lundi 21 juin 2021

CELEBRER LA FONTAINE N'EST PAS CHOSE AISEE. QUAND LUCCHINI ET MACRON SE FOURVOIENT...

Emmanuel Macron a voulu célébrer Jean de LA FONTAINE et s’est choisi un interlocuteur de talent en la personne de Fabrice Lucchini.

Jusque-là rien à dire ; au contraire.

Sauf que, l’espace d’un jour, Fabrice Lucchini devint le fou de Jupiter… et emporta tout dans sa lancée.



Non célébrer LA FONTAINE n'est pas chose aisée!

C’était à Château-Thierry[1].

Les deux compères réunis, tutoiement de rigueur…, nous ont doté d’un numéro qui n’était ni à la mesure de l’événement, ni à celle de leurs qualités, ni encore à celle du talent de l’artiste. Lucchini n’était pas à l’aise malgré les apparences, pas naturel même s’il se força pour nous persuader du contraire, et incapable de nous persuader de l’évidente actualité de notre illustre fabuliste dont on célèbre en 2021 le 400ème anniversaire de la naissance. Emmanuel Macron n’était pas présidentiel ; mais nous en avons l’habitude. 

La célébration d'un poète de cette envergure ne peut être confiée au meilleur des artistes; chacun son rôle quel que soit son talent.

Tel que diffusé le dialogue s’est concentré sur un LA FONTAINE admirable technicien de la langue française et de la poésie. Il n’est pas question pour moi de lui contester ces qualités, bien au contraire. Mais cette réduction du legs de La Fontaine à un savoir-faire me laisse un goût amer. Il n’y a pas que cela dans les fables ! La technique envahit tout, même la culture. On détruit nos œuvres majeures en les décortiquant de manière formelle au risque d’en oublier la substance, les messages.

Rafraichissons-nous la mémoire en relisant l’adresse au Dauphin à qui ces fables furent dédiées par l’auteur :

Je chante les héros dont Esope est le père,

Troupe de qui l'histoire, encor que mensongère,

Contient des vérités qui servent de leçons.

Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons :

Ce qu'ils disent s'adresse à tous tant que nous sommes ;

Je me sers d'animaux pour instruire les hommes.

Illustre rejeton d'un prince aimé des cieux,

Sur qui le monde entier a maintenant les yeux,

Et qui faisant fléchir les plus superbes têtes,

Comptera désormais ses jours par ses conquêtes,

Quelque autre te dira d'une plus forte voix

Les faits de tes aïeux et les vertus des rois.

Je vais t'entretenir de moindres aventures,

Te tracer en ces vers de légères peintures ;

Et si de t'agréer je n'emporte le prix,

J'aurai du moins l'honneur de l'avoir entrepris.

Emmanuel Macron, jeune président, n’a-t-il pas grand profit à tirer de ces fables ? Comme nous autres d’ailleurs…

Toutefois la réduction technicienne, formelle, dissout le message. Elle nous le fait perdre de vue. Elle nous empêche de le connaître et d’en tirer des leçons.

C’est le grand problème de notre relation à la culture. Dissoudre le message. Le désubstantialiser. Nous placer à l’extérieur, en simple spectateur. Prendre de la distance. 

C'est ainsi que nous finissons par tout accepter, tout admettre, tout tolérer puisque seule la forme est en cause. L’appréciation technique emporte tout.

Voilà comment on peut dire qu’il n’y a pas de culture française…; suivez mon regard 

Les fables nous parlent, nous enseignent. Elles ne se contentent pas de nous émerveiller par la qualité de leur écriture, même si celle-ci est immense…

J’envisageais de vous proposer de passer notre été avec Balzac. Je me demande à la réflexion si nous n’allons pas le passer avec Jean de La Fontaine…

 



[1] https://www.lci.fr/culture/emmanuel-macron-a-chateau-thierry-chez-la-fontaine-ces-fables-que-les-politiques-adorent-2189018.html

1 commentaire:

  1. Et si on le passait en famille ? C’est porteur de sens aussi non ?

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