dimanche 25 septembre 2022

TOUT VA MAL!... ET ALORS ?

Je reprends le cours normal de mes billets hebdomadaires. Chronique du temps qui passe. Chronique des affres du quotidien. Chronique des incidents, des provocations, des crises qui sont malheureusement monnaie courante. Chronique d’un temporel qui va mal.



Mais Jacques BAINVILLE, le grand historien, nous a rappelé que tout a toujours été très mal

Chronique plutôt donc de ce qui se cache derrière nos inquiétudes, nos turpitudes, derrière tout ce qui fait sens au-delà de la sinusoïde des événements.

Le fait est toutefois que nos angoisses se nourrissent des événements qui s'accélèrent sur les plans international et économique ; mais aussi des délires de l'idéologie Woke, de l'irresponsabilité de nos responsables politiques, de la spirale de l'échec de notre système éducatif, de l'absence de solutions politiques concrètes au problème posé par l'immigration ? Et demain l’euthanasie ou la GPA … Cela semble être un tsunami

Ce caractère anxiogène de « la crise » est accentué par un débat généralisé et permanent, comme si nous étions responsables de tout ce qui va si mal. La démocratie est devenue le cadre institutionnel du débat… On nous fait arbitres de tout en même temps qu’on nous gave d’avis et d’expertises. N'êtes-vous pas submergés par une immense perplexité face aux analyses dont on nous assomme pour tout, sur tout, en tout ?

Pour l’heure, il m'apparaît donc plus important d’essayer de relativiser afin d’être positifs. Prendre de la distance. Mettre tout ce qui nous agite en perspective. Mais quelle perspective ? Tout simplement celle de notre survie, de notre bonheur, celui dont nous sommes les artisans et les seuls acteurs et dont nous nous sommes laissés déposséder, comme par substitution !

Après avoir fréquenté Gilbert K. CHESTERTON pendant l'été je m'aperçois de la vanité de beaucoup de ces discours, échanges, discussions, billets. Il fut l'apôtre de l'émerveillement. Or nous ne savons plus nous émerveiller. II fut le chantre du paradoxe ; un paradoxe qu’il n’imaginait pas, qu’il ne conceptualisait même pas, mais qu’il identifiait dans la vie, dans les événements, dans la pâte humaine et sociale. Or nous ne savons plus « voir ce que nous voyons » nous dit Péguy toujours lui, lorsqu’il s’agit d’aller à l’essentiel… Comment s’étonner dès lors de notre inaptitude à identifier les paradoxes pourtant éclatants et révélateurs de notre mode de vie individuelle et sociale ? Je cherche un Gilbert K. CHESTERTON dans tous les experts pontifiants des chaines d’information continue. En vain… Je ne trouve que des charlatans qui ne sont que les agents inconscients de ce grand renversement moral et politique.

L'essentiel est donc de trouver les moyens de s’abstraire de cette ambiance anxiogène même si nous n'avons pas le droit de nous désintéresser de notre avenir collectif.  

Car il va de soi que nous sommes personnellement impuissants à arrêter la guerre entre la Russie et l'Ukraine, à résoudre la catastrophe énergétique dans laquelle les pouvoirs successifs nous ont plongés ou encore l'inflation provoquée par l'insouciance et l'imprévoyance des efforts économiques engagés pour combattre les effets de la pandémie du COVID-19.

Oui tout va très mal

Que nous reste-t-il ? Rien ? Le désespoir ? L'abandon ? Certainement pas ...Peut-être l’essentiel

Face au constat de notre impuissance immédiate, personnelle à renverser ces réalités négatives, alarmantes et inquiétantes une question lancinante revient : Que faire ? A quoi se raccrocher ? Quels combats mener ?

À l'occasion des célébrations qui ont entouré le décès de la reine Élisabeth II et ses obsèques mon attention a été attirée par une remarque saisie au hasard de l’une de mes nombreuses lectures. Certes nos amis anglais nous ont-ils apporté la démonstration de la force de la tradition, de la continuité, de la sagesse dont leur reine avait fait preuve et que leur monarchie semblait leur réserver. Unité, continuité, sens de la Nation, du « nous commun ». Cependant force est de constater que leurs problèmes politiques, économiques et sociaux sont particulièrement aigus. Tout va très mal outre-manche malgré la royauté... La monarchie a-t - elle changé quelque chose ? Objectivement rien de ce qui va mal... Mais l'unité, la continuité, le sens de la Nation, au fond tout ce qui fait cette fierté anglaise, sont un patrimoine immatériel préservé par leurs institutions monarchiques, non pas parce qu'elles sont monarchiques mais parce qu'elles traversent le temps et assurent une stabilité institutionnelle. Cela permet aux anglais d'assumer et de transcender les peines du quotidien. Ils en tirent un soutien, une force pour faire face à la tempête.

J'insiste, car nous touchons un point déterminant que nous avons trop tendance à oublier. Lorsque je répète que tout va mal et que tout a toujours été très mal, il y a bien sûr des moments plus ou moins heureux. Nos pérégrinations terrestres ne sont pas faites que de bonheur et de réussite. Loin de là. Et il ne peut pas en être autrement. Il n’y a pas de paradis sur terre. L’histoire le démontre. Toute la question est de savoir comment on transcende ces conjonctures négatives pour survivre et mieux même, malgré cela, atteindre le bonheur. Et Dieu sait que nous sommes privilégiés tant par rapport à nos ancêtres que par rapport aux ukrainiens, aux iraniens ou aux africains soumis à la famine et aux atrocités des islamistes, pour ne citer qu’eux 

La grande erreur de notre époque est résumée dans le slogan de François Mitterrand nous faisant croire que la politique pouvait nous procurer le bonheur. Les institutions de la République, comme celle de la monarchie en Angleterre, ont pour objet de permettre aux politiques de gérer les événements de telle sorte que les citoyens puissent trouver le soutien et le souffle leur permettant de continuer leur chemin. Les recettes, les cuisines auxquelles l'époque moderne nous a habitués depuis quelques décennies ne sont que de la démagogie politicienne électoraliste. À cet égard la modestie, l'empathie, la bienveillance de la reine Élisabeth II à l'égard de ses sujets, qui fait penser à celle passée de nos rois de France, apporte la distance vis à vis du quotidien. Elle montre que le pouvoir politique, institutionnel, est d'abord là pour faire lien, aider, assister, soutenir et non pas pour transformer, édifier, bonifier ou réaliser je ne sais quelle billevesée contemporaine ou utopie suicidaire

À cette première erreur s'en ajoute une seconde également très partagée selon laquelle il y aurait un système d'institution de référence, miraculeux susceptible de faire en sorte que tout n’aille pas mal. Le régime idéal. Erreur souvent nourrie de beaucoup de nostalgie et d'illusion.

Alors, que faire ?

Tout d'abord, nous débarrasser de nos illusions, de nos rêves, de notre refus d'accepter que nos existences ne soient pas toujours confrontées d'une manière ou d'une autre à une forme de mal ou d'échec. Être pragmatique. Accepter sans subir. Sans illusion. Sans prétention. Mais aussi sans concessions.

Il nous revient ensuite de manière impérative, vitale, salutaire de créer autour de nous des espaces de respiration individuelle et collective, des pôles de résistance. En dehors de nos « votations » qui ne sont plus l'expression d'une démocratie véritable, nous n'avons pas de moyens d'action concrets et efficaces à notre disposition pour modifier le cours actuel des événements. Cela est même vrai sur le plan culturel, intellectuel, philosophique, religieux tant il est vrai qu'un processus délétère est en cours que rien ne semble devoir ni pouvoir arrêter. Mais, encore une fois, il n'y a là rien de nouveau. Prenons l'exemple de l'Eglise, institution pourtant divine et inspirée. Elle a procuré et procurera toujours la grâce sanctifiante, mais Elle n'a jamais été affranchie des difficultés et particulièrement de l'hommerie

Alors que faire ?

Combien de fois ai-je déjà cité le discours d’Alexandre SOLJENITSYNE à Harvard en 1978 dans lequel celui-ci nous appelle au courage et au refus du mensonge ? Savoir dire non. Savoir être en vérité. J’y reviens donc, au risque d’être redondant.

Alors que tout fout le camp, que nul ne sait où nous allons - qui nous aurait dit il y a trois ans que nous connaîtrions une pareille bousculade de catastrophes en tous genres, sanitaire, économique, diplomatique - seuls des hommes et les femmes arc-boutés sur la vérité de la vie en société, ce qui implique nécessairement le refus du mensonge et le courage, peuvent nous aider à préparer non pas des lendemains qui chantent mais un avenir qui puisse malgré les difficultés inhérentes à la vie, être le lit du bonheur pour chacun. Car PEGUY, encore lui, nous rappelle que « le spirituel couche dans le lit de camp du temporel ». Ce temporel est notre lot. Nous devons faire avec ! Nous n’avons pas le droit de le fuir et de déserter.

Alors que nous sommes confrontés au délire d’un processus qui veut nous emporter mettons en place nos grilles de lecture et d’analyses personnelles. Récusons. Refusons. Rejetons. Mettons en place autour de nous des barrières destinées à préserver nos individualités, nos familles, nos enfants, nos activités de la contagion de tous ces démagogues et ces idéologues, qui n’ont ni les capacités intellectuelles d'un géant comme Alexandre SOLJENITSYNE, ni la modestie et la bienveillance d'une reine ÉLISABETH II ou d’un SAINT LOUIS, doivent être méprisés, ignorés, ridiculisés. Nous leur donnons trop d’importance ne serait-ce que par notre écoute.

Pour conclure, je voudrais faire référence un débat qui devrait prendre de l'ampleur et qui illustre parfaitement ce que je veux exprimer. Il s'agit de la prochaine coupe du monde de football organisée au Qatar. Notre ancien Président de la République François HOLLANDE a déclaré que s'il était encore au pouvoir il ne s'y rendrait pas. Il n'a pas osé dire qu'il ne regarderait pas les matchs à la télévision ce qu’a fait un ancien très grand footballeur Éric CANTONA. Qui sera capable de ne pas regarder les matchs de cette coupe du monde que la morale réprouve ? Sommes-nous assez forts pour constituer ce premier rempart du refus de cautionner ce qui ne doit pas l’être ? La réponse est évidente même s'il n'est pas certain qu'elle sera concrétisée dans nos actes tant la tentation sera grande pour les amateurs de ce beau sport… À n'en pas douter il pourrait en être de même à bien des égards et pour d'autres sujets. Cela témoignerait de notre refus de rester solidaire d’un système injustifiable. Cela aurait la puissance du refus et de la détermination de personnes libres !

Il est vrai que nous serions mieux armés pour le faire si à la tête de nos institutions se trouvait un homme ou une femme affranchi de tout ce qui va mal et dont le destin serait indéfectiblement lié au notre… Mais il faut faire avec ce qu’on a ! Tel est notre devoir d’état.

Semper idem !

 

 

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