samedi 7 janvier 2012

FAIRE CE QUE L'ON DOIT, FAIRE CE QUE L'ON PEUT

Avant d’aller plus loin les prochaines semaines, et de rentrer plus concrètement dans le vif du sujet, je voudrais approfondir une question centrale, fondamentale, essentielle.
L'homme a besoin d'humanité. Il ne peut la trouver que dans le rapport à l'autre. Il vit de l'autre. L'homme est un animal social. Il a besoin de la société, d'une bonne société.
Le divorce est consommé entre le corps social et l’Etat. Paradoxalement la société reste inerte. Ce paradoxe est révélateur de la profondeur du malaise provoqué par un double phénomène, la déstructuration du lien social et la confiscation démocratique.

LA FLATTERIE

On assiste à un développement de la diffusion de toutes les sciences de la complexité. De revues, en émissions de radio et de télévision, en pages de sites Internet, on nous inonde d'analyses et de réflexions spécialisées, savantes. C’est du matraquage. On veut nous rendre tous très intelligents, trop intelligents, au-delà de nos moyens. On flatte l'homme Dieu. Aurions-nous oublié La Fontaine, que « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute… » ? Comme dit le patois ch'timi, on nous « berluze »… Non, nous n'avons pas un pareil besoin de toutes ces contorsions intellectuelles dont on nous rabat les oreilles et avec lesquelles on nous aveugle.
L'homme a besoin de réponses concrètes et positives à ses attentes et de moyens pour atteindre le bonheur. Il a besoin d'une bonne société qui le soutienne.

LA DÉSTRUCTURATION

La déstructuration est caractérisée par l'effondrement de toutes les structures de proximité dans lesquelles l'homme est censé pouvoir s'épanouir : la famille, l'école, l'entreprise, les organisations professionnelles, la cité.
Le souffle révolutionnaire est passé par là. Il a introduit sa dialectique destructrice au cœur de la relation sociale. Faisant croire à l'absence de toute alternative. La transcendance est devenue l'aliénation. Le conflit est la clé de tous les problèmes. L'homme est un loup pour l'homme etc.…
Et pourtant, nous savons, nous ressentons de manière viscérale notre besoin de lien vivant et de proximité. Prenons quelques exemples.

LE BESOIN DE PROXIMITÉ

J'ai en tête cette image de l'affiche électorale de François Mitterrand. Le clocher. Une province française. Une proximité accueillante, vivante. C'était humain, religieux, patriotique. C'était bien vu quand même ! Séguéla avait tapé dans le mille.… Nous avons besoin de nous retrouver dans une réalité sociale, politique, religieuse concrète et vivante dans laquelle l'autre a un visage, ce visage qui est à côté de nous, à proximité, celui du voisin dans lequel nous pouvons trouver un regard à croiser. Les nations sont des amitiés…
Après Saint-Vincent-de-Paul et les petites sœurs des pauvres, Coluche l'incroyant, le sarcastique l'avait bien compris avec son cœur « gros comme ça ». Concrètement, avec sa gouaille et son apparente vulgarité qui cachait la sensibilité qu'on a découverte dans Tchao Pantin, il a pansé des plaies qu’il avait vues et ressenties, et bien des années après sa mort son œuvre se perpétue, on y donne à manger, de la main à la main, droit dans les yeux.
Prenons un domaine totalement différent celui de la politique pénale et de la réinsertion. Nos responsables politiques ne savent plus quoi inventer comme structures, comme expertises, comme lois pour résoudre un problème qui ne peut l’être que dans la réactivation personnelle du lien social, qui passe par d’authentiques croisements de vies. L’Etat ne peut pas réanimer ce qui est mort, comme du bois sec. Il ne détient pas les clés capables de déclencher le souffle de la vie. La réinsertion c'est une rémission, c'est une remise en confiance, un retour aux autres. Elle est le résultat d'un corps à corps. Seules des personnes dans la plénitude de leur action peuvent l’accomplir ! Le lien social est cassé ; les hommes se côtoient sans se voir...
Un français sur sept vit seul ; c’est la statistique du jour ! Fruit du vieillissement de la population, de l’individualisme, de la perte de vitalité de la famille par suite de trop de légèreté, d’insouciance, d’amour à fleur de peau, de séparations, de difficultés économiques, d’un habitat éclaté ; que sais-je encore ? Une vie seul, sans personne à qui dire bonjour au saut du lit, avec qui manger, avec qui parler….
Notre système scolaire ne sait plus apprendre à lire, écrire, compter, identifier les valeurs essentielles de la personne humaine, reconnaître ce qui nous identifie et nous rapproche, se souvenir de l’héritage qui fait notre culture. Tout le monde a baissé les bras, les parents comme les enseignants, battant retraite devant les programmes imaginés par des gens très savants qui ont perdu le sens du savoir.
Demain, il n’y aura plus que des spécialistes incapables de soigner la personne avant de poser des diagnostics plus élaborés dont je ne remets pas pour autant en cause la nécessité. Où est le médecin de famille ? Son mode de vie professionnelle et son niveau de rémunération n’attirent lus les étudiants en médecine.
L’agriculture se reconvertit dans la production de céréales destinés à la fabrication de carburant alors que des hommes et de femmes meurent de faim dans le monde. Une agriculture qui tourne le dos à sa vocation première ; où est le paysan qui nourrit ses frères les hommes ?
Les associations professionnelles, les syndicats s’enferment dans des défenses d’intérêts à courte vue sans accepter d’intégrer les réalités et les exigences de l’entreprise et des secteurs économiques dans lesquels elles doivent créer de l’activité et proposer un travail rémunérateur et épanouissant.
L’entreprise française n’est pas une communauté de vie, de création, de développement.
Le lien social est cassé ; la fracture est transversale.
J’ai évoqué la solution en tentant de répondre à la question « Que faire ? ».

L’INVERSE D'UNE RÉVOLUTION

Ces exemples tirés des faillites que nous cotoyons tous les jours, confirment que la bienheureuse mère Térésa de Calcutta avait raison ; ce qu’il faut changer c’est nous, vous et moi. Chercher l’autre dans une société du rejet. Revendiquer notre capacité à être, et non pas à avoir. Pardonnez-moi d’insister….Mais si l’analyse est juste, et elle l’est !, on ne peut plus tergiverser et continuer de détourner le regard avec lâcheté, feignant de n'avoir pas vu.
Personne d’autre que vous et moi ne peut redonner un visage à la société. Les abstractions technocratiques en sont incapables. Les sciences sociales ne peuvent pas pallier cette réalité personnelle, individuelle.
On me dit, sans l’écrire encore sur ce blog mais je sais que cela va venir…, qu’il n’y a qu’une révolution pour nous sortir de là. J'en ai déjà parlé. Je voudrais y revenir pour préciser les choses se et peut-être les corriger. Cet appel à la solution révolutionnaire procède du même aveu d’impuissance que l’attente de l’homme providentiel au fond des urnes. Non ce n’est pas une révolution qu’il faut, c’est le contraire d’une révolution ! La révolution, nous avons déjà donné….Une révolution casse, détruit, dissout, dévisage. Ne perdons pas de vue qu'elle est d'abord une pratique, une praxis. C’est le contraire de la révolution qu’il faut… Il faut adopter une pratique diamétralement inverse, diamétralement inverse. Une pratique constructive. Repartir de la base… Et, refuser la fatalité, l’inéluctable, l’apparent sens du cours de l’histoire.

LA LEÇON DE JEANNE-D'ARC

Nous ne connaissons plus l’histoire….Elle nous apprend pourtant avec simplicité mais exigence que demain se construit avec des partitions surprenantes, souvent illisibles dans le court terme. Je viens de lire la biographie de Jeanne d’Arc de Gallo. 600e anniversaire oblige… Elle ne s’est pas posé de questions. La situation de la France était catastrophique à vue simplement humaine. Le roi d’Angleterre était roi de France, une partie de l’élite du pays avait pactisé avec cet ennemi héréditaire, l’armée était archi battue. Le gentil dauphin était terrorisé. L’Eglise connaissait un schisme inédit. Elle a combattu avec simplicité, exigeant le respect de l’autre et des valeurs de son Dieu qu’elle écoutait fidèlement, croyant en ses valeurs. Elle n’a fui aucun regard. Elle a imposé le regard à l'autre, la fierté et le courage. Et ce qui est surprenant c'est qu’historiquement à court terme, elle a perdu, brûlée vive sur un bucher. Pourtant, quelques décennies plus tard, la terre de France redevenait le royaume de France pour lequel elle avait combattu. Elle ne se posa pas la question de savoir si ça pouvait marcher. Elle a fait « son job », droite dans ses bottes !
Quelle leçon… Non, il n’y pas de place pour le fatalisme et le désespoir. Rien n'est jamais fini. Tout est toujours à recommencer.

JE FAIS CE QUE JE DOIS, JE FAIS CE QUE JE PEUX

Faire ce que l’on DOIT et ce que l’on PEUT sans se défausser sur les autres.
De remède il n’y en a qu’un ! Retrouver la voie de l’humanité dans son sens plein sur tous les plans, à notre place, dans une société bonne, bonifiée par l'attitude positive de ceux qui la composent.
Qu’est-ce qu’une bonne société ? C’est un corps dans lequel chacun trouve les soutiens nécessaires, autour de lui ? Cela commence par là. Donner à chacun les moyens de faire son job d’homme et de femme jusqu'au bout, du début à la fin, de A à Z, sans mensonge ni trahison par rapport à eux-mêmes et à leurs proches. S’occuper des autres et tout faire pour s’en donner les moyens afin d'inverser la tendance. N’oublions pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières ou encore qu'il suffit d'un grain de sable dans un rouage pour tout bloquer. Un exemple nous est donné avec l'attitude écologique aujourd'hui recommandée de manière générale. Pourquoi ne pas raisonner de la même manière sur d'autres plans tout aussi urgents fondamentaux ? Il faut qu’il y ait des premiers à faire des efforts. N’attendons pas que le voisin commence pour nous décider.

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