Julien ROCHEDY affirme « je veux que les vérités du passé nous reviennent ». Réaction d’un ami : cet homme est radical ! Voilà qui me permet de retrouver Gilbert K. CHESTERTON et ses HERETIQUES, plaidoyer pour une forme de radicalisme qui se ressource dans la capacité d’émerveillement.
La discussion avec mon ami rebondit très vite sur la
question de la vérité, des vérités des anciens auxquelles ROCHEDY fait
référence.
Gilbert K. CHESTERTON répond : « L’idée
moderne est que la vérité cosmique est si dénuée d’intérêt que tout ce qu’on
peut dire est sans valeur ». D’ailleurs le scientifique qui domine la
réflexion moderne affirme que tout est toujours relatif, la vérité d’aujourd’hui
n’est pas celle de demain…
Notre écrivain anglais réplique et prolonge sa réflexion :
« il s’en suit donc que, ni dans le monde de la politique ni dans celui
de la littérature, le rejet des théories générales n’ait eu un succès. Il se
peut que beaucoup d’idéaux erronés et insensés aient de temps à autre troublé l’humanité,
mais, assurément il n’y a pas eu d’idéal qui dans l’application ait été aussi
insensé et aussi erroné que l’idéal pratique… ».
Car « les vérités deviennent des dogmes dès l’instant
qu’elles sont contestées. Ainsi tout homme qui émet un doute formule une
religion. Et le scepticisme de notre époque ne détruit pas véritablement les
croyances, il les crée plutôt, il leur impose leurs limites, leurs formes
précises et leur relief…. Tout sera nié et deviendra croyance. C’est une
position raisonnable que de nier les pavés de la rue, le fait de les affirmer
deviendra un dogme religieux. C’est une thèse rationnelle de prétendre que nous
vivons tous dans un rêve, il sera d’un saint mysticisme de déclarer que nous sommes
tous éveillés. On allumera des feux pour déclarer que deux et deux font quatre.
On tirera l’épée pour prouver que les feuilles sont vertes en été. Nous serons
amenés à défendre non les incroyables vertus de la vie humaine, mais quelque
chose de plus incroyable encore, cet immense et impossible univers qui nous
confronte. Nous combattrons pour des prodiges visibles comme s’ils étaient
invisibles. Nous contemplerons l’herbe impossible et les cieux avec un étrange
courage. Nous serons de ceux qui ont vu et pourtant ont cru. » Voilà
qui est dit avec ce sens du paradoxe et cette capacité d’exprimer les idées en
allant jusqu’au bout de leur logique. Blanc est blanc. Noir est noir. Dans le monde des idées, de la littérature, de la philosophie, de la politique, de la religion... Dans ce monde où tout est permanent à l'inverse de celui des sciences qui évolue au gré des découvertes.
Choc de la modernité. Radicalité du retour aux vérités
des anciens. Julien ROCHEDY précise très justement " je ne veux pas que le
passé revienne, je veux que les vérités du passé nous reviennent ; c’est
assez différent." Gilbert K. CHESTERTON ne l’aurait pas dit autrement…
Prolongeons encore la réflexion à l'aide des HERETIQUES avec le nécessaire émerveillement sans
lequel il est impossible d’admettre l’évidente nécessité du vrai, du beau et du
bien dont nous devons l’affirmation à nos ancêtres grecs. Car « la
vérité, c’est que toute appréciation sincère repose sur un certain mystère d’humilité,
presque d’obscurité. » Et l’humilité passe par la capacité de s’émerveiller.
« C’est un fait que chaque instant de vie consciente est un prodige
inimaginable, c’est un fait que chaque visage que nous croisons dans la rue a l’imprévu
incroyable d’un conte de fées. Mais ce qui empêche l’homme de s’en rendre
compte, ce n’est ni sa clairvoyance ni son expérience, c’est simplement l’habitude
d’établir des comparaisons pédantes et précieuses entre une chose et une autre. »
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