Parenthèse enchantée. Quinzaine de liesse. Rêve de l’olympisme. Admiration des athlètes et identification dans leurs exploits. Beauté de Paris et, il faut le reconnaître, réussite de l’organisation tant parisienne que nationale. Ce moment de décompression nationale fit momentanément oublier les duretés du quotidien et l’angoisse du lendemain. Ne boudons pas notre plaisir ni notre joie sans aveuglement et sans arrière-pensées. Quels enseignements devons-nous en tirer ?
Certes, avons-nous versé dans l’excès et le fanatisme
même si rien ne justifie que l’on ignore ce qu’il peut y avoir eu de
positif dans ce moment pendant lequel le temps a semblé être suspendu.
Comment ne pas être interrogatif face à la dimension prise par le sport et le spectacle qu’il est capable de produire?
Comme quoi l’être
humain a besoin d’admirer et de s’identifier dans l’exploit et dans ses auteurs.
Comme quoi l’humaine condition ressent la nécessité de faire corps autour d’un
projet faisant appel à des considérations susceptibles de faire naître l’unité
dans la communion. Nous avons besoin de nous enflammer, d’idéaliser, de
rechercher une forme d’absolu. Le sport en est une occasion.
C’est le cas sur un plan planétaire tant il est vrai que
les drapeaux nationaux ne créent pas la division dans les compétitions, comme
sur le plan national chacun se retrouvant derrière les siens ainsi que le NFP n’a
pas manqué de le relever et de le dénoncer. Les jeux ont leur lot de
chauvinisme sans que rien ne justifie de le critiquer. Il a sa part de fierté et c'est tant mieux!
L’athlète tutoie l’impossible à travers le dépassement des limites. Les « valeurs du sport » sont universelles en
même temps que très humaines ; dans nos soutiens et nos applaudissements se
retrouvent l’admiration, la passion, la recherche de la vérité dans les
performances de ces athlètes qui au-delà de la tentation du dopage toujours
présent ou suspecté, nous offrent un spectacle sans tricheries ni mensonges. L’agilité,
la puissance, la technique, le mental, la rapidité, la force se conjuguent
comme dans une symphonie. La performance établit un ordre du mérite
prouvant que le sport relève plus de l'éthique que du ludique pourrait-on écrire
à la manière d’Antoine Blondin.
Cette dimension exceptionnelle prend même un tour quasi
religieux qui révèle le vide spirituel de notre époque. Le sport a ses codes, ses rites. Les jeux olympiques ont leurs
liturgies. Celle de la flamme n’est pas la moindre…Et Dieu merci les 15 jours d’épreuves
ont fait oublier les tentations de dérives wokistes ou d’exploitation
idéologiques de la cérémonie d’ouverture dont on n’a plus retrouvé la trace
dans la cérémonie de clôture même si tout n’y fut pas de mon goût.
La frénésie quasi religieuse qui a habité la France et le
monde est le symptôme d’une société en recherche d’idéal. Il faut l'entendre.
Au-delà des satisfécits et des applaudissements j’ai vu
surgir un semblant d’unité nationale et la manifestation de ce que rien n’est
peut-être définitivement perdu. Mais en même temps doit-on aussi diagnostiquer une
volonté de se jeter collectivement et individuellement dans une hystérie qui
cache beaucoup de nos fragilités. Idéalisation en forme de course derrière ce
qui reste de notre identité dont les années passées ont révélé notre incapacité
à la définir.
Ce n’est pas jouer les Cassandre que de le voir. L’avenir
proche nous le montrera malheureusement. La parenthèse fut enchantée. Elle va devoir
être refermée…
Il ne fait aucun doute que la vie sociale telle que nous l’avons
laissée à l’issue des dernières élections va très vite retrouver son cours. Notre
Président de la République n’attendra pas la fin de la trêve qu’il avait
décrétée, et qui par souci de cohérence et de respect aurait sans doute dû attendre la fin des jeux paralympiques, pour relancer les conjectures, les manœuvres et les calculs face à un peuple
dont la soif d’idéal sera éteinte sous un déluge de petits événements à nouveau
préparatoires du grand renouvellement dont l’attente n’aura pas été éteinte par
la flamme des « JO ».
Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne…
Rappelons-nous. Le Capitole est le cœur du pouvoir
religieux de la République romaine. Sur cette même colline se trouve la roche
Tarpéienne d’où les condamnés à mort étaient précipités pour l’exécution de
leur condamnation.
Nous avons eu l’illusion que le Capitole était encore
habité. Le précipice n’a pas disparu pour autant.
Puisse cette quinzaine enchantée ne pas être éphémère et marquer
suffisamment les esprits de nos élites pour éviter à la nation les douleurs du
réveil et des lendemains qui déchantent….
La seule leçon qu’il faut en tirer c’est que pour exceller il faut beaucoup s’entraîner, autrement dit travailler. C’est à cause de cela que l’inventeur des 35 heures n’est jamais monté sur le podium.
RépondreSupprimerSigné Darwin, Bernard
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