Je suis allé voir « Reste un peu » le dernier film de Gad Elmaleh. Oh my God !
Je me méfiais un peu de l’enthousiasme des catholiques en
mal de reconnaissance et avides de ce qu’ils ont reçu comme un cadeau du ciel ;
pensez-vous une vedette incontestée du showbiz qui fait son coming-out
spirituel en faveur de leur religion et qui en fait un film! Passons…
Pour moi c’est une réussite sans être un grand film.
Le scénario en est original, entre la fiction et le
documentaire, bon et mesuré alors qu’il aurait pu tomber dans les clichés ou
les lourdeurs. Les acteurs jouent tous très bien, alors qu'il s'agit de sa
famille et des personnes qui ont accompagné son parcours sur le plan religieux.
Il est sincère. Émouvant. Il n’en rajoute pas. Rien de
contrefait, rien de surfait dans un domaine pourtant particulièrement délicat.
C'est juste. Rien de trop. Il nous raconte une histoire qui est la sienne sans
l’être totalement, ce qui lui permet d’avoir la distance nécessaire.
Sans tomber dans la lourdeur ce film est agrémenté de la
touche humoristique de son auteur, qu’on peut ne pas apprécier. Oui on rit.
C'est une comédie, mais c'est une comédie dramatique. Le thème est profond. Le
dilemme, la déchirure de la famille, comme de Gad Elmaleh, sont réels, vécus
intimement et affectivement, avec sincérité. Malgré l’humour et le rire on
n’est objectivement pas là pour rigoler. C’est du lourd. Gad Elmaleh ne nous
raconte pas d'histoires ; il ne nous trompe pas. Il se met à nu devant la
caméra sans fard, avec sa conscience, son intimité, son âme.
Son tourment est réel. On le sent déchiré. Et ce n’est
pas un hasard s’il met dans la bouche du prêtre les paroles de NSJC « Et
quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou son
père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons,
recevra le centuple, et héritera la vie éternelle ». (Mathieu 19, 29)
avant la cérémonie de son baptême en présence de ses parents alors que ces
derniers sont déchirés par sa décision de demander ce baptême. Et son balancement intérieur se clôture sur une très belle scène au
pied de Notre Dame à Casablanca… Itinéraire chaotique du croyant qui ne
triche pas avec sa foi, son adhésion, sa réponse à Dieu.
D’aucuns seront perplexes devant cette foi qui donne
l’impression de se réduire à une réponse à l’appel de la Vierge Marie alors
qu’il semble avoir une réserve sur la divinité de Jésus et sur certains des
fondamentaux de la foi catholique. Gad moqueur, c’est sa nature très bien
analysée par Delphine Horvilleur femme rabbin, leur répond : il est en
chemin et suit Marie… Jusqu’où le mènera-t-elle ? Et puis cet humour est
bâti sur la dérision propre à l’humour juif auquel on ne peut dénier une réelle
pertinence qui manque parfois au milieu catholique.
Voilà un film authentique. Les dialogues sont profonds et
témoignent de son itinéraire spirituel. Son auteur ne craint pas de s’exposer,
de se ridiculiser aux yeux du monde car c’est un peu comme s’il nous
confiait entendre des voix!
Un autre de ses mérites est de présenter « les
catho » de manière sympathique, attirante, avec de beaux rôles : la
religieuse qui l’accompagne, le prêtre qui le suit, la jeune fille qu’il
rencontre par hasard dans une église, rencontre qu’il raconte à ses parents
comme étant survenue dans un magasin de bougies !... Anecdote éclairante.
Gad reste prisonnier de son déchirement qu’il ne parvient pas à assumer au
risque du mensonge et de paroles qui prises au premier degré peuvent choquer
mais qui en réalité permettent de percer ses doutes, son tourment spirituel. Il
reste qu’on peut craindre par moment de tomber dans un gloubi-boulga œcuméniste.
Ce film est rafraichissant dans un monde qui n’ose plus parler de la religion catholique comme Gad Elmaleh l’exprime bien dans un de ses sketches. Il est vrai. Il est sans fards. Je l’ai trouvé d’une grande richesse.
La suite lui appartient. Que fera-t-il de sa conversion de cœur qui semble être sa réponse dans le film ? Quant à la fin nous l'ignorerons toujours comme Gad lui-même…
Restons-en donc au film, à son scénario, à son jeu. Faisons notre miel avec ce qu'il nous propose, sans le "bader" aussi bêtement que de manière maladroitement apologétique comme certains en ont l'aveugle tentation.
Oh my God !
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