Marcel Gauchet nous fournit une clé de compréhension du malaise de la démocratie moderne. Je voudrais en faire une synthèse en essayant de ne pas trahir la pensée de son auteur.
Cette clé est présentée à travers un raisonnement qui se développe ainsi:
- De manière classique et traditionnelle la démocratie est l’exercice de la souveraineté populaire au moyen d’une constitution qui organise l’exercice des différents pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Qui dit souveraineté populaire sous-entend l’existence d’un peuple, notion diverse, difficile à définir et à cerner en raison des contradictions qui s’y vivent et que le vote est censé arbitrer.
- Or, le peuple n’est plus aujourd’hui qu’un collectif d’individus dont les droits ont été sacralisés et qui ne veulent pas renoncer à leurs prérogatives.
- Parallèlement à cela, la constitution n’est plus simplement l’organisation des pouvoirs ; elle est devenue le catalogue et le garant des droits individuels érigés en absolu. C’est le sens de son extension à ce que l’on appelle le bloc de constitutionnalité.
- Le Conseil constitutionnel et même certaines juridictions supra étatiques viennent assurer le respect des droits individuels ainsi érigés en absolu. L’exemple caricatural en est la question prioritaire de constitutionnalité qui permet aux tribunaux, à la demande des justiciables, de contrôler en permanence la conformité avec les droits individuels des lois votées par la représentation nationale démocratiquement élue. C’est l’état de droit qui s’impose aux trois pouvoirs.
Conclusion.
La souveraineté populaire ne peut plus être
exercée puisque le peuple n’est plus reconnu en tant qu’entité justifiant des
concessions de la part de ceux qui le constituent mais qui ont pourtant besoin de lui
pour vivre. Il n’y a plus de peuple ; il n’y a plus qu’un collectif d’individus
qui ne veulent plus renoncer à leurs prérogatives. La souveraineté du peuple ne
peut plus s’exercer ; c’est ce que nous vivons.
Nous sommes au cœur de la contradiction, de ce que Marcel
Gauchet appelle le nœud démocratique.
Tout est dit. Essentiel.
Je pose une question de béotienne : on nous dit que La France peut se libérer de la CEDH mais est-il possible de supprimer le Conseil constitutionnel ou de limiter ses prérogatives ?
RépondreSupprimerUn " nœud coulant " qui mènera à la dictature ?
RépondreSupprimerMr Fabius ,ou son successeur , devra bien réfléchir au conséquences de ses décisions sur 2027 !
Régis Debray a bien résumé la situation : pour lui, si je l'ai bien compris, avec le "tout à l'égo" qui règne aujourd'hui, la société n'est plus un " tout mais un tas".
RépondreSupprimerAvant l'excellent Régis Debray, Aristote a dit que "le tout est plus que la somme" des parties".
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