L'actualité témoigne de notre impuissance collective à régler des problèmes simples; le pouvoir confondant paroles et décision.
Le premier fait d'actualité est la détention par les détenus de téléphones portables leur permettant de communiquer avec leurs gangs et notre renoncement à les en déposséder.
Le second est notre incapacité à enrayer la diffusion sur
les réseaux sociaux et plus généralement sur internet de contenus viraux de
nature pornographique mettant en péril la santé de nos enfants.
Le troisième est l’inaction de nos gouvernants vieille d’un
demi-siècle pour réaliser les économies budgétaires nécessaires à la réduction
de notre dette.
Il doit être possible de trouver d'autres exemples mais
je m'arrêterai là.
Il semble pourtant évident qu’un Etat doive contrôler
l'entrée de téléphones dans ses prisons quelles qu’en soient les causes.
Il l’est tout autant qu’il doit savoir brouiller les réseaux de telle sorte que
ces téléphones ne permettent pas à leurs détenteurs de communiquer avec
l'extérieur.
S'agissant de la pornographie sur internet nous savons qu’il
est techniquement possible de mettre en place des pares-feux empêchant leur pénétration
sur les réseaux virtuels. Référons-nous à ce qui se passe en Chine. Le réseau "TikTok", soi-disant réservé aux ados âgés d’au moins 15 ans, est utilisé chez
nous par des enfants à partir de 8 ans sans que nous sachions les en empêcher
face à la nonchalance de leurs parents. Or les Chinois, créateurs de ce réseau,
savent limiter son temps d'utilisation et de fréquentation par les adolescents et
en interdire l'accès au-delà d'une certaine heure. Illustration du
totalitarisme du régime chinois objecteront certains. Il n'y a pourtant pas
besoin d'être un régime totalitaire pour mettre en œuvre des solutions
techniques de cette nature ! Nos régimes libéraux-libertaires craindraient
manifestement d’être qualifiés de totalitaires s’ils le faisaient.
Il va enfin de soi qu’on ne peut vivre éternellement
au-dessus de ses moyens et que cet effort est à la portée de tout un chacun ;
pourquoi pas de l’Etat ? Tout simplement parce que la politique consiste
dorénavant à dépenser pour aider, pour compenser. L’exercice du pouvoir est
devenu le concours Lépine de la dépense publique. Comment refuser ses largesses
à un électorat que l’on courtise ? Nul doute que les Français se lèveraient
en masse face aux restrictions qu’imposerait la réduction de la dette publique
que nos gouvernants laissent s’alourdir pour des motifs démagogiques.
Dans les trois cas le problème est celui de l’absence de
volonté politique. Le pouvoir s’avère incapable d’imposer de nécessaires
restrictions, apparemment par peur de prendre le risque d'être accusé d'attenter
aux libertés individuelles jusque et y compris à l’endroit des détenus des
maisons d’arrêt.
Ce défaut de volonté politique témoigne du doute qui
habite nos gouvernants incapables d’imposer le respect des fondamentaux sans
lesquels il n’y a plus de politique possible.
Mal français !
Renoncement du politique.
La volonté n’existe plus que dans les mots ; elle a
disparu d’une action totalement inhibée. Comme si par exemple les paroles du
Président pouvaient suffire à éliminer les trafiquants marseillais ! Le
pouvoir ne fait plus que des lois, des règlements ou des directives. Il parle,
produit de la norme mais n’agit pas, ne décide pas.
Plus grave, la pouvoir a cédé face à des acteurs privés
qui ne reculent quant à eux devant rien. La drogue, les gestionnaires des
réseaux, la criminalité ont installé leurs pouvoirs. Et lorsque des magistrats
interrogés sous serment par une commission d’enquête le reconnaissent leur ministre
de tutelle, le Garde des Sceaux, a comme seule réponse de leur reprocher d’avoir
dit la vérité et d’avoir avoué leur impuissance qui est en réalité celle de l’Etat.
Cependant force est de reconnaître que le peuple français
ne semble pas prêt à accepter les nécessaires restrictions à ses droits et à ses
libertés, à son confort. Il refuse les réformes nécessaires dès lors qu’elles
se traduisent par des contraintes ou des efforts, pour lui et pour les autres.
Un résidu vivace du « il est interdit d’interdire » de mai 68.
Jusqu’où faudra-t-il descendre, jusqu’à quel collapsus
pour qu’enfin les sacrifices et les restrictions soient politiquement
acceptables et imposables, pour qu’un chef d’état puisse remettre au cœur de
son action politique – et pas de ses discours - cette phrase de Georges
Pompidou dont David Lisnard vient de nous rappeler qu’elle introduit le nœud gordien : « Gouverner
c’est contraindre ».
La France mérite-t-elle mieux que le pouvoir actuel ?
A nous de le prouver !
Vaut-il mieux notre oligarchie libérale décadente ou une démocratie autoritaire à la russe ?
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