dimanche 29 septembre 2019

P.OUR UNE ECOLOGIE DE LA DEPENDANCE


L’être qui m’est le plus cher me reproche de ne pas accorder assez d’importance aux problèmes environnementaux. Il est vrai que j’ai tendance à souligner que tout ce qui affecte l’homme dans son équilibre individuel, dans son identité, dans sa recherche du bonheur et de la vie éternelle est plus essentiel que ce qui touche à notre environnement physique et naturel. Aussi ce soir, ai-je décidé de me remettre en question.
 


Comment en effet ne pas admettre que le péril écologique est réel? Chaque jour nous apporte son lot de catastrophes... Le Président Chirac, dont je reparlerai quand le temps du deuil sera passé, est à juste titre resté célèbre  pour son « notre maison brûle » … Il n'avait pas attendu Greta Thunberg et ceux qui l'instrumentalisent...Par fatalisme, en « bon chrétien » que j’essaie d’être je pourrai me contenter de dire avec certains que c'est le début de la fin du monde. Ce serait une erreur. Nous sommes acteurs et pas spectateurs de notre destin….


Sans la nature nous ne pouvons pas vivre et donc chercher à atteindre la béatitude ou le bonheur qui n’ont rien de naturel et répondent à des critères politiques mais surtout culturels et religieux. Tout est lié. Vraiment lié. La problématique écologique révèle une carence profonde de l'homme et de nos sociétés au plus intime d'eux-mêmes. Un lecteur fidèle de mes billets commentait celui de la semaine dernière en évoquant Igor Chafarevitch que j’ai déjà cité à plusieurs reprises. Il faisait référence au nœud de la réflexion de cet auteur majeur dans l’analyse des drames du XXe siècle, à savoir l’instinct de mort et plus précisément l’instinct collectif suicidaire qui préside au phénomène socialiste, le titre de son livre capital. Phénomène qui nous définit car nous vivons dans un système matérialiste dont le socialisme est l’aboutissement comme l’accoucheur… Rien de plus adapté à notre sujet de ce soir car il faut bien admettre que l’environnement est un exemple significatif de cet instinct collectif suicidaire, tant il est vrai que nous détruisons l'environnement dont nous avons besoin pour vivre. Tout est lié...


Alors? Bien sûr qu’il faut sauver la planète – elle nous a été confiée en dépôt et nous aurons des comptes à rendre ! – mais nous ne la sauverons pas si nous sommes incapables de nous affranchir de nos travers sur les plans individuels comme collectifs et sociétaux. Car nous traitons la planète comme l’humain que nous avons commencé à manipuler et à instrumentaliser au service de nos besoins à courte vue, de nos passions et de nos désirs. Nous la traitons aussi comme le lien social dont l’homme a vitalement besoin et qu’il met au service de sa course éperdue vers un bonheur conçu à courte vue, ce dont la PMA et la GPA sont les plus récentes illustrations…. De fait, la nature est à notre disposition; tellement à notre disposition que nous en faisons n'importe quoi et surtout que nous faisons n'importe quoi avec elle... Aussi se rebelle-t-elle lorsque nous ne respectons plus ses équilibres et ses lois… Les destins de l’homme, animal social et de la nature sont vraiment interdépendants. 


Et d’ailleurs ne nous y trompons pas si nous nous alarmons du péril environnemental c’est parce que nous avons peur pour nous-mêmes, pour notre vie et celle de nos enfants. Tout cela est très égoïste…. Ayons l’honnêteté de le reconnaître… Nous ne nous en sommes émus qu’à partir du moment où notre avenir a été menacé. Nous avons peur ! Le suicidé n’a-t-il d’ailleurs pas peur en parcourant le chemin qui le conduit au passage à l’acte ? Or nous ne pourrons relever le défi que nous nous sommes lancés à nous-mêmes qu'en renversant notre approche. Il ne faut pas aimer la nature pour nous mais pour elle-même, pour ce qu'elle est!


Nous ne sauverons pas l’environnement si nous ne remettons pas au cœur de la nature un homme plein, droit, tourné vers son créateur. Nous ne résoudrons ce problème crucial que si nous redevenons capables d’aimer la terre pour ce qu’elle est, indépendamment et en dehors de nous, comme une création divine. Si l’homme en est le centre c’est parce qu’il est doté de cet esprit qui lui permet de tout dominer et de la transformer au risque de la détruire ; mais il n’en est qu’un élément, un acteur. Il doit aimer la nature pour elle-même comme Saint François d’Assise, à genoux, et non pas en restant imbus de son pouvoir et de la vaniteuse certitude qu’il en serait le maître …


Le combat écologique est un ersatz de politique; il laisse l’essentiel de côté. Il est resté tributaire de notre conception utilitariste de la politique, d’une politique prise dans l’engrenage du phénomène analysé par Igor Chafarevitch d’une politique suicidaire. L’humain y est une variable d’ajustement de son propre épanouissement. Pire la nature est tributaire de notre instinct de mort dont le seul remède est une forme de prière et de dévotion, un hymne à la vie en ce qu’elle dépasse et transcende l’humain ainsi que son rapport à la nature. 


Il convient de tout remettre dans la perspective de ce qui donne du sens. Quel est le sens de la nature ? A quoi sert-elle ? Si je l’aime en ayant seulement peur qu’elle disparaisse je n’ai pas une attitude bonne et adaptée. Je reste homo centré…. La nature n’a de sens que dans l’acte d’amour de celui qui l’a créée !  C’est en se plaçant dans cette perspective que l’on perçoit combien l’athéisme et l’agnosticisme modernes qui résultent du refus de se poser la question métaphysique de l’explication de l’univers nous interdisent de résoudre les problèmes que posent cette même modernité…. L’homme moderne a installé son pouvoir sur l’univers en refusant qu’il fut créé, et qu’il fut créé par amour; ce qui par-delà tous les délires philosophiques de l’homme depuis qu’il est homme est la seule explication cohérente, vraisemblable autant que réconfortante.  Explication « dépendante » qui n’est pas malheureusement pas compatible avec la suffisance moderniste et constructiviste… Paradoxe du suicide ?


Une illustration pour finir. L’oiseau sur se branche ne sera pas préservé si je me contente de le vouloir dans mon environnement ; il ne le sera que si comme moi je le considère comme une créature de Dieu, dans le plan de Dieu et selon les lois de la nature telles qu’elles existent indépendamment de ma volonté… Car l’homme n’a pas créé l’oiseau, il a été créé comme lui….


C’est bien l’humilité qui nous manque le plus... Nous devons changer notre rapport à la nature. Telle est la seule voie pour une écologie véritable ! Une écologie de la dépendance. Semper idem…

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