lundi 30 mai 2022

QUE FAUT-IL DIRE AUX HOMMES ?

 Que faut-il dire aux hommes ?


La question semble vaine et sans réponse, inutile… et pourtant… Que de circonstances s’offriraient de la poser à la condition de ne pas leur mentir, de ne pas nous mentir.

La civilisation du bruit répand une conspiration du silence autour des interrogations fondamentales. Elles sont refoulées, repoussées, refusées. C’est la grande démission. La grande révolte. Le grand renoncement. Le grand isolement. La grande solitude. Les questions autres que celles du matérialisme triomphant deviennent sans réponses...

Je suis envahi par une angoissante perplexité. Comment notre génération peut-elle vivre ainsi dans le déni ? Pourquoi ?

Mon regretté maître Jean Ousset a écrit que « l’humanisme révolutionnaire s’est appliqué à écarter le surnaturel pour cette raison que le surnaturel, comme tel, n’est point de l’homme, mais de Dieu ». Le grand renversement, cul par-dessus tête ! Sous prétexte de laïcité, de neutralité, Dieu n’étant qu’une hypothèse, tout prosélytisme étant à proscrire, l’homme s’est progressivement privé du surnaturel et de Dieu et donc de la possibilité de parler à ses prochains jusque dans le cercle familial, et parfois aussi, trop souvent..., jusque dans l’Eglise !

Dès lors, il ne reste plus que le pain et les jeux. Malheureusement aussi la guerre, l’intolérance religieuse, le terrorisme, les crimes insoutenables du XX° siècle et ses dizaines de millions de morts. Des spectateurs de foot imbéciles et violents. Des politiques lâches face à la violence et au fanatisme religieux....etc...

La question de l’existence de Dieu est devenue tabou. On la réduit à celle de la foi que l’on a, ou que l’on n’a pas. Dieu est une option.

Le Christ n’est plus un personnage historique ayant réellement existé, ayant diffusé sa parole pourtant retranscrite et transmise, car sa venue sur terre ne relève pas de la foi mais de la réalité ainsi que des travaux historiques en confirment la certitude. Oui le Dieu option a parlé aux hommes et leur a offert des réponses susceptibles de les combler... Il leur a parlé.

Dissolution du surnaturel et du Christ... Rejet sous couvert de conviction personnelle... Rejet da la grande interpellation aux hommes et aux femmes de bonne volonté. Rejet de la question posée à chacun.

La réponse moderne, soi-disant humaniste, est inhumaine, inaccessible.  La foi devenue une option selon une dialectique réductrice isole l’homme face au néant et à l’absolu. Elle le désarme et le renvoie à l’impuissance de sa science même si celle-ci repousse sans cesse ses limites dans sa course vers un inaccessible infini jamais démenti.

Dieu ne parle plus aux hommes. Les hommes n’ont plus de réponse à l’angoisse de leur solitude. Ils s’enferment dans leur toute puissance dont ils ne cessent en même temps de mesurer l’impuissance... Ils s’étourdissent dans leur souveraineté auto proclamée.

Ils se ferment aux réponses surnaturelles se retranchant derrière le fait qu’ils n’ont pas la chance de croire comme si la foi était un acte de volonté de chacune et chacun dans l’intimité de son cœur et de son esprit alors qu'elle la réponse à la parole transmise après avoir été proclamée.

Or l’homme n’est pas qu’un amas de matière. Il a une dimension qui le rend capable d’admettre l’existence de Dieu, de reconnaître que ce dernier lui a parlé et qu’il lui parle toujours... L'homme s’écoute mais n’écoute plus. Le silence dans lequel la parole lui est adressée est rendu inaccessible par le bruit de son environnement et par le sien propre. Il s’ébroue tel la grenouille de La Fontaine et d’Esope face à un absolu qu’il croit pouvoir se donner lui-même à lui-même.

L’homme a construit sa prison se persuadant que seule la matière peut lui apporter des certitudes.

Suis-je dogmatique en écrivant cela ?

Je ne le crois pas...

Je le crois d’autant moins que je ne nie pas la place du doute. Le doute est partie intégrante de la vie et de la foi.

Avec Charles Maurras envahi par ce doute je crie :


Car, Seigneur, je ne sais qui vous êtes. J’ignore

Quel est cet artisan du vivre et du mourir,

Au cœur appelé mien quelles ondes sonores

Ont dit ou contredit son éternel désir

 

Et je ne comprends rien à l’être de mon être,

Tant de Dieux ennemis se le sont disputé !

Mes os vont soulever la dalle des ancêtres,

Je cherche en y tombant la même vérité.

 

Écoutez ce besoin de comprendre pour croire !

Est-il un sens aux mots que je profère ? Est-il,

Outre leur labyrinthe, une porte de gloire ?

Ariane me manque et je n’ai pas son fil.

 

Comment croire, Seigneur, pour une âme que traîne

Son obscur appétit des lumières du jour ?

Seigneur, endormez-la dans votre paix certaine

Entre les bras de l’Espérance et de l’Amour.

 

Que faut-il dire aux hommes ?

Il faut ouvrir leur cœur et leur raison afin de les placer face à leur destinée qui les conduit vers leur Père ... L'homme moderne est orphelin.

Nul doute que la cité des humains gagnerait non pas à imposer de croire, comme on reproche trop injustement et faussement au Christianisme de l’avoir fait, mais à ne pas les enfermer dans de fausses certitudes naturelles et à les ouvrir à un surnaturel qui n’est pas leur choix, ni le fruit de leur volonté ou d’une quelconque chance mais qui est une part d’eux-mêmes avec laquelle ils ont rendez-vous à travers leur chemin naturel...

Parler aux hommes revient à les placer aussi face à eux-mêmes comme Sainte Mère Térésa le répondait à un journaliste lui demandant ce qu’il fallait changer pour que le monde aille mieux ; « ce qu’il faut changer c’est toi et moi ». Tout est dit par cette grande Sainte dont l’amour fut la marque de son passage au cœur des souffrances humaines.

Ce qu’il faut dire aux hommes n’est pas le plus facile....

Ils ont la réponse en eux, au fond de leur cœur, dans ce qu’il a de plus exigeant mais de plus réconfortant. Sans refuser le monde, car la religion n’est pas une fuite...Elle conduit au seul accomplissement possible pour leur être qui n’est pas qu’un amas de matière. Le surnaturel se greffe sur la nature. Il la transcende. Il ouvre le dialogue en vérité. Il permet de dire aux hommes ce qu’ils attendent alors qu’ils croient être dans la nuit, dans le marécage de leur moi.

Que faut-il dire aux hommes ?

Blaise Pascal dont on réduit trop la foi à un pari a eu la réponse dans sa nuit de feu au cours de laquelle il fut saisi par la profonde convergence entre la foi et la raison, comme s’il avait découvert qu’il était raisonnable de croire :

L’an de grâce 1654,

Lundi, 23 novembre, jour de saint Clément, pape et martyr, et autres au martyrologe.

Veille de saint Chrysogone, martyr, et autres,

Depuis environ dix heures et demie du soir jusques environ minuit et demi,

 

FEU.

 

« DIEU d’Abraham, DIEU d’Isaac, DIEU de Jacob »

non des philosophes et des savants.

Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix.

DIEU de Jésus-Christ.

Deum meum et Deum vestrum.

« Ton DIEU sera mon Dieu. »

Oubli du monde et de tout, hormis DIEU.

Il ne se trouve que par les voies enseignées dans l’Évangile.

Grandeur de l’âme humaine.

« Père juste, le monde ne t’a point connu, mais je t’ai connu. »

Joie, joie, joie, pleurs de joie.

Je m’en suis séparé:

Dereliquerunt me fontem aquae vivae.

« Mon Dieu, me quitterez-vous ? »

Que je n’en sois pas séparé éternellement.

« Cette est la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. »

Jésus-Christ.

Jésus-Christ.

Je m’en suis séparé; je l’ai fui, renoncé, crucifié.

Que je n’en sois jamais séparé.

Il ne se conserve que par les voies enseignées dans l’Évangile:

Renonciation totale et douce.

Soumission totale à Jésus-Christ et à mon directeur.

Éternellement en joie pour un jour d’exercice sur la terre.

Non obliviscar sermones tuos. Amen.

Semper idem !

1 commentaire:

  1. Le seul prosélytisme qui soit aujourd’hui encouragé est celui de la religion écologiste ; celui qui est admis ou toléré ne concerne plus la civilisation chrétienne…
    CR

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