J’allais en voiture à un rendez-vous. 8 heure venait de passer. J’écoutais EUROPE 1 ; j’aime bien les interviews de Sonia MABROUK. Ce matin-là elle recevait un animaliste antispéciste, Hugo CLEMENT : « On est juste une espèce animale parmi les autres » ! Violent… Un vrai combat!
Elle le bougea un peu, mais il tint bon, comme tous les
originaux de son espèce… Et oui, pas facile de les déstabiliser, même quand
on est une bonne journaliste ! « Nous sommes une espèce qui prend
trop de place …. Il faut arrêter de faire des hiérarchies pour
exploiter le vivant … Notre comportement envers les animaux se retourne
contre les humains ». Sonia MABROUK n’a pas eu raison de sa dialectique.
J’ai envoyé le lien de l’émission à un ami darwiniste idéologisant parce agnostique.
Logique qu’on en arrive là, lui dis-je. Si l’homme n’est QUE le produit de
l’évolution d’un singe ou d’un batracien, et plus loin encore d’une bactérie….
QU’un animal un peu plus évolué que les autres…. Rien de substantiel ne les différenciant… seuls
les hasards de l’évolution expliquant la nature humaine … qu’y a-t-il d’étonnant que des illuminés
bâtissent un système fondé sur l’égalité entre hommes et animaux ?
Logique !
Cet ami s’en tira en me répliquant que l’animaliste est
envenimé par le wokisme.... Que nenni me dis-je ! Rien à voir avec le
wokisme... Sauf, à la réflexion, à admettre que les animaux puissent être victimes
de discrimination, ce qui induit qu’on n’a rien compris à ce qu’est la nature
humaine. Mais dans ce domaine comme dans tous les autres le wokisme... ne peut
avoir libre cours qu’en raison de notre refus de faire de l’anthropologie sans
oublier de réfléchir sur le plan philosophique.
Hugo CLEMENT et consorts sont le produit de notre
ignorance philosophique, de notre incapacité à nous élever, à nous abstraire de
la matière et à concevoir l’idée de la nature humaine à partir d’une saine et
objective analyse du réel.
Parce que si on s’abstrait de la matière on sait faire la
part des choses. On est capable, avec l’Eglise Catholique d’admettre les
démonstrations scientifiques de l’évolution sans renoncer au fait que l’homme a
objectivement quelque chose que les autres animaux n’ont pas. Je ne connais pas
de singe qui ait peint la Joconde ou qui ait construit une fusée pour aller sur
la lune, ou encore qui ait, malheureusement…, inventé la bombe
atomique !
Or il est évident que si on reste au seul niveau
scientifique on ne peut pas rabattre son caquet à notre animaliste ;
théorie de l’évolution oblige…. L’homme vient d’une bactérie comme tous les
autres animaux ; pourquoi, comment en faire un être supérieur ?
Egalité ! Racisme anti-animaux !
J’en viens au cœur de mon propos.
Notre problème, sur ce sujet comme sur bien d’autres,
c’est que nous ne réfléchissons plus en humanistes.
Pourquoi apprend-on – apprenait-on plutôt… - des
rudiments de philosophie en classe terminale ? Faire ses humanités… Pour
être « des roseaux pensants ». Afin d’appréhender les bases de cette
science humaine qui domine toute réflexion, ou enfin qui devrait, et ne pas en faire
un jeu de « chamboule tout » des idées !
Il est vrai qu’avec l’ère moderne, la philosophie est
devenue le lieu intellectuel de tous les délires et de toutes les aberrations. Sortie
du domaine des sciences, l’intelligence est devenue l’outil de tous les
affranchissements, du grand n’importe quoi. Elle s’est débarrassée de la vérité
dont la recherche a été abandonnée aux seules sciences exactes, alors qu’elle
peut être un domaine d’intelligence maitrisée, raisonnée, exacte.
Peut-on soutenir n’importe quoi ? Nous y
voici ! C’est mon sujet.
La philosophe Simone Weil nous apporte la réponse,
exigeante.
« La liberté d'expression totale, illimitée,
pour toute opinion quelle qu'elle soit, sans aucune restriction ni réserve, est
un besoin absolu pour l'intelligence. Par suite c'est un besoin de l'âme, car
quand l'intelligence est mal à l'aise, l'âme entière est malade ».
Tout est-il donc permis ? Simone WEIL s'empresse d'ajouter qu'il faut
distinguer le monde de l'action, dont le journalisme fait partie, du monde de
la pensée pure où l'on ne désire que comprendre, où l'on ne cherche pas à
persuader. C'est seulement dans ce second monde que la liberté d'expression
totale est légitime. Où la ligne de démarcation se trouve-t-elle ? Réponse de
Simone WEIL : « La distinction des deux domaines, celui qui est hors de
l'action et celui qui en fait partie, est impossible à formuler sur le papier
en langage juridique. Mais cela n'empêche pas qu'elle soit parfaitement claire.
La séparation de ces domaines est facile à établir en fait, si seulement la volonté
d'y parvenir est assez forte ».
Si une telle volonté existait, on créerait,
ajoute-t-elle, un tribunal spécial pour les crimes contre la vérité :
« Ne serait-il pas temps de proclamer que
tout crime discernable est punissable, et qu'on est résolu, si on a en
l'occasion, à punir tous les crimes ? Quelques mesures faciles de salubrité
publique protégeraient la population contre les atteintes à la vérité. La
première serait l'institution, pour cette protection, de tribunaux spéciaux,
hautement honorés, composés de magistrats spécialement choisis et formés. Ils
seraient tenus de punir de réprobation publique toute erreur évitable, et
pourraient infliger la prison et le bagne en cas de récidive fréquente,
aggravée par une mauvaise foi démontrée ».
Voilà qui n’est pas conforme à la bien pensance qui n’ose
par contre condamner ni l’animalisme, ni l’antispécisme ni le wokisme.... Propos
lumineux et clair de Simone WEIL qui nous fait sortir du capharnaüm de la pensée
dans lequel nous nous embourbons ; capharnaüm dans lequel nos animalistes,
écologistes, wokistes et idéologistes de tous poils sont à l’aise comme des
poissons dans l’eau car il est bien connu qu’au royaume des aveugles les
borgnes sont rois.
Pour revenir à notre animaliste antispéciste il suffirait
d’oser franchir le Rubicon de la fausse tolérance et frapper de discrédit ses
expressions décorrélées de toute recherche de la vérité.
De même pour nos darwinistes intégristes qui au nom de l’évolution nient la spécificité de l’homme ; ce darwinisme intégral – intégriste ! - est-il vraiment fidèle à Darwin ? Dominique LMABERT écrit à ce sujet dans une longue analyse à laquelle je vous renvoie https://www.cairn.info/revue-transversalites-2010-2-page-119.htm :« Cette théorie, qui est strictement scientifique (Darwin est un naturaliste méticuleux qui accumule de façon impressionnante les données à l’appui de ce qu’il avance), a fait rapidement l’objet d’interprétations philosophiques ou théologiques, voire antithéologique, qui ont largement échappé à son auteur. »
Le darwinisme intégriste, anti-religieux, a-philosophique critique la religion catholique dont il
brandit la soi-disant intolérance en même temps qu’au nom de son aveugle
absorption de l’abstraction par la science, il fait montre pour le coup d’authentique
intolérance en réfutant toute dimension philosophique et métaphysique à une
question qui n’est QUE philosophique et métaphysique. Refus de l’abstraction…
Il faut quitter le plancher des vaches et de l’évolution biologique …
LA QUESTION posée est bien philosophique : Qu’est-ce
qui distingue et spécifie l’homme que tout différencie de l’animal dont il
semble pourtant être l’indéniable cousin ? Accepter cette équation dans
toutes ses variables c’est nécessairement se poser la question philosophique et
refuser d’y répondre n’importe quoi parce que la philosophie serait le royaume
de tous les possibles.
Question à laquelle nous avons le devoir de répondre avec
notre intelligence d’homme, cette faculté propre qui nous a permis de découvrir
ce qu’aucun animal ne s’est jamais demandé ! Je cherche encore le singe ou
n’importe quel autre animal qui se soit posé la question de sa différence
avec l’homme et qui en ait fait des livres. Il serait temps d’appeler un
chat un chat et cesser d'accepter que l'on dise n'importe quoi …
CQFD !
1/ N’y a-t-il pas un certain paradoxe à vouloir indifférencier les hommes des autres animaux d’une part, et vouloir à tout crin plaider la cause des différences chez l’homme d’autre part ?
RépondreSupprimer2/ Quand on pousse à l’extrême cette logique animalière anti-spéciste, on arrive logiquement à appliqué à l’homme la formule suivante : « on achève bien les chevaux » !
chaque esèce a sa spécificité que ce soit dans le domaine végétal animal ou humain on a jamais vu des abricots sur un figuier ni un chat ce comportant comme un oiseau etc.....
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