L’être qui m’est
le plus cher me reproche de ne pas accorder assez d’importance aux
problèmes environnementaux. Il est vrai que j’ai tendance à souligner que tout
ce qui affecte l’homme dans son équilibre individuel, dans son identité, dans
sa recherche du bonheur et de la vie éternelle est plus essentiel que ce qui
touche à notre environnement physique et naturel. Aussi ce soir, ai-je décidé de me remettre en question.
Comment en effet ne pas admettre que le péril écologique est réel? Chaque jour nous apporte son lot de catastrophes... Le
Président Chirac, dont je reparlerai quand le temps du deuil sera passé, est
à juste titre resté célèbre pour son « notre maison brûle » … Il n'avait pas attendu Greta Thunberg et ceux qui l'instrumentalisent...Par
fatalisme, en « bon chrétien » que j’essaie d’être je pourrai me
contenter de dire avec certains que c'est le début de la fin du monde. Ce serait une erreur. Nous sommes acteurs
et pas spectateurs de notre destin….
Sans la
nature nous ne
pouvons pas vivre et donc chercher à atteindre la béatitude ou le bonheur qui n’ont rien
de naturel et répondent à des critères politiques mais surtout culturels et
religieux. Tout est lié. Vraiment lié. La problématique écologique révèle une carence profonde de l'homme et de nos sociétés au plus intime d'eux-mêmes. Un lecteur
fidèle de mes billets commentait celui de la semaine dernière en évoquant Igor
Chafarevitch que j’ai déjà cité à plusieurs reprises. Il faisait référence au
nœud de la réflexion de cet auteur majeur dans l’analyse des drames du XXe siècle,
à savoir l’instinct de mort et plus précisément l’instinct collectif suicidaire
qui préside au phénomène socialiste, le titre de son livre capital. Phénomène qui nous définit car nous vivons
dans un système matérialiste dont le socialisme est l’aboutissement comme l’accoucheur… Rien de plus adapté à notre sujet de ce soir car il faut bien admettre que l’environnement
est un exemple significatif de cet instinct collectif suicidaire, tant il est vrai que nous détruisons l'environnement dont nous avons besoin pour vivre. Tout est lié...
Alors? Bien sûr qu’il
faut sauver la planète – elle nous a été confiée en dépôt et nous aurons des
comptes à rendre ! – mais nous ne la sauverons pas si nous sommes incapables de nous affranchir de nos travers sur les plans individuels
comme collectifs et sociétaux. Car nous
traitons la planète comme l’humain que nous avons commencé à manipuler et à
instrumentaliser au service de nos besoins à courte vue, de nos passions et de
nos désirs. Nous la traitons aussi comme le lien social dont l’homme a
vitalement besoin et qu’il met au service de sa course éperdue vers un bonheur
conçu à courte vue, ce dont la PMA et la GPA sont les plus récentes illustrations…. De fait, la nature est à notre disposition; tellement à notre disposition que nous en faisons n'importe quoi et surtout que nous faisons n'importe quoi avec elle... Aussi
se rebelle-t-elle lorsque nous ne respectons plus ses équilibres et ses lois… Les
destins de l’homme, animal social et de la nature sont vraiment interdépendants.
Et d’ailleurs
ne nous y trompons pas si nous nous alarmons du péril environnemental c’est parce que nous avons peur
pour nous-mêmes, pour notre vie et celle de nos enfants. Tout cela est très égoïste…. Ayons l’honnêteté
de le reconnaître… Nous ne nous en sommes émus qu’à partir du moment où notre
avenir a été menacé. Nous avons peur ! Le suicidé n’a-t-il d’ailleurs pas
peur en parcourant le chemin qui le conduit au passage à l’acte ? Or nous ne pourrons relever le défi que nous nous sommes lancés à nous-mêmes qu'en renversant notre approche. Il ne faut pas aimer la nature pour nous mais pour elle-même, pour ce qu'elle est!
Nous ne
sauverons pas l’environnement si nous ne remettons pas au cœur de la nature un
homme plein, droit, tourné vers son créateur. Nous ne résoudrons ce problème
crucial que si nous redevenons capables d’aimer la terre pour ce qu’elle est, indépendamment
et en dehors de nous, comme une création divine. Si l’homme en est le centre c’est
parce qu’il est doté de cet esprit qui lui permet de tout dominer et de la
transformer au risque de la détruire ; mais il n’en est qu’un élément, un
acteur. Il doit aimer la nature pour elle-même comme Saint François d’Assise, à
genoux, et non pas en restant imbus de son pouvoir et de la vaniteuse certitude
qu’il en serait le maître …
Le combat
écologique est un ersatz de politique; il laisse l’essentiel de côté. Il est resté tributaire
de notre conception utilitariste de la politique, d’une politique prise dans l’engrenage
du phénomène analysé par Igor Chafarevitch d’une politique suicidaire. L’humain
y est une variable d’ajustement de son propre épanouissement. Pire la nature est
tributaire de notre instinct de mort dont le seul remède est une forme de prière et
de dévotion, un hymne à la vie en ce qu’elle dépasse et transcende l’humain ainsi
que son rapport à la nature.
Il convient
de tout remettre dans la perspective de ce qui donne du sens.
Quel est le sens de la nature ? A quoi sert-elle ? Si je l’aime en
ayant seulement peur qu’elle disparaisse je n’ai pas une attitude bonne et
adaptée. Je reste homo centré…. La nature n’a de sens que dans l’acte d’amour
de celui qui l’a créée ! C’est en
se plaçant dans cette perspective que l’on perçoit combien l’athéisme et l’agnosticisme
modernes qui résultent du refus de se poser la question métaphysique de l’explication
de l’univers nous interdisent de résoudre les problèmes que posent cette même
modernité…. L’homme moderne a installé son pouvoir sur l’univers en refusant qu’il
fut créé, et qu’il fut créé par amour; ce qui par-delà tous les délires
philosophiques de l’homme depuis qu’il est homme est la seule explication
cohérente, vraisemblable autant que réconfortante. Explication « dépendante » qui n’est
pas malheureusement pas compatible avec la suffisance moderniste et
constructiviste… Paradoxe du suicide ?
Une
illustration pour finir. L’oiseau sur se branche ne sera pas préservé si je me
contente de le vouloir dans mon environnement ; il ne le sera que si comme
moi je le considère comme une créature de Dieu, dans le plan de Dieu et selon
les lois de la nature telles qu’elles existent indépendamment de ma volonté…
Car l’homme n’a pas créé l’oiseau, il a été créé comme lui….
C’est bien l’humilité
qui nous manque le plus... Nous devons changer notre rapport à la nature. Telle
est la seule voie pour une écologie véritable ! Une écologie de la dépendance. Semper idem…
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