dimanche 22 avril 2018

SI NOUS METTIONS DE L'ORDRE DANS NOS IDEES?


Je crois que nous avons besoin de mettre de l’ordre dans nos idées… Toutes ne sont pas nécessairement bonnes à utiliser...




Deux faits d’actualité ont attiré mon attention. La question du droit des enfants de migrants en situation irrégulière sur notre territoire et celle des enfants issus d’une PMA pratiquée à l’étranger. Les problématiques sont identiques.

Comment peut-on refuser des droits à ces enfants innocents, qui ne sont pas responsables de la situation irrégulière et illégale dans laquelle ils se trouvent plongés? Confrontation d’un humanisme sentimental et compassionnel avec les contraintes légales et réglementaires d’un état de droit positif. Opposition entre des droits subjectifs créés ex nihilo et un droit objectif.

Il est humainement compréhensible d’être sensible à la situation d’un enfant issu d’une procréation médicalement assistée à qui ne sont pas reconnus les mêmes droits que les autres enfants sur le territoire national français. Il en est de même pour les enfants de migrants en situation irrégulière. Où est la vérité ?

Cette question pose celle du rôle structurant du droit. Le droit justifie-t-il que l’on nie certains droits aux enfants issus d’une PMA illégale ou à des enfants illégalement arrivés sur le territoire national ? Est-ce juste ?

La justice doit-elle être uniquement appréciée par rapport à leur intérêt personnel, d’un point de vue individualiste et subjectif ? Est-il juste que dans une société organisée des droits soient contestés à des personnes du fait de l’illégalité de leur naissance ou de leur provenance ?

Notre système juridique a explosé, sous les coups de boutoir de la revendication de droits de l’homme purement subjectifs, conçus d’un point de vue exclusivement individuel, sans prendre en considération les exigences de la vie en société, du bien commun ; en privant ces droits subjectifs de leur nécessaire origine dans le droit objectif. Il est devenu illégitime de refuser ces droits au nom du bien commun. L’appréciation communément répandue, subjective et individualiste, l’esprit du temps, proclament l’illégitimité de la position de ceux qui, disqualifiés sur le plan moral – car ils refusent de prendre en considération les droits fondamentaux de ces innocents - sont présentés comme les tenants de l’ordre ancien, d’avant les Lumières.

Ceci nous renvoie à la question du bien commun. Il est communément considéré comme étant la somme des intérêts particuliers. On le confond avec l’intérêt général. D’où l’erreur commise, souvent de bonne foi.

Chaque homme est un être ouvert à sa relation avec les autres. Il ne peut pas être conçu sans cette relation. Il nait, il prend forme, il se développe, il fonde une famille, il travaille, il vit au sein d’une société qui constitue une entité. Une entité propre. Sans cette communauté de destin, il ne serait rien. Le bien commun ne peut être réduit à la seule somme d’intérêts individuels. Il constitue un tout. Ce tout a ses propres exigences afin que chacun de ses membres puisse vivre en tant qu’être social. Le droit individuel, subjectif, n’existe pas sans le tout ; il ne peut se concevoir « ex nihilo ».

Le bien commun ne peut se comprendre ni se concevoir sans avoir à l’esprit les principes de subsidiarité et de totalité. Ils permettent dans chaque situation particulière de définir l’imbrication et la complémentarité, comme les hiérarchies et les dépendances entre les droits individuels et ceux de la collectivité ; et non pas la limite entre les droits individuels entre eux (ma liberté s’arrête là où commence celle des autres…), ce qui constitue notre erreur moderne.

Il peut dès lors être juste de ne pas reconnaître certains droits dans des situations individuelles ou particulières parce que précisément elles consistent à consacrer, à légitimer des cas individuels objectivement contraires à l’intérêt commun.  Il peut ainsi ne pas être conforme au bien commun de reconnaître le droit d’enfants qui sont nés d’une PMA, qui est attentatoire aux droits les plus fondamentaux de l’enfant, et en premier à celui d’avoir un père. Car il en va de la stabilité même de la société dont ils veulent justement faire partie.

Cela n’exclue pas, là encore sur un plan personnel, que soient soutenues ou encouragées des initiatives individuelles de nature à panser les plaies provoquées par de telles situations. Mais cela ne peut conduire à reconnaître la légalité de leur situation. Il y a là des ordres distincts d’action, se situant sur des plans différents, dont il peut résulter des confusions ou des amalgames. L’interprétation des positions de l’Eglise sur les migrants et leurs droits, comme leur propre formulation…, illustre cette difficulté.

Il ne faut pas non plus se tromper sur la responsabilité de ces malheurs ; elle n’est jamais celle de la société, mais celle de personnes qui ont volontairement violé l’ordre établi.

Il en est de même pour ce qui est des enfants issus d’une immigration irrégulière, installés sur notre territoire où ils ont reçu une instruction dans nos écoles, à qui il ne peut ensuite être justifié de reconnaître les mêmes droits qu’aux enfants de la république.

Ces questions sont difficiles. Qui oserait prétendre le contraire ? Pour autant, leur traitement, leur gestion, leur appréhension sociale, politique, juridique, pastorale ne peut se concevoir sans que nous mettions de l’ordre dans nos idées. Une fois encore, nous payons les dividendes de beaucoup de confusions propres à cette période historique dont nous vivons la crise d’identité. Nous avons ouvert la boîte de pandore de la philosophie et de la politique en les livrant à toutes les interprétations, toutes les imaginations, toutes les élucubrations, sans esprit d’humilité et sans une volonté tournée vers la recherche de ce qui est vrai et bon.

Pour finir avec un troisième point d’actualité, nous venons de vivre une manifestation supplémentaire de cette difficulté à propos de la question du port du voile. Alors que notre Président de la République venait en réponse à l’ineffable Jean-Jacques Bourdin d’apporter une réponse construite, intelligente et prudente, respectueuse de notre identité culturelle, voilà que l’un de ses bras droits, le non moins ineffable M. Castaner, vient « en même temps » (le lendemain matin) de poser un explosif dans ce fragile édifice avec l’affirmation que nos mères portaient elles aussi le voile il y a quelques dizaines d’années et que cela ne choquait personne !

Oui, il est temps de mettre de l’ordre dans les idées…



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