En
cette veille de Noël 2017 la France vit une idylle avec son nouveau Président
de la République de 40 ans. Alors que le monde se fracture de toutes parts nous
sommes envahis par l’impression que nous pourrions trouver les clés d’un
avenir apaisé grâce à une politique moderne enfin dégagée des idéologies politiques
du vieux monde. Faut-il y voir une illusion, un déni de réalité ou encore une forme de mépris ?
Le
positionnement politique impossible de Nicolas Hulot est significatif. Caution
écologique du nouveau Président il espère, et les Français avec lui, pouvoir
influer sur notre mode de développement en imposant une dimension écologique,
humaine, apaisée et réaliste grâce à la maîtrise d’un développement destructeur
de notre univers, de notre monde, de notre terre, de la nature et de ses
équilibres. Nul doute qu’il devra à brève échéance se rendre compte qu’il n’est
qu’un alibi. Car, les incantations écologiques de son Président ne sont que des
paroles qui ne se traduisent et ne pourront pas se traduire en actes politiques.
Le temps n’y fera rien. Notre Président est un illusionniste de talent.
Pourquoi
être aussi catégorique ? Mon jugement est-il prématuré ? Revenons aux fractures
qui menacent le monde:
- L’atteinte portée aux équilibres naturels par un développement économique que poursuivent les forces de l’argent et de la technologie. Le mythe du progrès menace la vie sur terre en abusant de notre pouvoir sur la nature. Nous en percevons les dangers et les limites.
- La négation fondamentale des réalités culturelles, régionales et familiales dont Emmanuel Todd démontre dans son dernier livre « Où en sommes-nous ? » combien elles sont essentielles dans l’évolution historique de nos sociétés ; et son analyse ne se limite pas au seul monde occidental. À cet égard les réactions des peuples britannique et catalan sont significatives. Leur vote récent manifeste leur attachement à leurs réalités régionales ou nationales malgré les conséquences économiques qu’elles peuvent avoir. Le dernier scrutin catalan en est l’illustration flagrante, ses résultats ont été un démenti formel à tous les pronostics des médias et même des specialistes! Les aspirations des peuples ne s’arrêtent pas aux seuls impératifs économiques !
- Le phénomène religieux dont malgré la perte généralisée des croyances on voit à quel point il est en passe de provoquer des ruptures, des explosions et des guerres. Que faisons-nous de Dieu ?
- Il y a enfin l’entretien de cet humanisme universaliste, négateur des différences de sexe, de race, de religion qui bouscule les hommes et les femmes dans leur vie quotidienne, dans le ressenti de leurs différences. Des différences qu’ils ne vivent pas comme des exclusions malgré le terrorisme nihiliste que le pouvoir entretient; et le Président Emmanuel Macron ne se distingue pas de ses prédécesseurs...
La
politique d’Emmanuel Macron a pour objectif de transcender ces multiples enjeux
à marche forcée, de les réduire au prix de l’illusion d’une politique de la
réussite, du succès, du progrès. Digne successeur de Valery Giscard d’Estaing
il entretient la croyance en une modernité abstraite dégagée de toutes
contingences identitaires.
Cette
politique est poussée par le monde de la Silicon Valley, celui des « GAFA ».
Ce monde de plus en plus restreint et élitiste, qui s’enrichit de façon
exponentielle et installe progressivement le pouvoir d’une cyber humanité ;
un cercle réduit à la minorité de ceux qui ont la chance de détenir un savoir
toujours plus complexe et de pouvoir imposer leur puissance économique. Ce n’est
un secret pour personne que la candidature du locataire actuel de l’Elysée a
été soutenue et poussée par ce courant mondialiste et européiste.
Il
faudra bien pourtant se décider à :
- préserver la nature en cessant de l’exploiter sans limite,
- redonner aux peuples exclus du progrès des raisons d’espérer et de croire qu’ils ont un avenir,
- permettre aux hommes de vivre avec leurs différences
- résoudre les problèmes posés par les vagues migratoires et leurs enjeux identitaires,
- cesser de nier que l’homme est un animal social et religieux, de faire croire que la religion ne peut qu’être fondamentaliste et qu’elle doit être refoulée dans nos consciences interdites d’exercer leur pouvoir sur nos vies.
L’humanisme
ne peut pas être abstrait. Il doit être incarné. L’homme ne peut pas se
satisfaire de conquérir un pouvoir illusoire, de voir son intelligence être
réduite au seul exercice de sa domination sur le monde. L’homme sent et sait
que la société doit répondre à ses aspirations, ses besoins concrets, qu’elle
doit respecter les exigences qui lui sont extérieures, que ce soient celles de
la nature, de la vie en société ou encore de la recherche du bonheur et du sens
de la vie. Les hommes savent ce que sont les contraintes du quotidien ;
ils les vivent. Ils voient que le monde des puissants qui les gouverne est faussement
affranchi de leurs contingences. Ils comprennent que cette minorité agissante n’a
cure de leurs besoins. Ce grand écart entre les aspirations et les besoins des citoyens
et les projets de ceux qui les gouvernent est un exercice impossible. A cet
égard l’absence de réponse concrète aux analyses d’un Christophe Guilluy est révélatrice.
Nous
avons besoin d’une politique incarnée, d’un développement équilibré. Or l’équilibre
passe par la maîtrise et la sagesse. Et la sagesse ne peut naître que de la
reconnaissance des limites de notre pouvoir. La sagesse passe par l’humilité…
La voie de l’humilité n’est pas celle de la course déréglée vers toujours plus
de richesses et de pouvoir technique. Elle nous renvoie au contraire à la
reconnaissance de nos limites et du besoin vital que nous avons d’en tenir
compte et de les respecter.
Nous
allons fêter Noël. N’est-ce pas l’occasion de méditer sur le message du Dieu
incarné qui a pris la condition humaine avec le visage de ce qu’elle a de plus
faible et de plus beau, sous les traits d’un bébé qui allait précisément se
soumettre à toutes nos contingences ?
Le
message évangélique du Christ est la seule vraie réponse à nos prétentions et
nos illusions constructivistes. Il nous en révèle la vanité et l’illusion. La
doctrine sociale que son Eglise en a tirée fournit aux hommes de bonne volonté
une vision éclairée de leur rapport à la nature, à la justice, à la production
de richesses, au développement, à la coexistence harmonieuse. Le tout est de
nous reconnaître enfants de Dieu et de cesser de rêver que tout nous soit
possible… Elle est la voie de la sagesse des Nations et de la réponse aux attentes
des peuples face aux enjeux dont le mépris pourrait les exposer aux risques du repli sur
soi et de la défense identitaire ou du fascisme dénoncé par Albert Camus.
Pax et Joyeux
Noël!
E.Macron, illusion ou mépris. Peut-être ignorance.
RépondreSupprimerMerci pour vôtre réflexion.
Joyeux NOËL
...et pourquoi pas un visionnaire ?
RépondreSupprimerL'avenir nous l'apprendra..