dimanche 24 novembre 2019

LES VIOLENCES CONJUGALES: NOS INCOHERENCES ET NOS EXTREMISMES


Metoo, l'appel à l'union des sorcières de tous les pays, le grenelle des violences conjugales, le récent interpellation de Muriel Robin au Président de la République sont à l’ordre du jour.


Je vous suggère une double réflexion d’un point de vue sociologique puis juridique.

Sociologique tout d’abord.

Ces mouvements et événements sont l’expression et le résultat d’une revendication historique. Ils nous interpellent, tant les causes en sont légitimes. Cependant ils dépassent les seules préoccupations des femmes à l'égard des violences conjugales. Ce n’est pas un hasard si ces mouvements se développent au moment où la question de l’égalité « homme-femme » prend une tournure nouvelle sur fond d’idéologie du genre.

Nul ne peut contester la réalité des violences conjugales et plus généralement sexuelles. Nous nous devons tous de les condamner; ce qui n’empêche pas de réfléchir « au pourquoi du comment » …
Le cocktail des violences conjugales aussi explosif que vieux comme l’humanité est fait d’amour, de sexe et de violence dont il faut bien admettre qu’ils ont toujours fait ménage, bon ou mauvais, avec des hauts et des bas…

La toile de fond des mouvements actuels est le procès de la virilité et d’un soi-disant patriarcat. Les revendications sont reprises et poussées par un mouvement féministe extrême. Notre inénarrable Marlène Schiappa vient encore de dénoncer le sexisme français dans une revue étrangère... Ces combats font suite à ceux engagés pour la libération de la femme. Ils en sont le prolongement. Ils en sont aussi la conséquence, sans que ce lien soit signe d’une responsabilité féminine dans les violences qu'elles subissent. On ne peut pas considérer que les femmes auraient bien cherché ce qui leur arrive. 

Par contre il est nécessaire de faire la distinction dans ces actes de violences entre ce qui relève d’une virilité dévoyée et ce qui trouve sa cause dans l’évolution générale de nos pratiques amoureuses.

La polémique récente lors du l’explosion « Metoo » suscitée par la tribune des cent femmes dénonçant "balancetonporc" derrière Catherine DENEUVE aurait dû nous faire réfléchir. Certes avaient-elles raison d’un certain point de vue tant elles soulignaient une vérité de toujours de notre modèle amoureux, mais d’un autre côté elles revendiquaient une liberté qui avait déstructuré ce même modèle amoureux. Paradoxales, au risque de sembler provocateur elles me sont apparues comme des sortes de pompiers-pyromanes !...

Car la femme libérée, à commencer sur le plan sexuel, a provoqué une vraie libération de l’homme affranchi du risque de la procréation et une explosion de la recherche hédonique du plaisir sexuel comme substitut au bonheur considéré comme devenu inaccessible. Il s’en est suivi une dénaturation de l’image de la femme devenue ipso facto un objet sexuel ; un jour viendra avec la genrisation où il en sera de même pour l’homme… La femme objet sexuel est aussi au cœur d’une pornographie qui bouleverse les pratiques amoureuses et les imbibe encore plus de violence; les études en ce sens sont aussi nombreuses que concordantes.

La libération du sexe entraîne celle de la violence, par un effet domino évident. A ce stade il n’est pas question d’exonérer celui qui devient violent de sa responsabilité pleine et entière… Mais le sexe est naturellement le siège d’un rapport de force dont la violence n’est pas la moindre des manifestations.
Voilà pourquoi je parle de pompiers pyromanes du sexe…

Il faut aller encore plus loin. Dans une conférence donnée vendredi soir à Saint-Raphaël dont je n’ai pas adhéré à tout le contenu, loin s’en faut…, Luc FERRY rappelait que notre époque est marquée par le mariage d’amour– ou l’union libre - directement lié à la libération de la femme elle-même consécutive au développement du modèle capitaliste. Et il démontra que ces unions étaient de ce fait fondées sur du sable tant l'amour humain est fragile. Qui dit sable, dit instabilité et séparations ; et l’on sait que la majorité des séparations sont demandées par les femmes – ce qui ne signifie pas qu’elles en soient les seules responsables. Or les violences conjugales sont très souvent perpétrées à l’occasion des séparations…

On ne peut pas aborder cette si difficile et si douloureuse question sans tenir compte de la vérité de ce contexte, dans lequel nous voyons que le mouvement de libération de la femme n’est pas sans avoir un rôle moteur. Ce qui ne veut pas dire encore une fois qu’elles soient de ce fait responsables de ce qui leur arrive. Mais les femmes ont voulu et réussi à imposer un modèle amoureux nouveau qui crée un climat exigent et marqué par l’instabilité et la prégnance du sexe et donc de violences exacerbées.

Ce mouvement appelle un autre ordre de remarques sur le plan juridique.


Tout se passe comme si la douleur des victimes disait tout des fautes commises à leur endroit et justifiait une solution judiciaire extrême, voire intégriste pour ne pas dire d’exception.

Nous vivons une époque qui choisit ses horreurs et les extrémise au point que rien ne devrait permettre qu’elles soient impunies. Les délais de prescription doivent être repoussés si ce n’est écartés. Les mesures de police doivent être absolues et sans faille. Les procédures ne devraient pas permettre la mise en œuvre de la présomption d’innocence dont certains n’hésiteront pas à demander qu’elle soit renversée. D’autres, souvent les mêmes, réclament la levée du secret médical… etc…

Nous nous apprêtons à sortir de l’état de droit, et des droits de la défense, au nom d’un combat à ce point idéalisé et extrémisé qu’il justifie toutes les dérogations à des principes pourtant aussi vieux que la vie en société civilisée…
Nous n’avons rien à gagner d’un tel système judiciaire, les victimes les premières. L’horreur justifie que la sanction soit adaptée -je parle de la peine pénale – mais pas que l’on s’affranchisse de principes fondamentaux et de règles de preuve comme de procédure qui doivent continuer de bénéficier à tout accusé ou prévenu. Admettre le contraire reviendrait à céder à la passion et à basculer dans un système de non- droit.

Pour conclure, tout ceci est exprimé et me semble devoir être reçu et réfléchi en gardant à l’esprit :

  • Qu’on ne peut pas frapper les femmes même avec une rose et qu’elles auront toujours l’éminente et fondamentale dignité d’être mères.
  • Que « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » (Bossuet).













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