dimanche 15 janvier 2023

UN AUTRE REGARD SUR LE CONFLIT ENTRE LA RUSSIE ET L'UKRAINE;

L’évolution de la guerre en Ukraine demeure incertaine. Qui aurait imaginé, il y a un 11mois, que nous en serions là en janvier 2023 ? Nous avons besoin d'analyses qui prennent de le hauteur et de la distance. Emmanuel Todd nous livre les siennes. On n'est pas déçu!


Je viens de lire son interview dans le Figaro et d’écouter également l’une de ses dernières conférences au sujet du livre qu’il publie et la crise de l'occident. https://www.youtube.com/watch?v=mCVsoYjihdE Sauf qu’il ne le publie pas chez nous mais au Japon !…

Quand on l’écoute on comprend qu’il pense être inaudible dans nos démocraties occidentales. Il ne cède pas à la doxa. Il ose tout dire grâce à sa capacité d’analyse de démographe, de géopoliticien et d'historien.

Je ne vais pas le paraphraser. Mon propos n’est pas là. Lisez-le ou écoutez-le.

En le lisant et en l’écoutant j’ai été interpellé par le fait qu’il propose une analyse affranchie de tous nos a priori, nos préjugés et nos postulats intellectuels,  moraux comme politiques ou économiques.

Quelques exemples permettront de comprendre ce que je veux dire:

  • Il souligne un double paradoxe de cette guerre. Qui aurait imaginé, ukrainiens et russes les premiers, que l’Ukraine résisterait ainsi sur le plan militaire ? Même si l’Ukraine se bat avec les armes de l’Occident et de l’OTAN. Et en même temps qui aurait imaginé que la Russie qui représente à peine un peu plus de 3 % du PIB mondial en y ajoutant celui de la Biélorussie résisterait ainsi au blocus de l’Occident, allant même jusqu’à mettre ce dernier en difficulté ? N’était-ce pas Bruno Lemaire qui prétendait mettre V. Poutine à genoux ?
  • S'agissant de la cause de cette guerre il nous invite à faire ce qu'il appelle un "zoom arrière" afin de voir la carte sur un plan large et de voir la menace que l'intégration à l'OTAN de la Georgie puis de l'UKRAINE font peser sur la Russie rejoignant ainsi d'autres analyses dont celle-ci à laquelle il fait référence: https://www.youtube.com/watch?v=w5qSO1BbXsU

  • Autre exemple, celui du PIB. J’avais déjà lu, je crois que c’était sur le site de Paul Jorion, que le PIB est un indice totalement artificiel. Emmanuel Todd le soutient et prétend que ce qui se passe actuellement avec la Russie en est la démonstration. « Si on retire du PIB américain la moitié de ses dépenses de santé surfacturées, puis la «richesse produite» par l’activité de ses avocats, par les prisons les mieux remplies du monde, puis par toute une économie de services mal définis incluant la «production» de ses 15 à 20.000 économistes au salaire moyen de 120 000 dollars, on se rend compte qu’une part importante de ce PIB est de la vapeur d’eau ». Ce qui permet aujourd’hui à la Russie de résister, c’est son économie réelle, sa capacité de produire du blé – sa production est passée de 40 à 90 millions de tonnes en 2020 alors que la production américaine de blé, entre 1980 et 2020, est passée de 80 à 40 millions de tonnes- des armements etc... 
  • Car « L’issue et la solution de la guerre dépendront de la capacité des deux systèmes à produire des armements ». Que sont devenues nos capacités de production d'armements? Que signifient nos PIB ? La guerre qui oppose le clan occidental à la Russie sur fond de rivalités mondiales, est économique. Avons-nous les moyens de la gagner?
  • Contrairement à ce que l’on pense habituellement Emmanuel Todd soutient que la Russie avait atteint depuis les années 2000 un niveau de stabilité sociale et politique qu’elle n’avait plus connue depuis bien longtemps. « Les années 2000 ont été un retour à la normale, et pas seulement en termes de niveau de vie: on a vu les taux de suicide et d’homicide s’effondrer, et surtout, mon indicateur fétiche, le taux de mortalité infantile, plonger et même passer au-dessous du taux américain ». Constat intolérable pour l'occident! Ce qui rejoint les analyses de Caroline Galactéros. https://www.youtube.com/watch?v=fq41L8zzG0I&t=305s Que sont nos forces? Qui est puissant? Ne nous illusionnons-nous pas sur notre état et sur l'état réel de nos voisins et de nos potentiels ennemis?
  • Par rapport à nos valeurs Emmanuel Todd, qui souligne que pour les valeurs c’est comme pour la culture moins on en a plus on l’étale, soutient que si la Russie est en opposition avec l’Occident en tant que pays conservateur elle est parfaitement en phase avec bien d’autres nations faisant parti des 75 % qui refusent de la sanctionner à l’ONU pour lesquelles nos valeurs à l'image de toutes les innovations occidentales néo féministes, LGBT, transgenres…,  sont loin d’être partagées… Poutine chef du clan conservateur?
  • Emmanuel Todd nous rappelle qu’à l’échelle du monde, la Russie n’est absolument pas isolée puisqu’en réalité elle est soutenue par près de 75 % des membres de l’ONU. Voilà qui permet de relativiser la prétention que nous avons à donner des leçons à Vladimir Poutine et à affirmer qu’il est isolé.
  • Enfin: arrêtons de nous indigner. Cela ne sert à rien! IL faut se dire: ça se produit et ça dit quelque chose sur ce que nous sommes...

On pourrait multiplier les exemples, ces analyses ne sont être pas irréfutables, totalement justes, destinées à prédire l’avenir et à déterminer qui gagnera cette guerre, mais elles permettent de mieux comprendre combien nous avons trop tendance à analyser les événements à travers le prisme déformant de notre nombrilisme occidental et de nos désirs.

On en reparlera à la fin de l'hiver ou dans quelques années sachant que pour Emmanuel Todd ce n'est rien moins que la troisième guerre mondiale qui est déclarée!

2 commentaires:

  1. Eh oui..,
    3ème guerre montre ne sais pas, mais à tout le moins une mise au goût du jour du « piège de Thucydide».
    Qui va gagner ? Je ne saurais dire…
    Qui va perdre ? : L’Europe
    CR

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  2. En un mot comme en 100, notre cher Président (cher en tant que ce qu'il coute à notre pas) a eu tout faux depuis le début, et le cartel des généraux "factieux" avait raison... Fermez le Ban

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