Avec la modernité l'exercice
du pouvoir semble caractérisé par la volonté de légiférer. La bonne politique
résulterait-elle de la loi plutôt que de l’exercice du pouvoir ? A
l’inverse, l’élaboration du droit est
dévoyée, comme subtilisée par une minorité sans légitimité.
L’actualité récente nous en fournit l’illustration.
L’actualité récente nous en fournit l’illustration.
Nos parlementaires ont été absorbés
par le vote du texte sur la déchéance de la nationalité, dont l’importance est
inversement proportionnelle à son utilité et son efficacité. Un autre exemple :
l'adoption de la loi ALUR soutenue par Mme Duflot, dont le pointillisme et le
volume sont un cauchemar pour tous les praticiens, à ce point d'ailleurs que petit
à petit ce texte monstrueux part en lambeaux, au fur et à mesure de l'apparition
des obstacles à sa mise en oeuvre.
Voilà deux exemples de textes idéologiques
et politiques qui n'ont rien de commun avec la vocation structurante du droit
dans la vie sociale et donc du rôle de la loi dans l'accomplissement de cette
tâche.
A l'inverse, au même moment,
dans le cadre d'une loi d'habilitation, le gouvernement vient le 10 février
dernier de publier une ordonnance qui réforme de fond en comble le droit des
obligations ; réécriture partielle de notre Code civil de 1804. Ce texte
touche un domaine essentiel de la vie quotidienne des Français, les conventions
qu'ils concluent dans tous les domaines. Branche du droit dont tous les
praticiens savent qu’elle est l’un des socles du règlement d’un nombre très
important de différents. Texte fondamentalement structurant de la vie sociale, relevant
par définition de la prérogative suprême, essentielle et fondamentale du
pouvoir législatif. Or ce texte n'est pas débattu par le Parlement ! Il
est le résultat d'un travail de réflexion doctrinale d'un certain nombre de
professeurs et de professionnels choisis par le pouvoir exécutif à qui les
arbitrages fondamentaux sont abandonnés. Disparition de la cause. Apparition de
la théorie de l'imprévision. Substitution de la notion d'intérêt général à
celle d'ordre public. Modernisation de notre droit afin de le rendre «
compatible » avec les systèmes juridiques anglo-saxons. L'œuvre, importante, a
été purement et simplement abandonnée à des personnes qui malgré leur
compétence professionnelle n'ont aucune légitimité pour l’accomplir.
Le paradoxe est total.
Notre Parlement perd son temps et absorbe la quasi-totalité de l'activité de ses membres - lorsqu'ils daignent venir sur les bancs de l'assemblée et ne demandent pas à leurs petits camarades de voter pour eux - dans l'accomplissement d'une oeuvre politique et idéologique, inutile, en même temps qu’il renonce à l'accomplissement de son activité fondamentale d'élaboration de textes législatifs de nature à structurer la vie sociale face aux évolutions du temps, de l'économie ou des moeurs.
Notre Parlement perd son temps et absorbe la quasi-totalité de l'activité de ses membres - lorsqu'ils daignent venir sur les bancs de l'assemblée et ne demandent pas à leurs petits camarades de voter pour eux - dans l'accomplissement d'une oeuvre politique et idéologique, inutile, en même temps qu’il renonce à l'accomplissement de son activité fondamentale d'élaboration de textes législatifs de nature à structurer la vie sociale face aux évolutions du temps, de l'économie ou des moeurs.
En clair, on amuse la
galerie avec des textes politiques clivant, constituant des marqueurs
idéologiques, et on abandonne le vrai travail législatif à des groupes de
travail issus du sérail et choisis sans aucun contrôle démocratique ! Comme
si l’abandon de notre pouvoir législatif à Bruxelles ne suffisait pas ; à
moins que tout ceci ne soit que le côté pile et le côté face de la même fausse
pièce....
Ce dévoiement avéré révèle à quel point notre Démocratie est devenue un théâtre d'ombres!
Ce dévoiement avéré révèle à quel point notre Démocratie est devenue un théâtre d'ombres!
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