RETAILLEAU LE CONSERVATEUR TRANQUILLE

La météore Retailleau peut-elle transfigurer l’alternative politique des prochaines échéances électorales ?

Dans une France à la croisée des chemins, avec des extrêmes qui d’un côté se radicalisent – LFI - et de l’autre cherchent à se normaliser – le RN – les LR sans doute emmenés par ce nouveau leader sont-ils une alternance crédible et capable de gagner ?

Le conservatisme assumé bien qu’accusé d’être « rance » par le PS peut-il entrainer l’adhésion et l’enthousiasme nécessaire à une victoire lors de la prochaine élection présidentielle ?

S’il l’emportait pourrait-il enrayer le processus de délitement en cours ?

Comment le système et son état profond va-t-il réagir face à cette nouvelle donne potentielle ?

 

Retailleau : de droite ou conservateur ?

Il se dit de plus en plus que les idées de droite ont le vent en poupe. Eugénie Bastié s’en fait par exemple l’écho dans le Figaro en restituant un essai récent de la journaliste Laetitia Strauch-Bonart qui développe sa vision du libéral-conservatisme inspirée par Roger Scruton https://urlz.fr/u4eE.

Pour moi la droite demeure une création par défaut de la gauche.https://urlz.fr/u4lb L’étiquetage idéologique résistera-t-il à l’éventuelle montée en puissance du ministre de l’Intérieur ?

Le conservatisme  est marqué par deux penseurs Scruton et Oakeshott.  Ils se rejoignent dans leur attachement à la continuité et à la prudence face au changement. Scruton met davantage l'accent sur la défense active des traditions et des institutions, tandis qu'Oakeshott adopte une approche plus sceptique et pragmatique, centrée sur l'expérience et la modération. Tous deux ont pensé ce conservatisme dont Chantal Delsol qui se dit libérale-conservatiste est un chantre français. Chantal Delsol introduit une réflexion sur la modernité et la quête de sens, plaçant l'anthropologie et la dimension spirituelle au cœur de sa pensée conservatrice.

En revanche, sur le papier, le libéral-conservatisme à la française qui reste encore à définir semblerait armé pour structurer la politique de redressement sécuritaire et économique dont la France a le plus urgent besoin ; surtout avec un leader qui appuie son action sur une véritable réflexion politique fortement inspirée par les figures historiques du mouvement conservateur et s’appuyant sur des convictions apparemment solides.

L’état profond est surpris par le double phénomène de la dissolution et du surgissement de ce nouveau ministre de l’Intérieur au discours disruptif rendant plausible l’arrivée aux affaires d’un candidat conservateur non diabolisable. Car la force de Retailleau tiendrait au fait qu’étant un ministre plébiscité par le peuple il ne pourrait pas être discrédité par son positionnement conservateur à la Zemmour, à la Knafo ou à la Marion Maréchal avec lesquels il semble avoir tout en commun en dehors de la stratégie politique. Voilà qui serait nouveau...

 

Avec qui ?

Jusqu’à quel point la droite républicaine acceptera-t-elle de suivre Bruno Retailleau qui refuse clairement la politique sociétale et socialisante, social-démocrate, à laquelle les cadres des républicains se sont ralliés à force de renoncements sous la pression de l’idéologie de gauche ? A cet égard les divisions encore illustrées par le refus de la décision de François Bayrou de diviser le texte sur l’euthanasie démontrent que ce n’est pas gagné ; je pense en particulier à l’opposition de son ministre de la Santé manifestement infestée par l’idéologie societale.

Un peu à l’image de ce que Sarkozy avait réussi lors de son élection sans transformer l’essai par l’exercice du pouvoir, ou de ce que François Filon incarna en étant privé d’élection par le jeu pervers du système exerçant son magistère moral, Bruno Retailleau, plus que Laurent Wauquiez, sera-t-il en mesure de réussir le retour à l’exercice d’un pouvoir régalien débarrassé de l’emprise tous azimuts de l’idéologie de gauche ?

Qui le suivra ? Le vent qui le porte sera-t-il assez puissant et convaincant pour faire se retourner les girouettes de son parti ? Tentera-t-il de rallier à lui d'autres forces ? 

 

N'est-il pas trop tard ?

N’est-il pas trop tard pour enrayer le processus de décivilisation et éviter l’affrontement prérévolutionnaire qui s’annonce depuis des mois voire des années ?

Cet éventuel sursaut conservatiste intégral devrait en urgence mettre en œuvre une politique de redressement qui passe à la fois par un réarmement moral, par une politique économique libérale, par la restauration de la souveraineté en berne et par une politique internationale digne de ce nom et du rang de la France.

La perte de vitesse de la gauche menée par LFI malgré le sursaut socialiste pourrait favoriser cette possibilité.

Rien n’est certain.

 

Quelle place pour Marine Le Pen ?

Paradoxalement le surgissement de ce conservatisme décomplexé tant attendu par une apparente majorité de français a été repoussé de manière délibérée par le RN qui a fait le choix d’une gauchisation de son projet sur les plans économique, social et sociétal.

Son positionnement serait fragilisé par cette renaissance conservatrice qu’elle a décidé de repousser pour dédiaboliser son parti. Elle serait en quelques sorte marginalisée sur sa « droite ».

Que feront les juges?

Dans ce nouveau schéma, l’éventuelle condamnation de Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité pourrait exercer une influence déterminante en redistribuant les cartes à la veille d’une élection très personnalisée.

Voilà qui pourrait de manière inattendue influer sur la décision des juges … L’état profond a tant besoin de son diable que ses juges poussés par la crainte de l’affrontement avec un conservatisme légitimé, pourraient finir par renoncer à leur attentat contre la démocratie programmé pour le 31 mars ; voilà qui ne serait par contre pas la meilleure nouvelle pour le vendéen….

Que de questions dans une France de plus en plus déboussolée et apeurée par les risques existentiels auxquels elle est confrontée avec un calendrier encore susceptible d’être bouleversé !

Retailleau imposera-t-il sa force tranquille ?