Je vais m'attaquer à un sujet tabou : Et si la cause de tous nos maux était la démocratie ? Poser cette question condamne au discrédit de plein droit ! Combien arrêteront leur lecture de ce billet sans plus attendre ? Heureusement que je ne cherche pas à être publié! Chacun se replie en dernière analyse derrière la formule désabusée mais soi-disant définitive de Winston Churchill : “La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes”.
Cet interdit devrait néanmoins aiguiser la curiosité de tout
observateur objectif et indépendant.
En effet, pourquoi donc la démocratie serait-elle par
définition et par principe le meilleur des régimes ? Notre jugement
historico politique est-il infaillible ? En dehors d'un élan quasi religieux d'où vient la certitude du diagnostic ?
Ne sommes-nous pas en réalité déterminés par notre
hantise de subir le pouvoir et l’ivresse de sa détention ? L’interdit n’est-il
pas en vérité le fruit de notre refus de la soumission à un ordre établi qui s’imposerait
à nous ? Un rejet de la dépendance ? Un défaut d'humilité. Une grande prétention? J'ai lu -je ne sais plus chez qui...- que cette démocratie-là était une forme de péché originel à grande échelle (un lecteur bienveillant me retrouvera peut-être l'auteur et la citation exacte...).
Nous semblons avoir oublié que tout procède d’une
révolution dont le premier combat fut le renversement de l’ancien régime en ce
qu’il était un ordre sacré s’imposant à tous. Processus révolutionnaire qui se
justifia par la violence et le discrédit au nom du renversement de cet
ordre établi ; « La liberté ou la mort » !...
Notre attachement à la démocratie républicaine est donc
intimement lié au fait que nous nous croyons effectivement tous détenteurs du
pouvoir. Il est dès lors évident qu’il n’est pas politiquement porteur de la
contester.
Certes. Mais le problème est que l’on juge l’arbre à ses fruits. N'avons-nous pas sous nos yeux la démonstration des catastrophes auxquelles elle conduit ?
Car enfin, depuis deux siècles de l’ère
postrévolutionnaire nous avons accumulé les guerres exterminatrices et
inutiles, les régimes dictatoriaux, violents et exterminateurs comme on n’en
avait jamais connu auparavant. Il aura fallu attendre cette ère de la
démocratie pour connaître les centaines de millions de morts du communisme et
du nazisme et la dégénérescence morale de nos sociétés de progrès dans
lesquelles le bonheur semble être devenu un gros mot.
Les 50 dernières années de la France n’ont-elles pas été une lente et inexorable marche aberrante et catastrophique de crise en crise sous l’autorité de pouvoirs incapables de prendre des décisions conformes à l’intérêt général ; le meilleur exemple étant fourni par notre situation budgétaire ou celle de l'école ou encore de la justice ou encore celle de l’immigration et du péril islamique. Cette inaptitude de nos pouvoirs successifs nonobstant leurs engagements préélectoraux est la démonstration de la paralysie produite par ce système.
Le pouvoir actuel l’illustre de manière caricaturale puisque notre
président de la République s'est fait élire précisément sur un engagement de
refonder la démocratie alors que 7 ans plus tard on constate qu'il n'a
absolument rien modifié et que pire il n'a fait qu'aggraver les
dysfonctionnements qu'il dénonçait lui-même. Où trouver la cause de ces
errements ailleurs que dans les vices fondamentaux de ce régime utopique idéalisé ?
Regardons l'avenir ; ne doit-on pas se rendre à
l'évidence qu’aucun des prétendants politiques ne semble en mesure d'exercer le pouvoir
dans l'intérêt du bien commun ? La prochaine perspective de l’arrivée au
pouvoir du RN serait l’aurore d’une crise sans précédent.
Ce système est gangréné par deux vices fondamentaux. La
transformation de la démocratie qui n'est pas seulement le choix du gouvernant
mais celui de la loi et de la politique pour des raisons idéologiques et non
pas pour des motifs tenant à la recherche du bien commun. Il y a ensuite le
clientélisme dont la démagogie est le corollaire. C'est comme cela
que le peuple est mené par la carotte des lendemains qui chantent.
La gangrène est le résultat du vice fondamental de
la religion démocratique. En effet le citoyen est dépossédé de son pouvoir. Il est berné par une illusion. Avec
le temps ce rapt s’est amplifié et aggravé. Par l’instauration de structures
correctrices au nom de l’état de droit, et d’une bureaucratie toute puissante, puis
grâce à l’instauration d’un pouvoir médiatique verrouillé par une pensée
mainstream elle-même produit de l’état de droit et de la
bureaucratie. Double verrouillage !
La démocratie n’est pas en soi ni le plus mauvais ni le
meilleur des régimes en ce qu’elle permet la désignation de ceux qui sont
appelés à exercer les responsabilités. Elle peut gagner comme ce fut le cas à Athènes en étant panachée avec de l'aristocratie et de la monarchie. Mais érigée en déesse républicaine et
idéologique, elle fait le lit de tous les abus.
Elle ne peut se concevoir et s’appliquer de façon
bénéfique qu’à la condition de retrouver une humilité républicaine du pouvoir
face à l’ordre naturel des choses, face aux lois de la vie commune qui nous
dépassent et s’imposent à nous. Inverser la pyramide dans laquelle s’inscrit l’exercice
du pouvoir.
Tout l’enjeu de l’époque que nous traversons me semble être
de savoir comment nous allons pouvoir accoucher d’un système nouveau qui ne
pourra pas être le retour de l’ancien régime mais qui s’inspirera de cette idée
fondatrice que la gestion du bien commun ne peut pas résulter de nos suffrages,
de nos désirs et de nos caprices comme de nos intérêts particuliers idéalisés
mais de ce dont nous avons besoin pour vivre ensemble en harmonie et de manière
constructive. Faudra-t-il une révolution ? Une guerre nous y amènera-t-elle ?
Une crise économique ? En tous les cas il faudra transformer les esprits
et nous enlever beaucoup de nos illusions et de nos prétentions en obtenant de
chacun qu’il travaille et exerce ses responsabilités à sa place sans chercher à
refaire le monde, à changer la vie ou inventer un monde meilleur…
Je rêve en pensant à la sagesse et au pragmatisme capétiens qui permirent à la France de se constituer politiquement.
Tout sauf l'hubris!
La démocratie ?
RépondreSupprimerMais avant tout ça se partage entre amateurs.
Dè lors que dans une concentration humaine, sans autre
dénominateur commun que d’être ensemble contraints à respirer
un même air (vicié), certains de ses constituants n’en sont pas
au stade propice à ce partage, il y a rupture, non pas d’un contrat
(de facto il n’y en a jamais eu) mais rupture du genre fission : de
la violence … à la guerre civile, et avec çà, sans frontières !