dimanche 5 février 2017

BLUFFANT...

Parmi les défis lancés à notre époque celui de l’intelligence artificielle n’est pas le moindre. L’actualité nous le démontre chaque jour. Ses progrès sont fulgurants, exponentiels ! Bluffant !

L’ordinateur avait déjà vaincu le champion du monde d’échecs, puis récemment le meilleur joueur de go au monde ; voilà qu’il vient d’écraser les meilleurs joueurs de poker au monde !

Récit :
Le plus étonnant, selon Noam Brown, le créateur de Libratus, est que contrairement aux intelligences artificielles programmées pour gagner aux échecs, Libratus n’a jamais appris “comment” jouer au Poker. “Nous lui avons donné les règles de base”, et nous lui avons dit “apprends par toi-même”. Durant les pauses du tournoi, alors que les humains dînaient, dormaient ou analysaient les différentes mains de la partie, Brown connectait l’ordinateur au superordinateur de Pittsburg et affinait sa stratégie en rejouant des milliards de possibilités.
Libratus a joué de façon agressive, et n’a pas hésité à faire grimper les paris pour des gains minimes. “Ce n’est pas quelque chose que ferait un humain, en temps normal”.
“Quand j’ai vu l’IA se lancer dans le bluff en face d’humains, je me suis dit “mais, je ne lui ai jamais appris à faire cela !” C’est une satisfaction pour moi de me dire que j’ai réussi à créer quelque chose capable de cela”, a commenté Noam Brown.
Avec cette capacité à traiter l’« imperfection » comme une donnée d’équation, les intelligences artificielles ne jouent plus dans la même cour. On peut sans crainte avancer qu’il sera possible, à l’avenir, d’avoir des robots capables de rivaliser avec les humains sur des enjeux impliquant la décision humaine. Ils pourraient prendre de meilleures décisions dans les transactions financières, ou dresser de meilleures stratégies militaires.

Faut-il en conclure que le pari de la singularité est gagné ? En clair, l’intelligence artificielle va-t-elle, à court terme, être capable de dépasser l’intelligence humaine ?

La question est de savoir ce que l’on entend par dépassement. S’il s’agit de rivaliser en termes de capacité mémorielle et d’enregistrement de données c’est une évidence. S’il s’agit encore d’imaginer que la programmation puisse permettre à l’ordinateur, en fonction des données qui lui auront été fournies d’être supérieur à l’homme, sans doute encore. S’il s’agit par contre de savoir si l’ordinateur sera capable d’autonomie, de conscience, de s’affranchir de la tutelle de l’homme, il ne semble pas que le pari soit gagnable à court terme. C’est en tous les cas ce que nombre de scientifiques semblent penser.



Reste que d’ores et déjà, à ce stade, les progrès sont liés à une capacité prodigieuse que l’homme a donnée à l’ordinateur de reproduire le fonctionnement des neurones humains, certes de manière rudimentaire mais à une échelle surhumaine. L’ordinateur est ainsi susceptible grâce à son intelligence artificielle, de concurrencer l’homme dans beaucoup de domaines et/ou de lui apporter un précieux concours voir dans certains cas le réconfort dans bien des domaines.


Mais, et c’est là que le piège peut se refermer sur nous, on voit bien que d’autres progrès ont fait surface. Je veux parler des robots transformés en animaux de compagnie, en compagnons de jeu, en partenaires de personnes handicapées ou isolées ou encore ... de robots sexuels. 

Que deviendra l’homme s’il s’enferme dans un monde cloisonné, fermé à la dimension de ce qui fait le propre de l’humain, que l’ordinateur ne peut pas combler, remplacer ou dépasser ? S'il se prive de sa sensibilité au monde extérieur, de son ouverture à celui-ci, de son aptitude à le percevoir, à l’appréhender, donc à le maîtriser voir le dominer, en clair de sa capacité et de son aptitude à vivre dans un monde ouvert, social, de relation vraie ? 

À cet égard le risque est à court terme. Il ne sera pas utile d’atteindre la singularité pour que le piège se referme sur nous… Or d'aucuns sont en passe de préférer l'apparente sécurité froide et impersonnelle du robot à l'insécurité de la relation humaine, personnelle. 

Il en est par exemple ainsi de ceux qui commencent à se dire, dans un autre domaine, qu'il vaudrait mieux que les décisions de justice soient rendues par des ordinateurs capables d'intégrer tous les textes de loi et toutes les jurisprudences pour y adapter les cas à trancher, plutôt que de se soumettre à l'aléa d'une appréciation trop humaine.... Un ordinateur expérimental à la Cour européenne des droits de l'homme rendrait des décisions conformes à celles effectivement prononcées par la Cour dans près de 70 % des cas qui lui ont été soumis !


L'enjeu est clairement dans notre capacité à résister à la tentation de la facilité et de l'apparente sécurité doublée de notre aptitude à exercer notre domination sur cet outil afin de ne pas déshumaniser notre mode de vie.

À suivre…....

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