vendredi 30 décembre 2011

LA DEMYSTIFICATION...

L'heure est aux voeux.

C'est pour moi l'occasion de faire un bilan des deux premiers mois de vie de ce blog.

LE BILAN

Quelques chiffres tout d'abord: plus de 1 000 visites en deux mois avec un rythme minimum de 20 par jour émanant pour plus de 60 % de personnes différentes. Je trouve ces chiffres intéressants surtout que le fichier d'envoi est de moins de 300 personnes et que quelque soit votre amitié pour moi, je n'imagine pas que vous vous forceriez à des lectures hebdomadaires indigestes dans l'anonymat du dialogue avec votre ordinateur !

J'ai tenté de vous faire part d'une intuition, de reflexions glannées dans mes périgrinations nocturnes et d'une volonté face à des enjeux et à un contexte social, économique, politique et moral préoccupants. Je vous ai suggéré de premières pistes pour déterminer une attitude citoyenne adaptée.

Trop intellectuel ? Pas assez ? Manque de réalisme pratique ? Inutile? Une opinion de plus? Néo-poujadisme ?

Les plus pragmatiques d'entre nous espèrent encore que des solutions surgiront dans un environnement politique qui est incapable de leur en proposer, car il n'a plus d'autre objectif que sa survie, intellectuelle, morale et financière... Ils continuent de croire que nous devons nous y engager, sans réaliser que nous nous y fondrions dans le système comme neige au soleil. Comme emprisonnés, nous éprouvons le lus grand mal à concevoir d'autres solutions que conformes au modèle.

Ce blog a pour ambition, modeste, d'être un aiguillon, de réveiller, d'alerter, de proposer des pistes de reflexion et d'action, de chercher autre chose, en dehors des sentiers battus du politico médiatique dont on nous rebat les oreilles.

UN AUTRE ANGLE D'ANALYSE

Lorsqu'un système s'effondre, il faut se situer résolument à son exterieur, pour tenter d'y voir clair, pour se doter d'une vraie liberté de réflexion et d'action, afin d'incarner une alternative réelle, possible, crédible.
L'histoire nous apprend qu'il n'y a jamais de solutions toutes faites. Rien de ce qui est survenu de majeur n'était prévisible à l'horizon des acteurs immédiats. Clovis? Jeannne d'Arc? Henri IV? Napoleon? de Gaulle? Eltsine? Quelle que soit la force de leurs personnalités, ils ont été portés par des mouvements en profondeur plongeants leurs racines dans le cors social.

Il n'est pas vain de croire à la force de volontés individuelles réunies par une même détermination et une volonté résolue. A la condition qu'elles s'appuient sur les éxigences supérieures du Bien Commun. Ce bien commun galvaudé au rang d'un agglomérat informe d'intérêts individuels! Alors qu'il s'agit de ce concept élaboré par la sagesse des hommes dans le cadre de la civilisation chrétienne, qui perfectionne la personne humaine, procure la satisfaction de ses besoins matériels, apaise ses désirs intellectuels, artistiques et favorise la paix, la sécurité, la confiance, la joie. C’est le bien humain, le bien d’une communauté humaine, assuré par un ensemble de conditions extérieures et pour tous les citoyens. Il est recherché et assumé par l’ensemble de la communauté. Il demande aux membres de la communauté de dépasser l’intérêt particulier. Sa recherche est guidée par les principes de subsidiarité et de totalité.

La société des hommes a pour vocation de permettre l'épanouissement de chacun; elle doit reposer sur ce que Achille Rossi appelle dans son essai "le mythe du marché", la fonction fondamentale qui va permettre de justifier la transcendance des intérêts individuels. Une fonction fondamentale qui repose sur le SENS donné à la vie sur terre, en un lieu déterminé et dans un environnement historique précis; c'est à dire aujourd'hui et demain pour ce qui nous interesse. Une fonction fondamentale qui est la réponse au pourquoi fondamental, la légitimité de la force coercitive, en même temps que le moyen de refrenner la violence qui sommeille dans le coeur des hommes, toujours prête à éclater.

NOS MYTHES

Le drame de notre époque est qu'elle a perdu la référence à tout principe fondamental et qu'elle vit sur des mythes. Or le problème du mythe est qu'il s'agit d'une fausse justification du lien social et de ses éxigences. Il est trompeur. Il est subjectif, chargé d'investissement personnel.  Il définit les limites de notre perception de la réalité à force de répétition et de présence dans notre inconscient. Le mythe est ce que nous croyons sans en être conscient. Je ne pense pas qu'il soit utile de vous faire un dessein pour vous convaincre de la justesse de ce diagnostic ! Examinons-en les conséquences.

L'antiquité s'était construite sur le sacré. Le Christianisme sur Dieu, dans le respect toujours délicat de la conscience de chacun. La philosophie des lumières nous a apporté les idéologies qui ont mis Dieu à l'écart et l'ont cantonné dans le for intérieur personnel. Elles se sont traduites par le fiasco du XX° siècle, pour s'exprimer avec une légéreté peut-être déplacée au regard des horreurs qui l'ont marqué...
Comme l'expose Chantal Delsol dans "L'âge du renoncement", en deux millénaires nous avons connu un double mouvement de ballancier en forme de retournement; après être passés du  "Comment bien vivre?" au "Qu'est-ce qui est vrai?" , nous sommes repassés du "Qu'est-ce qui est vrai?" au "Comment bien vivre?".

CQFD...

Le mythe de notre époque repose sur cette conviction que les besoins humains doivent être satisfaits dans la consommation et la possession. On a quitté l'être pour l'avoir. Pour reprendre la formule de Max Weber nous sommes passés de "l'économie du salut au salut par l'économie" .Edgar Morin analyse notre époque dans "la Voie" comme une immense machinerie économique. Bernanos écrivait déjà dans "la France contre les robots" qu'un monde gagné par la techoique est perdu pour la liberté. J'arrête là mes citations qui pourraient se prolonger....
Sommes-nous pour autant prisonniers de ce système?

DEMYSTIFIER

Nous croyons être prisonniers. Cette croyance résulte du mythe. Elle témoigne de sa force ....surtout qu'il est soutenu par un pouvoir qui a été abandonné au "Marché", à l'anonymat du marché...  fait unique dans l'histoire! Un pouvoir oligarchique, impersonnel et technocratique qui a détourné la démocratie. Mythe, anonymat, pouvoir...

Il nous appartient de mettre en échec le pouvoir ainsi constitué et son mythe fondateur. Comment? Individuellement, personnellement de manière coordonnée, en devenant hérétique à la théologie du système pour reprendre les mots forts d'Achille Rossi. En devenant les grains de sable susceptibles d'en bloquer les rouages ; comme d'autres l'ont été par exemple à l'Est du temps du communisme, dans des contextes humains beaucoup plus difficiles déjà évoqués dans ces pages.
Pour cela il faut commencer par soustraire au marché et au pouvoir, tout ce qui n'est pas marchandises et qu'ils se sont indument appropriés!
Il faut ensuite réintroduire la notion de gratuité y compris dans le secteur économique ( Voir "Small is beautiful").

Il faut encore retrouver le sens de la solidarité élémentaire, concrète, individuelle, à tous les niveaux et dans tous nos comportements, particulièrement en réplique à la compétitivité dans le domaine de l'économie.
Voilà ce que j'appellais précédemment la résistance, le front du refus. C'est par des "non" déterminés, résolus, clairement exprimés que nous démystifirons ce qui a perverti notre mode de vie individuel et collectif. Le mythe ne résiste pas à la lumière du "logos". Une lumière de l'intelligence que l'homme à l'écoute de sa réalité profonde peut susciter. A la condition de renoncer à poser des postulats qui ne soient que l'echo de ses envies, de ses besoins, de ses désirs non maîtrisés, de ses pulsions.

Cette voie remet en cause le principe de fonctionnement de nos sociétés de consommation. Elle dépasse les enjeux de la crise qui explose sous nos yeux dont elle permet de relativiser une partie des effets. Elle donne une réelle indépendance par rapport à ses conséquences. Il s'agit aussi de la voie de l'auto-limitation que l'on n'emprunte qu'après avoir laissé de coté la préoccupation du lendemain et en n'ayant à l'esprit que ce que commande la nécessité...La boucle est bouclée...

Voilà un beau vœu pour 2012, à partager, à faire partager avec une vraie détermination.

Bonne Année à tous!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentez cet article et choisissez "Nom/URL" ou Anonyme selon que vous souhaitez signer ou non votre commentaire.
Si vous choisissez de signer votre commentaire, choisissez Nom/URL. Seul le nom est un champ obligatoire.

Retrouvez mes anciens articles sur mon ancien blog