La République en marche fait tout pour engager la France dans une guerre pour défendre les valeurs républicaines. Un piège peut-il se cache derrière ses intentions pacifistes au nom de la défense du bien contre le mal ?
En interne, la REM stigmatise leurs adversaires qui sont frappés
du sceau de l'infamie. En externe, elle fait de la Russie de V.
Poutine l'ennemi déclaré de ces valeurs, l’accusant de leur faire la guerre.
A cette aune les valeurs républicaines peuvent-elles -
doivent-elles ? - devenir des intérêts vitaux justifiant l’emploi des
armes ? Ce combat ne cache-t-il pas un piège redoutable?
Notre Président de la République semble fasciné par la
guerre ; hubris du pouvoir ? Dans un passé récent il a déjà annoncé
que le virus du COVID nous avait déclaré la guerre alors qu’on n’a jamais vu un
virus prendre les armes. Il affirme maintenant que la Russie est en guerre contre
l’Europe et contre la France alors qu’elle ne s’intéresse qu’au Dombass et ne menace
pas notre intégrité territoriale. Certains s’en inquiètent ; ont-ils tort ?
On peut même se demander s’il n’y a pas un calcul d’un pouvoir fragilisé, à qui
l’opération « COVID » a déjà bien servi.
Le triptyque – valeurs républicaines, guerre juste, diabolisation
de la Russie poutinienne – nous enferme dans une logique guerrière dont la
question est posée de savoir si elle est crédible et fondée. En effet, si
guerre il y a c'est que nous avons un adversaire, un ennemi déclaré (c’est
pour cette raison – l’absence d’ennemi - qu’il ne pouvait pas y avoir de guerre
avec le virus). Qui est cet ennemi ? Une sorte de Janus à deux têtes :
Poutine le tyran d’un côté, le fascisme de l’autre. Au nom d’un manichéisme
infantile et contraire à toute logique intellectuelle ou morale, la
construction de cet ennemi amalgame et réunit de manière réductionniste, contre
leur gré, et au mépris de la réalité, tous ceux qui sont accusés de menacer les
valeurs républicaines. Le ton a été donné avec le début de la campagne des
européennes et les discours dramatisants du pouvoir français.
Beaucoup considèrent que la bascule dans la
guerre est à craindre ; or celle-ci trainerait derrière elle son cortège
de trahisons, de dénonciations et de violences. Comme toutes les guerres…
Dans ce contexte, et c’est là que je veux en venir, le
risque est grand que tous ceux qui de près ou de loin, directement ou
indirectement, entendent contester la légitimité des valeurs républicaines et
leur identification stratégique à nos intérêts vitaux, soient dénoncés comme
des ennemis, demain des traitres.
L’idéologie des valeurs républicaines issue de l’épisode
révolutionnaire et de sa terreur ne constitue pas une vérité indépassable même si l'idée ne me vient pas à l'esprit de contester le droit qu'elle soit défendue. Mais au
nom de quoi ne devrait-on pas pouvoir la critiquer ou à tout le moins remettre
en cause le fait qu’elle soit le bien par opposition au mal et contester
le manichéisme qui conduit à sa sanctuarisation ? Surtout que ce concept
vague relève du fourre-tout idéologique et qu’il est susceptible de renaître en
permanence de ses cendres comme le Phénix ou de se métamorphoser comme Protée.
Or c’est précisément cette interdiction de toute
contestation voire de la moindre remise en cause de la religion laïciste du
progrès qui tombe sous le coup de l’enfermement idéologique dans le triptyque « valeurs
républicaines – guerre juste – diabolisation de la Russie poutinienne » et
de voir ses auteurs être traités comme des traitres coupables d’intelligence
avec l’ennemi.
Ainsi que je sois ou que je ne sois pas favorable à la
Russie et à son combat si je suis contre les valeurs je suis un traître à la
nation. Inversement si de près ou de loin je ne souscris pas aux valeurs
républicaines je suis d’être taxé d’être un allié de Poutine, coupable d’intelligence
avec l’ennemi.
Cela est dangereux dans un climat social et international
aussi anxiogène et fragile que le nôtre ; l’hystérie collective et les règlements
de compte arbitraires ne sont jamais loin dans de telles circonstances. Il n’y
a qu’à voir l’évolution du débat politique par exemple à l’Assemblée Nationale ;
les risques de la radicalisation et de la diabolisation ne sont pas théoriques.
Cet enfermement et la diabolisation qui en résulte sont d’autant plus pernicieux qu’ils sont soutenus par une campagne de réformes sociétales destinée à nourrir l’aura et la nature de vérité indépassable des valeurs républicaines de manière insidieuse et piégeuse.
Au nom de la liberté, de l'égalité, de la fraternité et de la laïcité le pouvoir continue ainsi de structurer insidieusement le camp mainstream du bien.
Derrière la liberté on extrémise ceux qui défendent une conception morale fondée sur la loi naturelle avec par exemple la constitutionnalisation du droit à l’avortement ou encore le mariage pour tous et l’idéologie LGBT.
Derrière l’égalité on laisse s’installer l’idéologie woquiste qui n’est combattue que par des mots et du bout des lèvres et qui s'installe chaque jour un peu plus dans nos écoles, nos lycées, nos universités et dans le monde médiatique et politique.
Derrière la fraternité on installe la conception selon laquelle celle-ci justifierait la légalisation de l’euthanasie rebaptisée aide à mourir dont l’acronyme ne tardera pas à symboliquement devenir l’« AIM(e) ».
Enfin derrière la laïcité on aide à l’installation sur notre sol et dans notre culture de la légitimité d’un Islam dont on refuse lâchement de dénoncer la véritable nature au nom du pas d'amalgame avec l'islamisme.
Ces "avancées" sont dogmatiques. Celui qui s'y oppose est immédiatement ostracisé. La terreur morale règne comme l'a montré la désertion de certains des députés et sénateurs qui ont battu retraite au moment du vote de la loi constitutionnelle sur le droit à l'avortement.
Tout est
prêt pour l'affrontement, la diabolisation et la stigmatisation des traîtres. Or la Russie
fédère précisément autour d’elle un nombre majoritaire de nations et de peuples
qui rejettent nos valeurs ainsi sacralisées et que V. Poutine qui n'a pas peur de la radicalisation, et qui a tout compris, s’est
résolument engagé dans une croisade morale et civilisationnelle face au "camp du bien " autoproclamé. Paradoxe souligné par A. Finkielkraut dans son livre "pécheur de perles": "Le tsar du Kremlin ayant déclaré la guerre au "nazisme LGBT" de l'Occident décadent, le trans devient, face à l'axe totalitaire, le marqueur par excellence de la démocratie."
Le piège est prêt à se refermer sur nous.
Vigilance !
Merci pour votre talent pour vous connecter avec les lecteurs à un niveau personnel.
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