Le président candidat venait de faire ses déclarations programmatiques
dans le Figaro. Fini le mariage des homosexuels ; finie l'adoption par
des couples homosexuels ! Christian Vanneste se sentant pousser des
ailes a enfourché une fois de plus l'un de ses « dadas favoris »[1]. Il a fait une déclaration a priori incontestable sur le plan historique ; il a même été soutenu par Arnaud Klarsfeld[2] !
Mal lui en a pris ! Il a été immédiatement rattrapé par la patrouille
idéologique de son propre parti, sans doute en mal de repentir à la
suite des déclarations de son chef. Toute vérité n'est décidément pas
bonne à dire !
Au-delà
de nos réactions premières d'adhésion, de rejet, d'accord ou de
désaccord, nous devons nous interroger sur cette toute-puissance des
phobies véritable phénomène de marginalisation idéologique ainsi capable
de faire fi de la réalité et de la vérité.
La phobie est à la mode. Nous avons la phobie de tout ce qui différencie,
au point d'en perdre le sens commun de l'ordre des choses. Les exemples
sont nombreux, la race, les cultures, les civilisations, la religion, le
sexe, la sexualité. On entend parler en permanence, non pas seulement
de la phobie du serpent…, mais surtout de l'homophobie, de
l'islamophobie, de la christianophobie, de la xénophobie etc. Celui qui
fait une différence, qui prétend comparer, qui souhaite instaurer une
échelle de valeurs est immédiatement rejeté au motif qu'il pratique la
discrimination, l'exclusion (confère le débat sur la déclaration du
ministre de l'intérieur relativement aux civilisations). Différencier
devient exclure, distinguer devient discriminer. Nous sommes dans
l'irrationnel ; il y a une véritable « phobie de la phobie » !
Une
illustration nous est fournie par cette récente initiative du
législateur qui a décidé la suppression de l'utilisation du terme de
Mademoiselle [3].
Proposition ridicule, risible, dérisoire certes, mais qui a quand même
aujourd'hui force de loi! On va devoir refaire des centaines de
formulaires administratifs, et un jour viendra où on poursuivra pour
discrimination celui qui voulant faire plaisir à une jeune femme de 30
ou 40 ans lui aura donné du Mademoiselle ! Discrimination quand tu nous
tiens….
Notre société se fonde donc sur un principe sorti des valeurs républicaines
et démocratiques comme du chapeau du magicien, celui de la phobie de
tout ce qui exclut, compare, différencie. Il s'agit de la peur maladive
de tout ce qui distingue de tout ce qui rejette l'uniformité. Et ce
principe a aujourd'hui force de loi à ce point que d'innombrables
expressions de notre langage populaire ou de pratiques sociales sont
frappées du sceau de l'interdit. Ce faisant nous sommes tombés dans le
piège idéologique de soi-disant antiracisme, antisémitisme, anti sexisme
qui procèdent d'une inversion totale de la morale et du droit. On en
arrive à une telle inversion dans tous les domaines que certains, comme
par exemple Alain Finkielkraut vont jusqu'à parler de « francophobie
française »[4]. Nous ne savons plus reconnaître les séparations fondatrices, les discriminations qui sauvent ou les frontières qui préservent.
Littré définit la phobie comme étant « une peur instinctive, maladive ». Il
s'agit d'un terme récemment introduit dans notre vocabulaire. Un piège
s'est refermé. Nous en sommes arrivés à nous interdire de nous protéger ;
car il y a dans l'exclusion et la différenciation un réflexe de
protection qui n'est pas nécessairement condamnable même s'il nécessite
d'être géré pour ne pas tomber dans les excès dont l'histoire nous donne
trop d'exemples insupportables.
Nous avons ainsi totalement inversé le cours de l'histoire si l'on se
rappelle cette formule d'Aristote pour qui « les Celtes sont tellement
grossiers qu'ils ne craignent rien ». À l'époque, et longtemps encore
après, le fait de ne pas craindre la différence et ses effets était
considéré comme une marque d'inintelligence et d'irresponsabilité. Il
est sociologiquement et politiquement dangereux de refuser de prendre en
compte les différences et les phénomènes naturels d'exclusion. Il ne
sert à rien de nier la réalité. Il faut la gérer ; et c'est précisément
le rôle du politique qui n'est pas de souffler sur les braises et
d'entretenir la « dissociété »….
Sur ce sujet, comme sur bien d'autres, notre problème procède une fois de
plus d'une confusion sur la notion de bien commun. Il est vrai qu'il
s'agit d'une de celles qui sont les plus difficiles à appréhender avec
ses deux composantes que sont le principe de subsidiarité d'une part et
celui de totalité d'autre part. Il ne s'agit pas de passer de manière
simpliste de l'unique au tout. Il s'agit de savoir faire une synthèse
entre les exigences de chacun et du tout, en ce qu’il sert l'intérêt
personnel de chacun au travers de ce double prisme de l'individuel et du
collectif. Avec l'inversion des valeurs qui procèdent du phénomène
phobique constaté nous sommes au cœur de ce sujet. Comme le rappelle
Jean Madiran cette dérive phobique et une diabolisation des valeurs
naturelles et nécessaires à toute vie en société. Et nous voyons qu'elle
comporte des dérives aussi ridicules que dramatiques. « Tout ce qui est
excessif est dérisoire » ...
Il nous manque la mesure par laquelle passe l'intelligence des choses. Le
sens de l'équilibre nécessaire au développement de l'humanité qui se
fait dans la diversité et les différences, dans le rejet de l'exclusion,
de toute haine, qui ne passe pas par un droit instaurant l'amour
obligatoire mais par la réforme de chacun qui permet d'aimer réellement
l'autre dans ce qu'il a de propre et de différent.
Soyons clairs : puis-je aimer, d'un amour vrai, quelqu'un qui n'a pas ma
couleur de peau en ne prenant pas en considération notre différence ?
Suis-je dans l'impossibilité d'aimer un ami homosexuel parce que
l'homosexualité est contraire à mes convictions? Ce n'est pas en gommant
les différences, en niant les évidences, que nous résoudrons nos
problèmes sociaux et politiques ! Car, on en est au point qu'à force
d'interdire de discriminer ou de distinguer on finira par décréter «
l'amour obligatoire de tous par tous ». L'amour obligatoire ça ne marche
pas !
C'est au nom de la spontanéité, de la gratuité et de la transcendance de
l'amour, que Saint-Paul a pu écrire « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il
n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car
tous vous êtes un en Jésus Christ. » (Galates 3:28; Colossiens 3:11). A
ce niveau il n'y a plus de Madame ni de Mademoiselle...
[1] http://libertepolitique.com/L-information/Liberte-politiq...
[2]http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/fra...
[3]http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/02/21/01016-...
[4] http://www.enquete-debat.fr/archives/finkielkraut-il-exis...
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