Que cachent les mots du président de la République ? Il est important d'essayer de les décoder dès lors que la parole est son exercice de prédilection.
Ne souhaitant pas gâcher ma soirée de la Saint-Sylvestre je
n'ai pas voulu écouter ses vœux. Je m'en suis en revanche infligé la lecture
attentive. Quelle indigente logorrhée en manque d’inspiration, qui tourne en
rond.
Commençons par la langue.
« 2024 sera une année de fierté de la langue
française. Après avoir restauré le château de Villers-Cotterêts et y avoir créé
la Cité internationale de la langue française, nous y accueillerons dans
quelques mois le monde de la Francophonie » clame-t-il ! Or sa
langue est d’une misérable qualité grammaticale, le vocabulaire en est approximatif.
Sans parler du franglais - dont il ne s’est départi qu’un soir de vœux - qui
discrédite son propos au regard de l’ambition affichée comme l’avait si bien
dénoncé l’académicien Jean Marie Rouart dans les colonnes du Figaro.
Poursuivons avec la culture.
Le président affirmait en 2017, avec force d’arguments, qu'il n'y a pas de culture française mais une culture de France. Il nous dit maintenant, sans sourciller, que la France est une culture. A-t-il eu une révélation ? Est-ce un acte de repentance ? Car si la langue a encore un sens dès lors que la France est une culture c'est qu'il y a une culture française ! Il veut nous rendre fous.... Quand dit-il ce qu’il pense ?
L’Europe. Un chef-d’œuvre qui préfigure de ce qui nous
attend d’ici au mois de juin !
Je vous en soumets le « prompt » :
« Nous aurons à faire le choix d’une
Europe plus forte plus souveraine, à la lumière de l’héritage de Jacques
Delors. Une Europe qui œuvre à la paix au Proche-Orient et sur notre propre
continent, en continuant à soutenir le peuple ukrainien et avec lui, notre
sécurité, notre liberté, nos valeurs. Vous aurez au mois de juin prochain à
vous prononcer sur la poursuite de ce réarmement de notre souveraineté
européenne face aux périls : arrêter la Russie et soutenir les Ukrainiens ou
céder aux puissances autoritaires en Ukraine ; continuer l’Europe ou la bloquer
; poursuivre la transition écologique et productive ou revenir en arrière ;
affirmer la force des démocraties libérales ou céder aux mensonges qui sèment
le chaos ».
Ainsi donc :
1. L'Europe
selon Macron est souveraine ; à moins que ça veuille dire le contraire
comme pour la culture…. La souveraineté ne se divisant pas c'est donc que
la France ne doit plus être souveraine. Au moins cela est clair. D'ailleurs, la
référence à Jacques Delors, qui aura droit à sa cérémonie républicaine aux
Invalides, n'est pas le fruit du hasard …
2. Il
faut ensuite arrêter la Russie. Faire peur ! Car quelles que soient les
griefs que l'on puisse faire à la Russie tous les stratèges et les
géopoliticiens sérieux sont au moins d'accord sur un point : la Russie n'a
pas d'ambition hégémonique sur l'Europe ni de volonté invasive au-delà de l’Ukraine
et du malheureux Donbass; à moins que nous ne continuions à la provoquer.
3. Continuer
l'Europe ou la bloquer. Il s’agit de la même rengaine que lors des débats sur
le traité de Maastricht. Ceux qui sont contre la construction européenne selon
Jacques Delors sont contre l'Europe. Mais ce discours est totalement dépassé
alors qu'aujourd'hui, 30 ans plus tard, on constate que cette construction
européenne a précisément pour conséquence d’envoyer l'Europe dans le mur. Non
on n'est pas contre l’Europe parce qu’on ne veut pas du modèle souverainiste
bruxellois inspiré par nos amis américains !
4. Affirmer
la force des démocraties libérales ou céder aux mensonges qui sèment le chaos !
On croirait une leçon donnée à des enfants apeurés et ignorants. Non monsieur
Macron nous ne sommes pas des imbéciles. La critique du fonctionnement actuel
de nos démocraties libérales ne revient pas à céder à des mensonges ni à
vouloir semer le chaos. Nous avons même plutôt l'impression que le chaos est en
train d'arriver grâce aux dysfonctionnements actuels de nos démocraties
libérales dans lesquels nos gouvernants s’empêtrent depuis 40 ans.
Reste la reconstruction de Notre Dame de Paris. « Last but not the least” pour parler franglais comme
EM.
Je cite à nouveau :
« Et c’est une fois par millénaire que
l’on rebâtit une cathédrale. C’est une fois par génération que le destin de la
suivante se joue comme sans doute il se joue maintenant ».
Certes a-t-il eu le mérite de soutenir les efforts de
reconstruction de Notre-Dame de Paris et on doit souligner tant les prodiges réalisés par nos artisans que j’admire que la force de l’impulsion
politique. Mais il est anachronique et déplacé pour la France de 2024 de se prétendre
reconstructeur de Cathédrale… C’est quand même un peu fort de café de la part
du Président de notre République laïque ! Construire une Cathédrale est un
acte de foi, un acte religieux ! Ou alors est-ce encore une approximation
langagière de notre jeune Président dont je ne peux toutefois pas imaginer qu’il
ait choisi le mot "cathédrale" au hasard; à moins qu’il ne s’agisse d’une
tentative désespérée de se retisser une légitimité, quitte à ce que cela
soit dans une « OPA » sur le spirituel, tant l’homme n’a peur de rien
pour essayer d’arriver au bout de son décennat.
Des mots, toujours des mots, à temps et à contre-temps, dans
tous les sens, à tort et à travers, au risque du sacrilège tant laïc que religieux !
Notre homme est aux abois !
« L’Europe, l’Euripe, l’Europe ! » disait le Général…
RépondreSupprimerLui savait bien que l’entreprise de construction américaine avait commencé par l’opération « Suzerain », pardon, « Overlord »…
CR
Vous faites une erreur d'analyse tragique votre phrase du 2er tiers (quand dira-t-il ce qu'il pense ?) révèle bien : Macron NE PENSE PAS... et donc toute tentative d'analyse est vouée à l'échec, il n'y a rien à analyser, c'est juste du bruit
RépondreSupprimerBravo et très drôle votre remarque.
SupprimerMais si, il pense .. mais à travers le crible du discours stéréotypé inculqué à l'ENA.
Ce personnage n'est pas à sa place dans cette fonction
RépondreSupprimerIl a tout d'un imposteur