dimanche 10 décembre 2017

JOHNNY POPULAIRE ET HEROS NATIONAL, POURQUOI?




Johnny est une énigme…

J’ai aimé ses chansons. Je suis allé en moto assister à un de ses concerts ; je ne pouvais pas y aller en voiture….. J’ai dansé le twist, le rock en roll, le slow sur ses interprétations. Comme beaucoup…. Toutefois cela n’explique pas ce à quoi nous venons d’assister depuis mercredi. Alors, pourquoi ? Johnny pourquoi ?


Comme certains, j’ai été tenté de me dire qu’on en faisait trop. Et puis, face à l’ampleur et la persistance, à l’indicible émotion partagée, j’ai voulu comprendre ; comprendre l’énigme de ces amitiés aussi surprenantes qu’étonnantes, de cette idolâtrie dans toutes les couches de la société, de ces louanges venant de tous les horizons, de ce deuil quasi-national… j’ai voulu chercher la vérité qui se cache derrière ce phénomène hors norme. Comment Johnny a-t-il pu tisser ce lien mystérieux avec le peuple, avec tout le peuple?

Il y a bien sûr son identification avec une génération qui a traversé l’après-guerre, les trente glorieuses dans l’insouciance, sa soif de liberté, de découverte, de paradis artificiels, avec cette France rock ‘n’ roll qui le voyait un peu subjuguée vivre avec excès tous ses penchants, ses tentations, ses erreurs, et comme il l’a dit assez crûment toutes « ses conneries ». Sans doute est-ce une première part de vérité, mais elle n’explique pas l’ampleur du phénomène; ce n’est ni assez fort, ni assez puissant ni assez profond…

De tous les éloges c’est celui de Daniel Rondeau qui m’a aidé à élucider le mystère. Ce saltimbanque sans autre racine que la musique, se situe dans l’armorial des troubadours français ; un troubadour très rock ‘n’ roll qui a tissé un lien particulier avec la France, en particulier dans sa démesure, son inaptitude à accpeter les limites. Rien n’était impossible à Johnny chanteur. Ça, c’est très français !... Mais surtout, Johnny Gavroche comme le nomme Daniel Rondeau fut un être vrai. Il n’a jamais triché. Pour preuve son interview au Monde en 1998 par le même Daniel Rondeau. Il a lui-même dit et analysé ses excès et ses errements ; sa destroyance !

Daniel Rondeau s’est exprimé dans ces termes à l’occasion de son éloge funèbre à la Madeleine : « En notre qui temps détourné des héros et des saints, il me semble que Johnny pourrait entrer dans cette parade des phénomènes français au sens forain du terme – selon l’expression de Paul Valery. À la question de son rapport à la France il répondait je suis français et ma ville c’est Paris, ajoutant un peu plus tard je suis né catholique et je mourrai catholique ».

À cet égard, constatant qu’il sera mis en terre comme tout bon chrétien …, je ne peux pas m’empêcher de penser au paradoxe rétrospectif de ces incinérations accompagnées en musique par sa chanson « allumer le feu ! »…

Il fut celui dans lequel plusieurs générations se sont retrouvées mais sans jamais céder au snobisme gaucho intellectuel à la mode, celui de ce mai 68 dont il épousa pourtant toutes les dérives…. S’il allait chanter à la fête de l’humanité cela ne le faisait pas pour autant renier son admiration pour le général De Gaulle… étonnant ce Johnny !

De fait, ce troubadour, de la France du XXe siècle qui rejetait toute croyance, a été capable au nez et à la barbe de la bien-pensance qui devait s’étrangler en silence, d’interpréter sa chanson « Oh Marie » qui pourrait être une prière ; rappelez-vous la dernière strophe :

Oh Marie si tu savais
Tout le mal que l'on m'a fait
Oh Marie j'attendrai qu'au ciel
Tu viennes me retrouver
Oh Marie j'attendrai qu'au ciel
Tu viennes me retrouver

Son authenticité, se retrouve encore dans une confession étonnante: « On peut me faire ce qu'on voudra, je resterai chrétien. Je suis sûr que Jésus, lui, ne m'en veut pas ». Pour qui se remémore la lucidité et l’intelligence de ces dernières interview ces quelques mots résonnent de manière singulière. Ils manifestent une clairvoyance, très chrétienne. Alors que la providence lui a imposé d’affronter cette mort qu’il craignait tant lors d’une longue agonie, ne doutons pas un instant qu’il n’a pas loupé son grand rendez-vous, en vérité. Sans doute a-t-il eu beaucoup d’explications à fournir. Mais, s’il savait que Jésus ne lui en voudrait pas, c’est parce qu’il savait qu’Il n’est qu’amour. Alors si les louanges terrestres se sont en même temps accompagnées des prières que comme tout un chacun il mérite, et plus encore en raison des drames de son enfance, gageons que l’épreuve en aura été moins difficile. Paix à son âme.  

Adieu Johnny !








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