. L’histoire nous apprend ainsi qu’il ne suffit pas de donner à manger aux hommes, mais qu’il convient de le faire avec humanité en parlant à leur cœur.
Comment faut-il faire ? Avec quels moyens ? Quelle est la bonne boite à outils ?
La boite à outils de l’humanité.
Il faut de la volonté, de la curiosité, du bon sens, lire, écouter, s’interroger, réfléchir.Nous devons nous réapproprier les débats de société en les analysant avec logique et simplicité pour répondre au problème de la complexité, en refusant les dictats de l’argent-roi pour répondre à la mainmise de l’oligarchie financière, en récusant les modèles idéologiques et constructivistes pour mettre en échec l’oligarchie administrative.
L’histoire, la littérature, la poésie, la religion, la philosophie qui sont les lieux de l’humanité, sont à la portée de tous ; il s’agit tout simplement de retrouver ce savoir qui était autrefois appris par les lycéens avant qu’on ne les transforme en techniciens sans culture fondamentale pour assoir ce pouvoir anonyme de la technique et des savoirs matériels.
Il faut refuser de nous laisser gaver d’informations sans intérêts, de débats qui nous dépassent techniquement, de préoccupations vaines comme celles qui sont nourries par la plupart des débats électoraux…etc…. pour retrouver le goût des choses nécessaires, indispensables à la poursuite de notre bien-être individuel et collectif.
Retrouverons la connaissance des lois naturelles et l’usage des grilles d’analyses du bien commun et des principes qui naturellement le régissent depuis la nuit des temps grâce à la patiente construction de la sagesse des nations.
Soyons imperméables à toutes manipulations idéologiques ou politiciennes.
Redevenons des citoyens lucides et experts en humanité ! Travaillons-y ensemble. Cherchons autour de nous ceux qui pourront nous aider dans cette voie car il ne faut pas traîner vu les temps qui s’annoncent.
Cela est possible ! C’est même indispensable…Il en va de notre avenir et de celui de nos enfants.
Sortons des réduits techniques dans lesquels nous nous sommes tous laissés enfermer et réapproprions-nous la chose publique, chacun à son niveau en rejetant tout complexe d’infériorité ou d’incompétence.
Il suffit de dire non et de refaire une opinion publique en retissant le tissu social autour de nous avec notre proximité la plus proche ; et de proche en proche …A bientôt !
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